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Bordeaux : le frisson Urios

  • Les Girondins peuvent être fiers de leurs parcours en élite, ils sont deuxièmes avec 47 points au compteur.  Photo M. O. - Patrick Derewiany
    Les Girondins peuvent être fiers de leurs parcours en élite, ils sont deuxièmes avec 47 points au compteur. Photo M. O. - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Bordeaux-Bègles n’a jamais été aussi bien classé à cette période de la saison. Samedi, l’UBB reçoit Lyon pour un duel au sommet entre le premier et le deuxième du Top 14, dans un stade Chaban-Delmas à guichets fermés… Jusqu’à maintenant les Girondins vivent une saison magnifique due en grande partie à l’apport de Christophe Urios. Le manager venu de Castres s’est tout de suite adapté à son nouvel environnement à un effectif qu’il n’a pourtant pas construit. Des promesses pour l’avenir…

Samedi en début d’après-midi, l’UBB jouera un match au sommet face à Lyon devant 33 000 personnes. C’est un jalon, mine de rien, dans l’histoire du club. Jamais depuis son retour dans l’élite il n’avait été aussi bien placé à cette époque de la saison. Jamais il n’avait disputé une rencontre de saison régulière aussi prestigieuse. Un duel entre le premier et le deuxième qui, depuis quelques semaines, s’échangent le maillot jaune. C’est vrai, la saison 2019-2020 fait figure de rêve éveillé. Sur vingt rencontres officielles, Bordeaux-Bègles en a gagné quinze, perdu trois et réussi deux matchs nuls à l’extérieur. Ce parcours digne d’un candidat au titre marque la rencontre d’une équipe et d’un homme, Christophe Urios, recruté en novembre 2018, arrivé à l’UBB en juin 2019.

Rarement, on aura vu un entraîneur réussir à ce point son entrée en scène girondine. Urios incarne désormais l’UBB, soulageant son président, Laurent Marti, d’une part de la pression médiatique. Marti n’est plus seul, en tête de gondole. Urios concentre les attentions et porte désormais l’espoir populaire. Il n’y a qu’à voir la façon dont "CU" a été accueilli lors du dernier entraînement décentralisé du club, à Libourne : un vrai triomphe d’empereur romain. Et les réunions régulières qu’il mène avec les supporters au stade André-Moga font aussi salle comble.

Mardi, Christophe Urios nous a donné une explication sur cette alchimie, la rencontre de deux esprits revanchards, celui du groupe et celui de l’entraîneur : "J’ai un groupe fantastique, avec des mecs fantastiques qui ont envie de réussir et qui en ont plein le dos de passer pour des imbéciles ; Et moi, je suis un peu pareil car je sors quand même d’une déception à Castres… Je suis passé moi aussi pour un imbécile." Oui, les supporters ne s’en rendent pas forcément compte, mais l’UBB de cette saison bénéficie de la fin de saison ahurissante du CO 2019, qui manqua une qualification inratable en perdant ses trois derniers matchs à domicile.

À travers cette expérience Christophe Urios veut aussi se prouver qu’il n’est pas un homme du passé et qu’il ne restera pas sur un échec humiliant. Ce parcours est aussi celui d’une méthode différente de management. Un peu plus psychologique et charismatique, un tout petit peu moins "scientifique" que ce qu’a connu l’UBB dans un passé récent. Christophe Urios ne cesse de répéter l’une de ses phrases préférées : "Le jeu appartient aux hommes, et pas aux systèmes."

Le manager ne s’en cache pas, il teste presque en permanence l’orgueil de ses joueurs, "Oui, c’est fondamental", jusqu’à leur susceptibilité aussi : "Surtout leur susceptibilité." La performance n’était pas gagnée d’avance pour lui, car ses hommes il ne les a pas choisis. "La particularité de Christophe Urios à Bordeaux, c’est qu’il a trouvé un effectif déjà constitué à plus de 90 pour cent, rappelle ainsi son président Laurent Marti. Mais il dirige superbement les hommes. Il est attentif aux joueurs, à leur vie. Il ne laisse au rien au hasard."

Moins de statistiques et plus d’humain

Mais le management d’un club c’est bien sûr de l’image et de la communication. Laurent Marti se montre déterminé à l’instant de rappeler que son manager est plus compétent en technique et en tactique pure que ne le laisse paraître l’image qu’il se plaît habituellement à donner. "On n’arrive pas à ce niveau de performance sans connaître le jeu à fond. Mais il sait aussi s’entourer de techniciens qui, dans leur domaine, sont aussi forts que lui ; il le reconnaît lui-même. C’est le propre des grands managers…"

C’est l’éternel mystère. Où s’arrête le charisme et où commence l’apport de compétences rugbystiques proprement dit des grands coachs ? "Une chose est sûre, il a anticipé le fait que les clubs français ne s’entraînaient pas assez bien. Il a compris qu’il fallait programmer des séances à haute intensité, comme les Anglo-Saxons l’ont fait avant nous", poursuit Marti. Urios aime diffuser l’idée que certaines de ses séances sont aussi dures que les matchs à venir. "Les méthodes d’entraînement moderne." poursuit le président qui précise aussi : "On pourrait croire, vu de l’extérieur que c’est un gars qui gueule beaucoup. En fait, il ne gueule pas tant que ça. Mais toujours à bon escient. Son autorité est naturelle. J’ai remarqué qu’il n’exigeait pas de choses trop impossibles des joueurs, il sait aussi laisser aux hommes des plages de rigolades. Il n’est pas dans le dur en permanence." Si l’on devait marquer la rupture entre l’ère Urios et celle de ses prédécesseurs immédiats, on pourrait la résumer dans ce dernier propos présidentiel : " L’année dernière, j’ai connu, ici à l’UBB, une utilisation des datas à outrance. Christophe s’en sert évidemment, mais ce n’est pas ça qui conduit son entraînement." L’UBB a donc quitté la froideur des chiffres, c’est sans doute un progrès.

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Les commentaires (1)
STaddict Il y a 4 années Le 14/02/2020 à 18:05

Pour sa dernière joute en Top 14 l’UBB a affronté Toulouse et s’y est cassé les dents et URIOS, à voir les signes non verbaux de son comportement, aussi ! Un match qu’il avait intensément préparé psychologiquement Et pas seulement ! Et je ne suis pas sûr que cela n’ait pas entamé la confiance des joueurs... Des joueurs vis à vis de leur potentiel et des joueurs vis à vis d’Urios ! Je vois le LOU faire un gros coup !