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Mola : « Dupont ? Un des patrons du XV de France »

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    Mola : « Dupont ? Un des patrons du XV de France » Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Ugo Mola qui a le demi de mêlée sous ses ordres depuis l’été 2017, se réjouit de voir Dupont évoluer avec spontanéité et naturel. Ce qui n’a pas toujours été le cas en sélection.

Vous le côtoyez au quotidien, mais êtes-vous encore surpris par les performances d’Antoine Dupont ?

Je vais rester mesuré sur son cas, au vu de son potentiel, et dans le sens où Antoine est un joueur différent, comme on l’a tous déjà dit. Je vous rappelle pourtant que, lorsque nous sommes allés le chercher à Castres, certains pensaient, même dans le staff de l’époque, qu’ils ne franchiraient pas ce cap et qu’il aurait du mal à jouer à très haut niveau. Cela n’a jamais été mon avis le concernant. Mais être aujourd’hui dithyrambique sur "Toto" (le surnom de Dupont), c’est facile. En revanche, je veux retenir une chose : c’est la manière dont Antoine est en train d’atteindre un échelon supérieur dans l’aspect stratégique, même si son jeu au pied aurait pu lui jouer des tours contre l’Angleterre. Honnêtement, il pèse de plus en plus d’un point de vue tactique, dans sa capacité à gérer les matchs. Je pense également à ses interventions défensives de haute volée quand je dis ça.

Sa prestation défensive de Cardiff a d’ailleurs impressionné, notamment quand il a retourné des avants gallois autour des rucks…

Oui, mais pour le coup, ça, c’est Antoine Dupont ! On lui connaît cette appétence. Mais je suis surtout impressionné par la pression défensive qu’il est capable de mettre de manière permanente. Il peut harceler les attaques adverses et c’est extrêmement précieux. Il sera intéressant, notamment pour moi, de voir à quel point il va réussir à le reproduire sur la durée.

Mesurez-vous son influence sur le groupe ?

Je lui sens de plus en plus une aura dans le groupe, ou plutôt dans les groupes avec lesquels il évolue. Chez nous, ce fut très vrai l’an dernier quand il a commencé à revenir à son meilleur niveau (après sa grave blessure au genou), puis sur la fin du Tournoi des 6 Nations. Je vois que, là encore, il a pris une nouvelle dimension auprès des avants de l’équipe de France, et même avec le XV de France en général.

Vous l’aviez d’ailleurs nommé parmi les vice-capitaines en club la saison dernière. Comment son leadership se traduit-il ?

Ce n’est pas un leadership que je qualifierais de mots ou même de travail particulier effectué en amont. Cela se traduit davantage chez lui par une énorme présence. Puis il est surtout naturel parce que c’est un garçon fondamentalement passionné par ce jeu. Je milite beaucoup pour ça chez nous mais Antoine s’impose par ce biais aussi. Il aime réellement le rugby, il connaît les hommes et il s’intéresse vraiment aux autres, donc il continue d’évoluer en permanence grâce à ce facteur. Il n’empêche que, je le répète, Antoine doit encore progresser sur certains secteurs.

Lesquels ?

D’abord dans sa faculté à trier les ballons et à peser. Je l’ai dit, il évolue là-dessus mais je sais qu’il est mesure de le faire bien plus encore. Je crois en fait que c’est d’abord son niveau physique qui lui permettra d’y parvenir. Là, Antoine a par exemple bossé trois semaines avec nous cette saison pour l’instant… Il a passé plus de temps en équipe de France qu’à Toulouse cette année. Ce qui est évident chez lui, c’est que, plus il aura la caisse et donc cette aptitude à répéter les efforts, plus ses choix deviendront pertinents. C’est une balance à trouver. Je pense que nous sommes encore loin d’avoir vu le potentiel total de ce joueur. J’en suis même convaincu.

En équipe de France avec Baptiste Serin, ou à Toulouse avec Sébastien Bezy, il est en concurrence avec des hommes qui n’ont pas le même profil et paraissent plus distributeurs…

Oui, Antoine n’est pas un joueur comme le sont ses concurrents en sélection ou comme peut l’être Sébastien chez nous. Il n’a pas les mêmes caractéristiques et je pense que, si on voulait trop le transformer et le rapprocher de ces profils, il en perdrait sa spontanéité et ses points forts. à mon sens, c’est en développant davantage sa caisse et ses qualités de "pré-action" qu’il sera meilleur dans ses prises de décision.

On voit d’ailleurs ces derniers temps le Dupont spontané de Toulouse, ce qui n’a pas toujours été le cas en équipe de France…

Actuellement, Antoine Dupont fait du Antoine Dupont. Il a peut-être voulu pendant un moment répondre à ce qu’on lui demandait. L’intelligence des membres du staff en place, pour avoir pu échanger avec eux, c’est de s’appuyer sur ses qualités et de le laisser les exprimer. Je suppose que la présence de William Servat, qui le connaît très bien, n’y est sûrement pas étrangère. Puis la capacité d’Antoine à analyser ses propres performances lui permet aujourd’hui de rester authentique. Il doit faire du Dupont ! à mes yeux, c’est aussi simple que ça. Comme je demande en club à Sébastien Bezy de faire du Sébastien Bezy, pas du Antoine Dupont. C’est important.

Il confiait récemment avoir eu l’impression parfois de subir des critiques quand il ne traversait pas le terrain. N’attend-on pas trop de ce genre de talent ?

Ce sera toujours le cas. C’est peut-être injuste, c’est vrai, mais c’est quelque part logique. Antoine Dupont, comme Romain Ntamack, Cheslin Kolbe ou Thomas Ramos au Stade toulousain, est un joueur qui, le jour où il ne te fait pas gagner, est jugé en deçà de ce qu’il peut faire. Malheureusement, c’est son quotidien et il faut qu’il vive avec. Mais Antoine doit aussi être en mesure de réaliser des matchs de très haut niveau et d’une sobriété absolue, à la condition de jouer le rugby qui permet à son équipe de gagner le jour J, tout en conservant son naturel. L’équilibre peut sembler fragile parfois mais le risque pour lui est de tomber dans le piège d’en faire plus pour plaire ou pour répondre à des attentes.

à vous entendre, vous n’avez aucun doute sur la faculté d’Antoine Dupont à devenir un patron du XV de France ?

C’est déjà un des patrons du Stade toulousain, il n’y a aucune raison qu’il ne le soit pas en équipe de France. On va me dire que le niveau international est beaucoup plus élevé que celui du Top 14. Je veux bien l’entendre mais j’ai tendance à croire que, quand tu es un patron dans un club comme le nôtre, tu peux l’être aussi à l’étage supérieur. Propos recueillis par J. F.

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