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Altrad : « Haouas est posé, heureux... »

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    XV de France - Altrad : "Haouas est posé, heureux..." Midi Olympique / Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Le propriétaire du MHR, actuellement en campagne pour les élections municipales dans sa ville, revient sur la transformation entreprise dans son club et le profil particulier des quatre internationaux montpelliérains. Comme souvent, ça secoue !

Avec Arthur Vincent, Paul Willemse, Mohamed Haouas et Anthony Bouthier, le MHR compte quatre titulaires en équipe de France. Les temps changent…

Vous en comptez quatre et moi six, avec Gabriel Ngandebe (dans le groupe élargi, N.D.L.R.) et Vincent Rattez, qui nous rejoindra l’an prochain ! (rires) Dans tous les cas, c’est une immense fierté car nous avons réussi à faire éclore quelques talents : Momo (Haouas) et Arthur (Vincent) sont deux purs produits de notre école de rugby.

Pourquoi ce changement ?

Le règlement des Jiff est de plus en plus drastique. Alors, on s’adapte. D’un côté, nous formons des jeunes Français et de l’autre, nous recrutons des talents géorgiens ou sud-africains âgés de 16 ans et qui deviennent, après trois ans passés au centre de formation du MHR, sélectionnables pour le XV de France. Il y a même un super joueur néerlandais actuellement au club.

Aviez-vous souffert de l’image des "Langueboks" colportée par l’équipe de Jake White ?

Oui, je trouvais ça un peu injuste… à l’époque, nous avions beaucoup de Sud-Africains mais moins d’Australiens ou de Néo-Zélandais que les autres équipes du Top 14. Mais je préfère qu’aux yeux des gens, le MHR soit le deuxième pourvoyeur d’internationaux français (derrière Toulouse) que l’équipe des "Langueboks", c’est évident.

Ceci va-t-il aider à faire du MHR un club enfin aimé ?

Je pense que oui. Les gens vont s’identifier à ces joueurs-là, à ces quatre très beaux champions. Parce que nous n’avons pas envoyé des bras cassés, hein ! Ils sont quasiment indiscutables dans l’équipe de France d’aujourd’hui ! Sans Momo (Haouas), les Bleus seraient moins forts. Willemse est lui devenu indispensable. Vincent, il a fait plus de vingt plaquages contre les Gallois. Quant à Bouthier, c’est une flèche, un type extraordinaire. Je l’observe beaucoup, pendant les matchs : même lorsqu’il n’est pas concerné par l’action, il regarde le ballon. Il est obsédé par la balle, ce mec !

On vous sent heureux...

Oui ! Avant France - Italie, Bernard Laporte avait souhaité que chaque président de club remette les maillots à ses joueurs. J’avais un empêchement familial ce jour-là et n’ai pu me rendre au Stade de France. Mais je leur ai fait parvenir une vidéo, où je disais que j’attendais d’eux beaucoup de courage, de passion et surtout, de sacrifice. J’ai terminé par "Vive l’équipe de France".

Qu’avez-vous pensé, le jour où Xavier Garbajosa vous a annoncé qu’il voulait recruter son futur arrière (Bouthier) à Vannes, en Pro D2 ?

Rendons à César ce qui lui appartient : c’est Vern Cotter qui a été cherché Anthony Bouthier.

Mohamed Haouas, c’est une histoire incroyable…

Oui. Momo sortait d’un quartier difficile, Le Petit Bard, où le taux de chômage flirte avec les 80 % ! En fait, Momo nous a tapé dans l’œil lors d’un match de l’équipe de France Militaires, pour laquelle il était sélectionné. Après son service militaire, on l’a recruté et derrière ça, il a fait une connerie : il a braqué des bureaux de tabac.

Alors ?

Nous nous sommes rendus à la maison d’arrêt pour négocier sa libération avec le directeur de prison et les forces de police. Nous avons trouvé un accord. Avec nous, Mohamed était sympa, tranquille. Mais dès qu’il rentrait chez lui, le soir, il faisait des conneries. Il est alors retourné en prison, nous sommes repartis l’y chercher mais en plaçant autour de lui un cadre plus ferme : Momo a emménagé au centre de formation et devait pointer au commissariat toutes les semaines.

Et ?

Il n’allait pas pointer ! De nouveau, nous sommes revenus à la police pour nous excuser et puis tout s’est calmé. Jusqu’au jour où il a débarqué à l’entraînement avec une blessure à une main : il avait pris un coup de couteau.

Que lui avez-vous dit ?

Je lui ai demandé ce qu’il s’était passé, s’il avait mal… Il m’a répondu : "Je n’ai rien fait, Monsieur Altrad ! J’étais dans un square, une bagarre a éclaté ; je suis intervenu pour séparer les mecs et j’ai pris un coup de couteau." Je ne l’ai pas cru, évidemment. (rires) Mais cet incident fut le dernier. Depuis, il s’est marié, a eu un enfant et signé son premier contrat pro. Aujourd’hui, il est posé, heureux. Il est sorti d’affaire, en quelque sorte. Tant mieux car j’ai beaucoup d’affection pour ce garçon.

à propos de Mohamed Haouas, on a tous à l’esprit cet avant-match de l’hiver 2018 où il s’accroche avec son coéquipier Bismarck Du Plessis. Que s’était-il passé ?

Il est à moitié responsable, sur ce coup-là. En face, il avait aussi un bagarreur. Bismarck lui a donné une baffe et il a répliqué, c’est tout. Quelques minutes plus tard, ils jouaient côte à côte. Après le match, ils se sont même excusés.

Et la métamorphose de Willemse, alors ?

Paul, je l’ai pris à Grenoble en 2015. Là-bas, il s’était battu à l’entraînement avec son partenaire Hendrik Roodt (aujourd’hui à Lyon) et le FCG ne voulait plus de lui. Quand il est arrivé ici, c’était loin d’être un produit fini. Il ne se déplaçait pas, était trop lourd… Jake White et Vern Cotter l’ont beaucoup fait progresser. Derrière ça, il a fait deux très mauvaises saisons et je suis monté au front : je ne le reconnaissais plus et j’ai donc été très dur avec lui. Paul a compris ma colère et entrepris sa métamorphose : il a perdu quinze kilos en quelques mois, avant de prendre une autre dimension.

Arthur Vincent, lui, c’est un peu le gendre idéal…

Oui, c’est ça. Il a une joie de vivre exceptionnelle. Il est toujours bienveillant, souriant. Dans la vie, il est toujours là pour les autres et c’est la raison pour laquelle il est devenu capitaine de l’équipe de France des moins de 20 ans. Arthur ne force pas sa nature. Il est leader parce que les autres l’ont choisi.

Vous avez, avec le nouveau sélectionneur Fabien Galthié, une relation plutôt contrastée. L’avez-vous croisé depuis sa prise de fonctions ?

Non. Fabien, c’est un talent technique avec un rapport à l’autre assez douloureux. à Montpellier, c’était Éric (Béchu) qui compensait les manques de Galthié dans les rapports humains. En équipe de France, j’ai l’impression que Fabien a trouvé en Raphaël Ibanez un équivalent à Éric Béchu : Raphaël est un homme rond, bon, consensuel, qui fait tampon entre les joueurs et le patron technique. Tout ça donne un équilibre à ce staff, un contexte sain à l’ensemble. Dès lors que Fabien est dépourvu de ça, tout peut partir en vrille : dans un bon jour, on ne va rien voir de particulier ; mais s’il est mal luné, ça peut très vite tourner au vinaigre : il va tout voir d’un œil noir, mettre au placard un joueur sans raison particulière…

Vous vous êtes nécessairement croisé depuis sa prise de fonctions…

Écoutez, il est venu à Montpellier pour faire passer des entretiens à des joueurs. Il n’a pas demandé à me voir. Je n’ai pas demandé à le voir. Tout le monde est sauvé. (rires) Pour l’instant, on s’esquive. Mais nous nous reparlerons un jour. Avec le temps, tout passe…

Vous êtes le sponsor principal de la FFR. Ne vous êtes-vous jamais opposé à la venue de Fabien Galthié ?

La question m’a été posée. Bernard (Laporte) m’a dit quelque chose comme : "Si tu t’opposes, je ne le prends pas." J’ai répondu que je ne m’opposerai jamais à l’une de ses décisions en tant que président de la Fédération et que s’il estimait que Fabien Galthié était le meilleur, il devait probablement avoir raison. La nation avant tout, n’est-ce pas ?

Fabien Galthié est-il le meilleur ?

Il est un immense technicien, oui ! Mais il ne faut pas oublier que le contexte lui a été favorable. Franck Azéma a décliné, Warren Gatland n’est pas venu. Bon, voilà quoi… Il réussit, l’équipe de France gagne et c’est bien là l’essentiel.

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