Vapeurs d'encens

  • Tournoi des 6 Nations 2020 - Julien Marchand (France) contre l'Écosse
    Tournoi des 6 Nations 2020 - Julien Marchand (France) contre l'Écosse PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Il y a « Vaaha » et, espérons-le, il n’y aura pas « Momo ». Oui, espérons-le franchement. Parce que le pilier néophyte ne mérite pas de devenir la cible des procureurs à la petite semaine qui ne manqueront pas de saillir sur les réseaux sociaux pour juger ces Bleus qu’ils avaient hier encensés. Trop facile. Mohamed Haouas et son coup de poing, qui a précipité la chute du XV de France aussi vite que le coup de coude de Sébastien Vahaamahina avait signé l’élimination tricolore en quart de finale du Mondial japonais, n’est clairement pas le seul responsable de la première défaite de l’ère Galthié. Pas question de lui faire porter le chapeau et de nier l’évidence. Comme tant d’autres avant elle, la sélection tricolore est tombée dans le piège écossais. Celui de la facilité en quelque sorte : l’échec vicieux, qui surgit après l’exploit ; l’échec grossier qui précède le Grand Chelem qui nous faisait tous saliver.

Il y a du panache à perdre ainsi, sur l’air de l’évidence, face à un rugby écossais qui n’effraie plus personne. Et ce n’est clairement pas un exploit, comme en témoigne le message adressé par Henri Nayrou, au coup de sifflet final : « C’était bien une défaite à la française. Et ce n’est pas la première de son histoire dans les vapeurs de l’encens. » Certainement pas la dernière, non plus… C’est vrai, Henri, nous avons tellement l’habitude de ces revers trop évidents alors que tout semblait enfin sourire aux Bleus. Le luxe, le confort et la chaleur ne nous valent décidément rien de bon.
Battu par des Ecossais révoltés, le XV de France revient donc sur terre. Fin du rêve et de l’euphorie. Sous la menace du Coronavirus, il faudra désormais déployer des trésors d’énergie pour terminer sur une note positive. Loin du Grand Chelem ! Tant pis pour le bilan du sélectionneur et sa quête de titres, censés asseoir son autorité. Sa légitimité.

Les gosses que l’on voyait si beaux repasseront donc. Plus tard. Avec d’autres arguments. Ils auront toujours notre confiance même si certains, à l’image de Jalibert, ont montré leurs limites actuelles. La vérité : nous les avons vus trop beaux, ces Bleus sans histoire ni expérience, avec peu de repères communs et encore moins de certitudes rugbystiques. Sans un supplément d’âme dans l’engagement, contrés en défense par plus efficaces qu’eux.
Or, à ce jeu il ne faut pas jouer… Et, le peu que l’on joue alors, il faut le réciter à la perfection, réincarner le French Flair et croire aux tours de magie. Désolé, messieurs dames, faudra repasser. C’est une histoire banale qui s’est écrit ce dimanche sous nos yeux. So frenchy. Sans ses joueurs majeurs au meilleur de leur forme, sans les étincelles de Dupont, Ntamak, Alldrittt ou Vakatawa qui sont nos facteurs X, l’équipe de France du mois de mars 2020 est redevenu une équipe quelconque. Battable et battue. Sans gloire, on l’a dit. Nous laissant beaucoup de regrets, face à la promesse de reconquête, sur ce tapis rouge déroulé par la magie d’un calendrier favorable…

Oui, il y a de quoi avoir des regrets. Parce que ces Bleus n’ont pas montré leur vrai visage et rien de ce que l’on croit être leur potentiel. Tout juste l’image d’un collectif en manque de repères et de solutions, chassé par une bande d’affamés trop heureux de compter nos bouses. Il y a de quoi regretter, forcément. Mais tout autant de raisons d’espérer à des jours meilleurs, quand ce collectif aura appris de ces erreurs, progressé collectivement et gagné assez de bouteille comprendre qu’un voyage à Murrayfield, fusse-t-il après une virée dans l’enfer de Cardiff, n’est jamais une promenade de santé. n

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