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Laporte : « Tous les scénarii possibles »

  • Bernard LAPORTE - Président de la Fédération française de rugby.
    Bernard LAPORTE - Président de la Fédération française de rugby. Icon Sport
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CORONAVIRUS - Le président de la fédération française de rugby, revient sur les décisions prises concernant le report du match France-Irlande. Mais aussi sur l'impact du Coronavrius sur le niveau amateur et le rugby français. 

Comment s’est décidé le report de France - Irlande qui devait clôturer le 6 Nations 2020 ?

Dimanche soir, l’information sur l’interdiction des rassemblements de plus de 1000 personnes est tombée juste après notre match en Ecosse. Le lundi matin je suis rentré tôt en France et les services du ministère des Sports m’ont confirmé les modalités de leur décision. Dans le même temps, une conférence téléphonique du comité des 6 Nations s’est tenue. L’idée était d’éviter tant que c’était possible, un match à huis clos. à partir du moment où la rencontre Italie - Angleterre avait déjà été reprogrammée, l’idée d’un report de France - Irlande s’est vite imposée. La FFR se conformera aux consignes gouvernementales. Je l’ai déjà dit mais je tiens à le répéter, on suivra à la virgule près les directives des autorités sanitaires et sportives du pays. C’est une question de santé publique.

À quelle date se jouera le France - Irlande ?

à ce jour, aucune décision n’a été actée. Bien sûr, le week-end du 30 octobre semble être la solution la plus appropriée mais le comité des 6 Nations veut se donner du temps, voir comment évolue la pandémie avant de trancher. Le faire de jouer avant juillet ne me parait pas approprié, ni même possible. Il faut aussi tenir compte du calendrier de la prochaine saison des clubs. On doit se réunir début avril et, à ce moment-là, je pense que l’on y verra plus clair sur la crise et que l’on pourra trouver une solution pérenne.

Mardi, vous avez dû vous résoudre à reporter les deux matchs des sélections des moins de 20 ans et des féminines ?

Nos amis irlandais ne souhaitaient plus venir en France compte tenu de la situation. Cette crise fait peur et l’une des conséquences c’est une limitation drastique des déplacements. Je comprends leur ressenti même si je déplore aussi le report de ces deux rencontres.

Quel va être le coût de ces reports ?

Il va y avoir une vraie perte d’exploitation sur l’exercice de cette saison mais qui sera compensée une fois que les matchs auront eu lieu. Je m’explique, le France - Irlande du Stade de France aurait engendré une recette de l’ordre de 5,6 millions d’euros de billetterie. On l’a encaissée mais on doit, comptablement, les produire sur l’exercice où aura lieu le match, c’est-à-dire la saison 2020-2021. De plus, nous allons aussi percevoir un cinquième de moins, compte tenu du match reporté, sur les droits TV. Ce n’est pas neutre, d’autant qu’il nous manquera les hospitalités du match. Tout cela rajouté à la billetterie des rencontres des moins de 20 et des féminines, c’est un manque à gagner de l’ordre de 9 millions d’euros. Attention, il s’agit de pertes temporaires car on les retrouvera sur l’exercice de la saison prochaine, quand les rencontres auront lieu bien sûr.

Que doit-on faire si l’on est en possession d’un billet pour l’une de ses trois rencontres ?

Le conserver. Il n’y aura pas de réémission de billets. Les services de la fédération ont d’ailleurs prévenu et contacté par mail, tous les possesseurs pour les avertir que les billets restaient valables. Une fois la date connue, si des spectateurs ne peuvent pas se rendre au match, et il y en aura, les services administratifs de la FFR étudient actuellement qu’elle est la meilleure procédure pour proposer une alternative qui pourrait être une bourse d’échange sur un autre match de la tournée ou une revente autorisée.

Au niveau amateur aussi, la crise du Covid-19 pourrait avoir de forts impacts ?

Il y en aura. La FFR a mis en place une cellule de crise qui se réunit tous les soirs à 18 heures afin de faire le point sur les dernières infos, actualiser notre communication vers les clubs. Car l’instauration du huis clos va avoir des conséquences et les clubs peuvent légitimement être inquiets. La FFR va regarder comment les choses vont évoluer. La billetterie pour le monde amateur c’est 90% de leur trésorerie, alors pour les clubs qui font plus de 1000 spectateurs, le risque économique peut être important. C’est pourquoi j’ai demandé à nos services de travailler à l’éventualité de la création d’un fonds de soutien et d’estimer les besoins.

Quels clubs cela concerne ?

Une bonne partie de Fédérale 1, pas mal de Fédérale 2 mais aussi quelques-uns de Fédérale 3 sur des derbys. Cette semaine, on a multiplié les contacts et les informations envers les clubs mais aussi rappeler les préconisations en matière de santé. La fédération s’est aussi tournée vers les Ligues qui gèrent directement les Séries régionales. Il a été décidé, afin de pouvoir respecter les consignes sanitaires, de baisser la jauge des spectateurs à 800 personnes. Et si jamais, les clubs pensent ne pas pouvoir faire appliquer la directive d’avoir recours au huis clos. Certains comme Dax ou Tyrosse, je crois, ont choisi cette option.

Va-t-il y avoir des matchs reportés ? Un arrêt des compétitions ?

Le rugby, comme tous les autres sports d’ailleurs, se doit d’être légaliste. Dans les zones fortement touchées par le Covid-19, on ne pourra pas empêcher ces reports. C’est d’ores et déjà le cas, dans le Haut-Rhin où elles sont en suspens jusqu’au 15 avril, tout comme dans l’Oise et le Morbihan ! On ne doit pas prendre de risque. Cependant, la FFR souhaite que partout où il n’y pas de contre-indication préfectorale, les matchs se jouent. La vie sportive contribue au bien-être de notre société, c’est essentiel.

La saison peut-elle être tronquée ? S’arrêter là ?

Je ne souhaite pas arriver à cette solution radicale mais tout dépendra de l’évolution de la crise. Nous travaillons tous les scénarii y compris sur le décalage de la fin de saison afin que toutes les compétitions puissent avoir lieu jusqu’au bout. Mais nous ne pourrons pas faire de tour de magie, nous avons la possibilité de tout reporter de trois semaines, mais au-delà, ce sera difficile. Mais nous n’en sommes pas encore là, nous nous adapterons en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.

Quel regard portez-vous sur les négociations sur le report ou l’organisation du huis clos en Top 14 et Pro D2 ?

J’ai l’impression qu’il y a la recherche d’une décision collégiale et c’est très bien. Je vois, où plutôt je perçois que les clubs professionnels prennent en compte aussi la tournée en Argentine du XV de France au mois de juillet prochain. Le huis clos me semble être la moins mauvaise des solutions mais je me garderai bien de donner un avis définitif car je sais que l’économie du rugby professionnel est aussi grandement dépendante de la billetterie. L’essentiel restant la participation de tous les acteurs à ce que je pourrais appeler la "moins mauvaise des solutions". Nous ne sommes pas le football avec des droits TV qui garantissent 75% du budget des équipes professionnelles.

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