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Parisse : « Sur les feuilles de match, je lis «1996», «1997»… ça me fout un coup de vieux ! »

Par Pierrick Ilic-Ruffinatti
  • Instant famille, instant émotion... qui sera encore plus forte si Sergio effectue un dernier tour de piste, face à l'Angleterre
    Instant famille, instant émotion... qui sera encore plus forte si Sergio effectue un dernier tour de piste, face à l'Angleterre Imago
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À quelques jours de ce qui aurait dû être sa 143e et dernière sélection contre l’Angleterre à Rome, le légendaire troisième ligne italien a accepté de revenir sur ses 18 années passées avec la Squadra Azzura, sur son changement de club mais également sur la réflexion qu’il mène actuellement concernant sa fin de carrière. Entretien.

Sergio, vous souvenez-vous du 8 juin 2002 ?

Comment pourrais-je oublier ? C’est le souvenir le plus intense de ma carrière ! J’étais à Hamilton, avec la Squadra pour ma première sélection. J’avais 18 ans, je rencontrais les Blacks, il y avait Jonah Lomu sur le banc… Deux mois plus tôt je le regardais à la télé et là on me demandait de le plaquer. C’était un rêve, même s’il était plus simple à arrêter devant son écran que sur le terrain (rires). Je m’en souviens comme si c’était hier.

Et finalement, 18 ans plus tard, vous vous apprêtez à disputer votre 143e et dernier match avec le maillot de la Squadra Azzura… Si vous ne deviez garder qu’une chose, quelle serait-elle ?

La fierté d’avoir réussi à faire exister le rugby aux yeux du peuple italien. Chez nous il y a le foot, le foot, le foot et très loin il y a les autres sports. Alors voir comment les gens ont appris à se passionner pour le rugby, c’est incroyable. Ils ont été si loyaux et nous ont donné tant d’amour. On a parfois joué devant 50-60 000 personnes alors que la défaite semblait inévitable… Puis en tant que capitaine voir ses coéquipiers se vider sur la pelouse, ça m’a toujours touché. Nous étions souvent déçus, avec ce sentiment de ne pas être si loin et en même temps d’enchaîner les claques… Et parfois on gagnait. Là, c’était l’apothéose ! En dix-huit ans j’ai joué avec des dizaines de mecs, mais jamais aucun n’a triché. C’est pour ça que le public s’est attaché à notre sport. C’est ma plus grande réussite.

Quel est votre meilleur souvenir en sélection ?

La victoire contre les Bleus en 2011 dans Stadio Flaminio bouillant ! Tu avais l’impression que les 27 000 supporters étaient sur la pelouse. La France arrivait forte d’un Grand Chelem, avec une génération folle mais elle est tombée sur un os (victoire 22-21). Au coup de sifflet final c’était le délire complet dans le stade. Les mecs pleuraient, c’était immense. C’était notre première victoire face à cette nation majeure, et moi qui connaissais des retours compliqués en club depuis 2005… J’en ai bien profité (rires).

J’aimerais que le dernier soit celui face à l’Angleterre, mais je suis très superstitieux et je n’aime pas me projeter aussi loin

Quel capitaine avez-vous été ?

Nous avons connu des périodes fastes, et d’autres plus compliquées… Actuellement nous restons sans victoire dans le Tournoi depuis 2015. Alors le capitaine doit parler, échanger et toujours montrer l’exemple. J’ai répété des centaines de fois que sur le papier nous étions moins forts, mais qu’au coup d’envoi il y avait 0-0. Je leur disais « montrez moi que ces mecs sont plus forts que vous ! Si c’est le cas, ok, on perdra. Mais moi je sais qu’on peut les battre ». Et parfois c’est passé. D’autres fois nous sommes tombés les armes à la main ; j’ai souvenir d’un match contre la France que l’on doit gagner 1 000 fois au Stadio Olimpico, ou d’un duel contre l’Écosse en 2017 que l’on doit gagner 30 000 fois. C’est difficile à digérer, mais si tu baisses la tête, tu ne peux pas demander à tes coéquipiers d’aller au feu. Mon rôle, c’était donc de toujours croire en nous.

À quoi ressemblera le rugby italien après vous ?

Beaucoup de cadres raccrochent, des talents émergent : je laisse une équipe en pleine transition générationnelle. Les moins de 20 ans actuels font de belles choses et j’ai beaucoup d’espoir. J’espère que la Fédération va prendre les bonnes décisions pour accompagner ces jeunes.

C’est à dire ?

Pour grandir, il faut jouer : faire un match en moins de 20 ans n’est pas suffisant. Il faudra donc leur donner leur chance avec la Squadra. Ils risquent de se planter, de prendre des claques, mais il le faut pour s’inviter à la table des plus grands. C’est excitant : il y a de quoi travailler et être optimiste pour l’avenir.

Que dites-vous à ceux qui envisagent un système de montée-descente dans le Tournoi ?

L’équipe d’Italie n’a pas gagné un match du Tournoi depuis cinq ans, c’est légitime de se poser des questions ! Changer de formule ? Pourquoi pas, il faut être ouvert et voir ce qui peut être mis en place. Maintenant, n’ayons pas la mémoire courte : même si nous sommes actuellement dans un période creuse, nous avons fait de belles choses lors des Tests matchs ou des Coupes du monde et dans le Tournoi nous n’avons pas pris que des branlées depuis 15 ans ! Nous avons battu l’Écosse plusieurs fois, la France deux fois, l’Irlande et le Pays de Galles une fois. Ce n’est pas rien.

Certes, mais d’autres nations poussent également…

La Géorgie est magnifique depuis plusieurs saisons ! Mais pour l’instant elle n’a pas battu de nation majeure et doit encore franchir un cap. Mais en effet pourquoi ne pas envisager un système de relégation ? Pour moi, la priorité aujourd’hui c’est de faire grandir notre sport, parce que la Géorgie se retrouve coincée dans une situation où le Tournoi B devient un peu petit, mais elle ne peut intégrer les 6 Nations. Il faut également réussir à faire grandir des nations comme la Belgique ou l’Espagne qui n’attendent que ça. Si l’Italie a progressé d’un coup, c’est grâce au Tournoi. Il y a pleins de choses à prendre en compte : le rugby est à un virage important de son histoire.

En revenant à vous, avant qu’il ne soit annulé pensiez-vous que le match contre la Nouvelle-Zélande à la Coupe du monde serait votre dernier avec la sélection ?

Absolument pas ! Je ne voulais pas terminer à 6 000 km de Rome. J’avais le désir de faire mon dernier match en Italie, tout en sachant qu’entre octobre et mars, je n’étais pas à l’abri d’une blessure. J’aimerais que le dernier soit celui face à l’Angleterre, mais je suis très superstitieux et je n’aime pas me projeter aussi loin.

N’avez-vous jamais envisagé d’accrocher le record de sélections de Richie McCaw (148) ?

Les statistiques n’ont jamais été mon moteur. Parfois on me demande mon nombre de sélections, je ne sais jamais si c’est 141 ou 142, c’est vous dire ! Et même si j’entends régulièrement « si tu fais un Tournoi, tu dépasses Richie Mccaw », mais qu’est-ce que ça peut me faire ? Marquer l’histoire par des statistiques, je m’en moque éperdument. 142 ce n’est pas qu’un chiffre, c’est 142 émotions, 142 moments à vivre, 142 moments de partage. Une sélection ce n’est pas simplement « +1 ».

Si on fait un flashback en 2002, que feriez-vous différemment ?

J’ai pris des mauvaises décisions durant ma carrière, mais je n’ai aucun regret. Quand tu te trompes tu apprends, tu grandis. Les faux-pas font de toi une personne plus complète. Et si je devais recommencer je ferais les mêmes choix, car je suis fier du joueur et de l’homme que je suis devenu.

Au-delà de la sélection, vous avez changé de club après 14 ans au Stade français. Pourquoi ?

Vous savez, j’ai vécu de magnifiques choses au Stade français, mais je n’aime pas parler d’un club qui n’est plus le mien aujourd’hui. Je pense que certaines choses doivent rester privées. Disons simplement que je ne reconnaissais plus ce club que j’ai tant aimé, donc j’ai pris la décision de partir.

C’est à dire ?

Nous avions la chance incroyable d’avoir une personne comme le Dr. Wild, qui était prêt à investir et à faire grandir le club. Mais suite à l’arrivée de l’ancien staff technique (N.D.L.R. emmené par Heyneke Meyer), le club commençait à prendre un virage qui, de par mon expérience et avec l’attachement viscéral que j’ai pour ce club, n’était pas le bon. Quand j’ai partagé mon avis, l’entraîneur n’a pas apprécié (sourire). Heureusement je pense qu’aujourd’hui avec l’arrivée de Thomas Lombard, le club est en train de rattraper le temps perdu et de se recentrer sur ce qui a toujours fait l’adn du Stade français. De cet épisode j’ai compris une chose : nous (les joueurs) ne sommes que de passage, et nous devons simplement donner le meilleur de nous-mêmes sur la période durant laquelle le club nous fait confiance.

Ce que vous pensez avoir fait ?

Je n’ai rien à me reprocher sur mon investissement sur les quatorze dernières saisons avec le club et je pense que je laisserai une petite trace dans l’histoire du Stade français. Mais désormais ça appartient au passé et le club est en train de remonter la pente, ce qui me fait extrêmement plaisir.

Vous voilà finalement à Toulon. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?

Jusqu’à mi-juin 2019 je pensais rester au Stade français. Alors quand j’ai pris la décision de partir, j’ai dû me retourner en quelques jours. Ma priorité, c’était de rester en France. Je ne voulais pas embarquer ma famille dans un pays inconnu pour une saison ou deux, même si économiquement j’aurais pu trouver des challenges plus intéressants. Je voulais finir en jouant dans un grand club, retrouver un bon niveau et prendre du plaisir. J’ai alors étudié plusieurs propositions, mais Toulon s’est imposé à moi.

Pourquoi ?

C’est un club avec une grande histoire, qui a tout gagné depuis dix ans et où sont passées des légendes de notre sport : Wilkison, Nonu, Smith, Fernandez-Lobbe, Botha… Quand Patrice Collazo m’a contacté, j’ai écouté très attentivement, et finalement nous avions les mêmes attentes, les mêmes ambitions et j’ai senti que même si Toulon avait déjà bouclé son recrutement, il allait m’offrir le challenge que je cherchais. Ainsi, dans le contexte personnel assez difficile qui était le mien, c’était une décision assez simple à prendre.

C’est un choix de carrière, mais également de vie, non ?

Après quatorze ans à Paris pour moi, et sept ans pour ma femme, débarquer à Carqueiranne c’est le jour et la nuit (rires). Mais après une longue discussion nous avons considéré que cette décision était la bonne pour la famille.

Sinon on va voir un match de « ballon-mur », et on laisse le rugby à ceux qui l’apprécient ! Selon moi il faut garder l’élégance d’une passe, d’un jeu au pied… La beauté de ce sport c’est la technique, l’intelligence, le jeu d’évitement. Je préfère qu’on voit des espaces plutôt que des boucliers…

Et finalement, ça l’était ?

Certes tu n’as pas la pharmacie, la salle de muscu et le coiffeur au pied de chez toi, mais tu trouves un confort, des paysages, une météo qui n’existaient pas à Paris. C’est un changement radical. Ce n’est ni mieux, ni moins bien, c’est juste différent et tu trouves du positif des deux côtés. La qualité de vie à Toulon est dingue. Puis nous avons un garçon de deux ans et demi, et lui il s’éclate. Il a une grande maison, il habite à 150 mètres de la mer et je pense qu’il est heureux que ses parents aient déménagés. Désormais on profite, en sachant qu’on sera là au moins pour les quatre prochains mois. Peut-être plus, peut-être pas. On prend ça comme une belle expérience, même si ce n’est pas évident de se projeter sur quelques mois…

À ce point ?

Vous imaginez, ma femme a toujours vécu à Rome, elle débarque à Paris il y a sept ans, elle apprend la langue, elle se fait un groupe d’amis, et je lui demande de tout quitter pour aller à Toulon… Tu ne repars pas de zéro, mais presque. Elle a accepté pour moi et je serai éternellement reconnaissant.

Et vous, votre intégration ?

C’est une chance de jouer dans un club comme celui-là, de découvrir un stade comme Mayol, et d’avoir toute une région qui pousse derrière toi, ce qui n’est pas le cas à Paris ! Découvrir cela à 36 ans, alors que tu sais que ta carrière touche à sa fin, c’est plaisant. Puis socialement, si le premier jour je ne connaissais « que » Lakaf’ou Bonneval, le deuxième je rigolais avec tout le monde. Le rugby est un milieu si accessible ! D’autant qu’être pro c’est vivre avec 40 mecs au quotidien, suivre des plannings réglés à la minute, s’entraîner le matin, partir deux jours le week-end, tu te fonds en trois minutes dans un groupe.

Sur le terrain, on vous observe complice avec Baptiste Serin. Avez-vous le sentiment d’avoir 11 ans de plus que lui ?

Dans ma tête ? J’ai son âge, mais quand je vois les feuilles de match je lis des 1996, des 1997, ça me fout un coup de vieux (sourire). Maintenant je pense être quelqu’un avec qui il est facile d’échanger. Je ne suis pas fermé d’esprit et on discute de la même manière qu’on ait le même âge ou 14 ans d’écart. Je suis là pour accompagner, donner des conseils et avec mon expérience j’essaye de rassurer les mecs, mais je sais aussi chambrer, rigoler !

Et Baptiste Serin ?

En numéro 8 c’est primordial d’être fusionnel avec ton demi de mêlée. Au Stade français, j’ai partagé cela avec Julien Dupuy pendant des années. C’est un ami, mais parfois sur le terrain on s’envoyait chier et on se disait des trucs que je ne peux même pas répéter (rires). C’est ce qui nous permettait d’être complémentaires. Quand tu as des affinités dans la vie, ça se ressent sur le terrain. Baptiste, c’est un joueur qui fait énormément de bien au club, et on partage beaucoup de choses. Mais c’est également le cas avec Antho Méric ou Yo’Cottin.

On revient sur votre âge, mais comment faites-vous à 36 ans pour tenir le choc physiquement, alors que de plus en plus de joueurs doivent mettre un terme prématuré à leur carrière ?

Le corps vieillit et ne peut ignorer les blessures et la fatigue. La clé ç’a donc été d’adapter mes entraînements et d’être perpétuellement frais de la tête. Je me sens très motivé et heureux de me lever le matin, même si je ne cache pas que les deux jours qui suivent un match restent des moments compliqués.

Qu’avez-vous changé au quotidien ?

Je suis devenu vigilant sur mon alimentation, mon sommeil et la préparation des entraînements. Si l’entraînement est à 9h, je ne peux pas arriver à 8h45, poser mon sac, mettre les crampons et aller sur le terrain. Je dois arriver à 7h45, aller en salle, m’étirer, déverrouiller le corps pour essayer d’être prêt au premier coup de sifflet de Patrice. Ensuite je passe plus de temps avec le kiné, il doit en avoir marre de moi (rires). C’est cette ensemble de détails qui te permet d’enchaîner les matchs à 36 ans.

Vous n’en étiez pas conscient jusqu’alors ?

L’âge te remet les pieds sur terre. Quand j’avais 22-23 ans, ça me faisait chier d’être en salle, de m’étirer. Je trouvais ça bidon, mon corps allait parfaitement, je ne me posais aucune question ! Si j’avais su... Si je pouvais revenir en arrière, je passerais plus de temps à prendre soin de mon corps. D’autant que le rugby devient de plus en plus physique.

Le rugby qui devient de plus en plus dur ce n’est donc pas une simple vue de l’esprit ?

Non non, c’est une réalité ! Il suffit de regarder les gabarits : il y a dix ans les centres et les ailiers n’avaient pas des physiques de troisième ligne. Sauf qu’aujourd’hui en plus de faire 110-120 kilos, ils courent à 10 000. Forcément, ça peut faire des dégâts ! Le rugby a pris une ampleur physique importante.

Les lendemains de match je peux vous assurer que j’ai envie d’arrêter à 99 % (rires)

Voyez-vous cette évolution d’un bon œil ?

Aujourd’hui il y a des standards physiques à atteindre pour être à un certain niveau, mais il ne faut pas que notre sport s’apparente à des machines qui vont péter dans des murs. Sinon on va voir un match de « ballon-mur », et on laisse le rugby à ceux qui l’apprécient ! Selon moi il faut garder l’élégance d’une passe, d’un jeu au pied… La beauté de ce sport c’est la technique, l’intelligence, le jeu d’évitement. Je préfère qu’on voit des espaces plutôt que des boucliers… Prendre le ballon et foncer dans un mur, c’est perdre l’essence de notre sport.

Vous plaidez donc pour que l’on revienne à un rugby d’évitement ?

Je pense surtout que chaque nation doit revenir à son adn. En France, vous n’avez jamais pratiqué ce rugby boom-boom, et quand vous vous en êtes rapprochés pour coller aux standards internationaux, vous avez perdu votre culture du jeu. Quand je regarde le XV de France je veux voir des relances, du talent, de la prise d’initiative et de risque, de la fantaisie ! Il ne faut pas perdre cela. Et je pense que c’est ce qui m’a toujours plu dans le rugby français. C’est pour ça que je suis resté presque toute ma carrière ici. On partage cette culture latine, on aime la folie.

Serez-vous encore joueur de rugby la saison prochaine ?

Je n’en ai aucune idée. La seule certitude c’est que si je prolonge le plaisir, ce ne sera que pour une saison. Mais est-ce que je vais le faire ? Bonne question, je n’en sais rien.

Il paraît que c’est la décision la plus difficile à prendre de sa carrière.

Je vous le confirme, parce qu’elle a un côté rédhibitoire : si tu décides d’arrêter, tu ne peux pas revenir en arrière. C’est la fin, basta ! C’est pas rien quand même… C’est d’ailleurs quand tu commences à penser à la fin que tu regardes dans le rétro que tu te dis que ta carrière est passée comme ça (il claque des doigts). Hier t’étais jeune, en pleine force de l’âge et là tu te dis que tu pourrais ranger les crampons pour toujours. C’est passé si vite…

Vous n’en aviez pas pris conscience jusqu’alors ?

Quand tu joues quotidiennement au rugby, tu prends énormément de plaisir mais c’est « normal ». Tu ne prends pas conscience de ces choses. Je ne l’ai jamais vu comme un métier, mais c’est vrai que mettre les crampons c’était un acte habituel. Et quand il te reste quelques semaines, ou quelques mois tout au plus, tu te dis « Whowho, je pourrais faire un peu de rab ? »

Et votre avenir, donc ?

Je suis en pleine réflexion. La question à laquelle je veux répondre c’est : suis-je prêt et motivé physiquement et mentalement à faire une saison de plus ?

C’est du 50-50 aujourd’hui ?

C’est clivant ! Les lendemains de match je peux vous assurer que j’ai envie d’arrêter à 99 % (rires). Non, 50-50 ça ne veut rien dire. Nous sommes à un moment de la saison où les équipes commencent à boucler leur mercato, et il va falloir que je décide rapidement. Puis la différence c’est qu’à 23 ans tu prends ta décision seul. Il n’y a que le rugby et ta carrière qui comptent. Là je dois connaître les envies de ma famille. Je ne peux pas décider de continuer ou non, de rentrer en Italie, à Paris ou de continuer à Toulon sans me préoccuper des désirs de ma femme. J’espère que je prendrais une décision rapide, parce qu’on commence à parler d’inscription à l’école, au sport, et ce sont pleins de petits trucs de la vie quotidienne sur lesquels on doit se projeter. Dans mon cerveau ça fuse depuis des semaines : il y a beaucoup de pour, beaucoup de contres et j’essaye d’y voir plus clair.

Vous fixez-vous une échéance ?

Certainement pas, car ça me forcerait à prendre une décision sans en être convaincu ! Un choix comme celui-là ne se prend pas sur un coup de tête, après un match, pendant une soirée ou en buvant une bière. Tu ne le lèves pas de table en tapant trois fois sur un verre pour dire « bon, bah je rempile une saison ». Je pense qu’il faut être intelligent, s’asseoir et se dire « sportivement, qu’est-ce que je suis capable d’apporter ? », « n’ai-je pas fait suffisamment de sacrifices familiaux ? », « n’ai-je pas passé trop de temps à courir le monde pour des stages, des Coupes du monde ? ». Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, à mettre dans la balance.

Qu’est-ce qui risque de vous manquer le plus ?

De nombreux anciens coéquipiers te disent qu’une fois les shorts rangés, c’est le vide. Tout ce qui t’a fait vibrer depuis ton premier entraînement 30 ans plus tôt disparaît. T’es content de ne plus faire de préparation physique, mais il te manque l’adrénaline, la pression… Alors est-ce que j’ai envie que ça s’arrête ? Non, j’aimerais jouer jusqu’à 75 ans ! Mais ce n’est pas possible, et je me retrouve à un moment clé de ma vie.

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