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Goze : « Ce sera difficile à surmonter »

  • Paul GOZE - Président de la Ligue nationale de rugby
    Paul GOZE - Président de la Ligue nationale de rugby Andre Ferreira / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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De nature optimiste, le patron du rugby professionnel mesure l’ampleur de la difficulté à laquelle la LNR est confrontée. Plusieurs hypothèses pour mener à bien la fin de la saison sont à l’étude. Las, rien n’indique que le Top 14 et la Pro D2 pourront reprendre.

Dans quel état d’esprit êtes-vous depuis quelques jours ?

Notre priorité est de protéger la santé des acteurs. Nous sommes attristés de voir ce qui se passe. Attristés d’avoir eu à prendre cette décision qui s’imposait, évidemment. Nous ne pouvions pas faire autrement après la prise de parole du président de la République, qui nous a fait prendre conscience de l’ampleur de la pandémie et qui a demandé des mesures fortes. Il est plus sage et plus prudent de mettre à l’abri l’ensemble des acteurs du rugby, que ce soit les joueurs, les dirigeants et les spectateurs.

Avant l’intervention d’Emmanuel Macron, la position de la LNR était plutôt de favoriser des matchs à huis clos. Pourquoi ?

C’était vrai, mardi dernier, lorsque nous avons eu la discussion avec les présidents de club. Seulement, à l’échelle des évènements que nous vivons, cette réunion semble loin. Très loin. à cet instant, la discussion portait sur un choix à effectuer entre le report - dans l’espoir de pouvoir jouer ces matchs plus tard avec du public - et la mise en place du huis clos. Mais les conditions de ce choix ont été bouleversées en deux jours et la décision de suspendre les championnats pros s’est imposée comme une évidence.

Vous est-il possible d’avancer sur une éventuelle date de reprise ?

Impossible ! Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses et des souhaits. Nous travaillons sur différents scénarios. Celui que nous souhaitons, c’est évidemment celui qui nous permettrait de maintenir la phase finale avec un certains nombre de matchs qui seraient joués à partir de début mai. Seulement, ce n’est qu’un souhait.

Quels sont les scénarios envisagés ?

Le scénario optimiste, c’est une reprise fin avril, début mai. Le deuxième scénario reviendrait à rejouer à la fin du mois de mai, sachant que dans tous les cas, il me paraît très peu probable de pouvoir jouer l’intégralité des matchs. Et puis, il y a le scénario le plus défavorable qui consisterait à ne pas pouvoir reprendre la compétition. Tout ça sera présenté aux clubs d’ici quinze jours. C’est l’évolution de la situation sanitaire qui guidera la conduite à avoir.

La date du 26 juin pour l’organisation de la finale est-elle immuable ?

Rien n’est immuable. Chaque jour qui passe en apporte les preuves. Notre souhait, si la situation sanitaire le permet, c’est de conserver les demies et la finale en l’état afin de réaliser une fin de saison convenable et de décerner un titre. Seulement, aucun scénario n’est écarté. Nous ne nous interdisons rien. Le point de rupture, c’est de ne pas nuire à l’organisation de la saison prochaine.

Peut-on imaginer que le Bouclier de Brennus reste vacant cette saison ?

Nous n’en sommes pas là mais nous travaillons sur de nombreuses hypothèses. La question pourrait se poser si la fin de saison devait se jouer sur tapis vert. Maintenant, la phase finale, c’est dans trois mois. On peut donc espérer que nous aurons une durée de fin de saison suffisante pour organiser une compétition sportive. Je ne dis pas que ce sera la formule actuelle du championnat de France mais une compétition qui permettra de décerner un trophée. On adaptera nos ambitions en fonction des délais qui nous seront impartis. Cela relève en partie des décisions des pouvoirs publics.

Quelles sont les aides économiques que la LNR peut mettre en place pour les clubs ?

La Ligue, seule, ne pourra pas apporter une aide financière à la hauteur des pertes que cette crise va entraîner. Nous comptons sur les pouvoirs publics, avec plusieurs mesures qui peuvent être mises en place. Je ne vais pas les énumérer ici mais le gouvernement a pleinement conscience que certains secteurs d’activités, dont le sport professionnel, sont durement touchés. J’ai espoir que le gouvernement ne nous oubliera pas. Et la Ligue fera tout ce qui est en son pouvoir pour que les mesures gouvernementales soient les plus favorables possibles aux clubs. Enfin, nous pouvons envisager une solution d’aide financière bancaire car à ce jour, la Ligue n’a pas de fonds propres suffisants.

Justement, l’an passé, vous aviez proposé aux clubs la création d’un fond de réserve pour faire face à d’éventuelles difficultés. En voulez-vous aux présidents de club d’avoir refusé ?

Pas du tout ! Pour la simple et bonne raison que lorsque j’étais président de l’Usap, j’avais moi aussi refusé cette mesure. Il serait donc malvenu de ma part de leur en vouloir. Ce genre de mesure a toujours été refusé par le passé. Il n’y a donc pas lieu à polémique. Évidemment, lorsqu’on est président de la Ligue, on voit les choses différemment même si je n’avais jamais imaginé être confronté à une telle situation.

Êtes-vous en mesure de chiffrer les pertes financières pour la LNR et pour les clubs ?

Tout dépendra de la date de reprise. Nous travaillons sur différentes hypothèses mais pour l’heure, il nous est impossible de chiffrer précisément ce que cette crise va nous coûter.

Dans l’hypothèse d’une possible reprise avant la fin de saison, le Pro D2 vous semble-t-il plus facile à réorganiser que le Top 14 ?

Les schémas sont différents ! Pour le Pro D2, les dates de la phase finale sont plus facilement modulables. Par ailleurs, les mesures de chômage partiel seront plus efficaces en Pro D2 car les montants des salaires ne sont pas aussi élevés. On peut imaginer que les solutions seront donc plus faciles à trouver. En revanche, avant la crise, les clubs de Pro D2 étaient dans une situation plus fragile sur le plan économique.

Quelles sont les positions de vos diffuseurs (Canal + et Eurosport) ?

Les relations avec eux sont des relations de partenariat fortes et historiques. Avec Canal +, nous sommes en lien depuis le début. Cela fait vingt ans que nous sommes partenaires, nous allons donc affronter cette crise comme deux partenaires solidaires dans la tourmente. Comme avec Eurosport. Compte tenu de nos rapports, je suis optimiste.

Quelles sont désormais les échéances ?

Il y a ce lundi une réunion de la commission médicale pour envisager les mesures à prendre vis-à-vis des joueurs et des staffs. Nous allons aussi travailler avec le bureau de la Ligue en ce début de semaine pour établir les différents scénarios. Et mercredi nous réunirons l’ensemble des présidents de club pour prendre les décisions les plus urgentes et mettre en place un calendrier et une méthode de travail pour gérer la fin de saison.

Êtes-vous optimiste sur la capacité des clubs à résister à cette crise inédite ?

Ne nous voilons pas la face : cette crise sera difficile à surmonter. Mais je suis optimiste car nos clubs ont réagi rapidement pour y faire face. Ils auront cette capacité à trouver les ressources pour rebondir.

Certains sont-ils susceptibles de se retrouver en situation de dépôt de bilan ?

J’espère que nous n’en arriverons pas là. Les clubs ont des actionnaires solides et une forte capacité à mobiliser autour d’eux et trouver des ressources. Nous aurons toujours trente clubs pour débuter nos championnats la saison prochaine.

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