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Castets : « L’écologie, c’est la responsabilité de tous »

  • Top 14 - Clément Castets et le président de la République Emmanuel Macron lors de la finale de 2019
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Publié le Mis à jour
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Le pilier de Toulouse Clément Castets qui avait interpellé le président Macron sur ce thème avant la finale de Top 14, est très engagé sur les questions depuis son adolescence. Il porte, avec deux de ses partenaires, des actions à mettre en place au sein du Stade toulousain. Il raconte.

À quand remonte votre engagement écologique ?

J’ai commencé à prendre mes responsabilités autour de mes 14 ou 15 ans. Je suis allé au pôle espoirs et me suis retrouvé un peu seul. J’ai dû décider de la façon dont je voulais mener mes propres actions, agir en adulte alors que je n’étais encore qu’un adolescent. Là, j’ai découvert les comportements irresponsables de certains potes. Je leur disais : " Arrête de jeter tes papiers par terre." Sur le moment, les mecs avaient toujours la même réponse : "Ça va, tu nous fais ch…" Puis la fois d’après, ils avaient leur papier dans la main et me lançaient : "T’as vu Clem, je le mets à la poubelle." C’est ce genre de petits déclics qui m’ont amené à m’intéresser à l’écologie de manière plus macroscopique.

Était-ce une prise de conscience ?

Pour ce qui est de ne pas jeter les choses par terre, j’ai eu la chance de recevoir une bonne éducation de mes parents, c’est un geste que je n’ai jamais effectué. Mes premières actions, ce fut de ramasser les choses. Quand tu es petit et qu’il y a un truc au sol chez toi, on te dit : "Même si c’est pas toi qui l’as mis, c’est pas grave, tu le ramasses." Ce fut la même chose pour moi dans la rue. Par la suite, cela a pris une part importante de mon quotidien. J’ai enchaîné avec la trottinette comme moyen de transport, qui fait bien rire les copains.

Ce fut aussi un sujet de plus en plus d’actualité d’un point de vue sociétal ou politique…

Cela a pu me conforter dans mes convictions même si elles étaient bien ancrées. Le problème, à l’instant T, ne vient majoritairement pas des jeunes même s’il faut continuer à les sensibiliser. Je crois que nos générations ont conscience que la planète est éphémère et que nous sommes en train d’en abuser. Mais j’entends trop souvent les générations précédentes dire : "L’écologie, encore un truc à la mode." Sauf que le souci dépasse le fait que ce soit un sujet d’actualité.

Quels sont vos autres gestes au quotidien ?

J’essaye de ne plus utiliser de sacs plastiques et de faire mes courses presque exclusivement au marché. Je suis un habitué de celui des Sept-Deniers à Toulouse ! Cela fait travailler des producteurs locaux. Aller au marché, c’est bon pour la planète mais c’est aussi un cercle vertueux : les fournisseurs relancent l’économie du quartier, et ainsi de suite. L’écologie ne doit pas être vue comme une contrainte mais comme une source de solutions intelligentes pour, au bout du compte, que ce soit facile et rentable. Pour le compost, je vis en appartement, donc c’est plus compliqué mais je garde mes déchets et je les dépose dans un lieu prévu à cet effet. Je fais aussi beaucoup de prévention…

Est-ce un engagement citoyen ou s’agit-il, aussi, de politique ?

La politique, je n’y touche pas trop. Même si je vote et si j’ai mes opinions. La prise de conscience doit être collective, que l’on soit de droite, de gauche ou du centre. Nous sommes tous concernés et chacun doit agir. Quand je parle d’agir, la simple démarche de prendre conscience et de s’informer est un premier pas. Il y a trop de gens qui s’en foutent, jetent un sac poubelle au fond d’une forêt parce qu’ils n’ont pas envie de se rendre à une déchetterie. Même s’ils ne vont pas changer du jour au lendemain toutes leurs habitudes, parvenir à leur faire mesurer l’urgence de la situation est bénéfique. Pour une personne qui fait un acte responsable, il y en a trois autres qui jettent leurs mégots de cigarette au sol. On ne peut pas continuer comme ça.

Y êtes-vous confronté dans votre quotidien ?

Vous faites une activité où il y a de nombreux déchets et du gaspillage…

Bien sûr. Au Stade toulousain, cela va se traduire par la mise en place d’actions concrètes, j’espère d’ici la saison prochaine, parce que nous sommes dans un club, j’aime le croire, qui a toujours été novateur. Il veut l’être sur ce sujet. Divers événements individuels nous ont empêchés d’aller plus vite. Sur un plan personnel, il est vrai qu’on ne peut pas faire face à tout. Prendre l’avion pour nous déplacer en Coupe d’Europe, c’est un impératif. Pareil pour les bouteilles en plastique. Mais si on arrive sur des "giga structures", comme le Stade toulousain ou les grandes entreprises, à réduire notre consommation de déchets, ce sera une vraie avancée. Notre club est une figure représentative de la ville et, en montrant l’exemple, on peut avoir un impact décuplé, inciter les gens et enclencher un mouvement de solidarité. C’est d’ailleurs le mot que je place derrière "écologie".

Quels sont les projets dont vous parlez en interne ?

Avec Louis-Benoît Madaule et Alban Placines, nous sommes à l’origine de plusieurs actions qui devraient voir le jour. On aimerait que chaque joueur ou membre du bureau soit muni d’une gourde. Cela peut paraître bête mais, vu la consommation de bouteilles en plastique, ce serait une grosse différence. Idem pour les cafés avec une tasse personnelle. On souhaiterait repenser le système de nourriture à la cantine, à savoir ce que l’on y mange et ce que l’on y jette. Nous avons pensé à un compost, par exemple. Le but est également d’impliquer les supporters dans le nouveau stade qui sera un espace beaucoup plus vert dans les années à venir. Il y a plein d’idées qui germent, nous sommes très ambitieux mais il faut prendre en compte les réalités économiques et logistiques.

Comment est-ce accueilli par votre direction ?

On a affaire à des personnes très compétentes, que ce soit Jérôme Cazalbou (manager du haut niveau), Didier Lacroix (président) ou Jean-Luc Brumont (directeur administratif). Ils sont réactifs et avec eux, c’est carré. Ils nous ont aussi proposé des idées sur la logistique, pour s’organiser dans la mise en place. Ils étaient contents de voir que les joueurs étaient acteurs de la vie du Stade. L’écologie, c’est la responsabilité de tous. On peut même imaginer une concurrence saine et constructive en Top 14 : qui sera le plus vert à la fin de la saison ?

L’image qui vous a vu interpeller le président Emmanuel Macron sur l’écologie avant la dernière finale du Top 14 a beaucoup marqué. Aviez-vous anticipé la portée de ces propos ?

Au risque de paraître naïf, j’étais persuadé que personne ne l’entendrait, à part lui bien sûr. Ma réflexion a été la suivante : s’il veut être réélu, il faut qu’il se dise que l’écologie compte, qu’elle est importante pour des gens comme moi. Je me suis parfois dit : "Tu ne vas pas faire ça, c’est quand même la finale." Mais c’était une chance unique de transmettre mon message et je ne voulais pas le regretter plus tard. J’avais envie de le faire et je m’y sentais obligé. Cela a beaucoup fait parler autour de moi. Je ne suis qu’un minuscule rouage mais si cela a pu apporter un maigre éclairage sur l’écologie, tant mieux. Certaines personnes sont venues me voir après cet épisode en me disant : "C’est bien le jeune, tu as raison." Si elles peuvent changer quelques petites habitudes, j’ai tout gagné.

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