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Le jour où... Midol a cassé sa "Une"

Par Jérôme Prévôt
  • Le capitaine du XV de France victorieux en Nouvelle-Zélande, Philippe Saint-André était mis en valeur le 3 juillet 1994 en « Une  » de Midi Olympique, ci-contre. Aucun photographe de Midol n’était présent, c’était une photo d’archives de « PSA » qui avait été choisie.Ci-dessus, la « Une  » de la semaine suivante, avec une photo de l’un des exploits français en terres néo-zélandaises. Photos Midi Olympique Le capitaine du XV de France victorieux en Nouvelle-Zélande, Philippe Saint-André était mis en valeur le 3 juillet 1994 en « Une  » de Midi Olympique, ci-contre. Aucun photographe de Midol n’était présent, c’était une photo d’archives de « PSA » qui avait été choisie.Ci-dessus, la « Une  » de la semaine suivante, avec une photo de l’un des exploits français en terres néo-zélandaises. Photos Midi Olympique
    Le capitaine du XV de France victorieux en Nouvelle-Zélande, Philippe Saint-André était mis en valeur le 3 juillet 1994 en « Une » de Midi Olympique, ci-contre. Aucun photographe de Midol n’était présent, c’était une photo d’archives de « PSA » qui avait été choisie.Ci-dessus, la « Une » de la semaine suivante, avec une photo de l’un des exploits français en terres néo-zélandaises. Photos Midi Olympique Midi Olympique
  • Midi Olympique
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Ce lundi de juillet 1994, Midi Olympique consacrait toute sa "une" à une seule photo, celle du capitaine du XV de France vainqueur deux fois en Nouvelle-Zélande, Philippe Saint-André. Une telle unicité était encore rare à l’époque. Souvenirs…

C’est à notre souvenir la première "Une " de l’histoire du journal consacrée à une seule image. Philippe Saint-André, capitaine du XV de France et son superbe regard. Il venait de conduire le XV de France à une double victoire en Nouvelle-Zélande. Mais Midi Olympique n’avait pas de photographe parmi ses envoyés spéciaux. Alors ce cliché si évocateur ne venait pas du second test d’Auckland, nous l’avions trouvé dans nos archives. Il datait probablement du Tournoi précédent. "Face au pays de Galles" souffle un photographe. Si c’est vrai, c’est assez paradoxal, on a illustré une victoire extraordinaire des Bleus avec une photo… de défaite puisque la France avait perdu à Cardiff cette année-là. Voilà une jolie loupe sur les ficelles et les coulisses de la fabrication d’un journal.

Cette "Une" a forcément été imaginée et arbitrée par Henri Nayrou, rédacteur en chef de l’époque. "Oui je l’ai forcément arbitrée en prenant l’avis de deux ou trois personnes. Sincèrement, je n’ai pas de souvenirs précis de ce moment-là. Je ne suis pas sûr que ce soit la première "Une " plein pot, d’ailleurs. Je me souviens aussi de ce moment où Jérôme Gallion était pressenti pour entraîner l’équipe de France. Tout le monde le cherchait, il était en train d’escalader le Mont-Blanc… avec un de nos reporters à titre privé. Nous avions été les seuls à montrer où il était. Un gros retentissement…" C’était en septembre 1990. En cherchant bien, on est aussi tombé sur une "une plein pot" qui datait du Tournoi précédent, avant Galles-France justement (Thierry Lacroix et Neil Jenkins). L’idée était donc dans l’air. Mais disons alors que la Une "Saint-André" fut l’une des premières "Une totale" à saluer un exploit sportif. Elle correspondait à une évolution de la presse. En ces années 90, on s’éloignait des premières pages en forme de mosaïque qui étaient la norme dans les années 50-60. On y concentrait un maximum de titres, de titrailles et de débuts d’article avec parfois quelques photos, comme mises à regret. C’était un tel capharnaüm qu’avec nos yeux modernes on se demande bien comment les lecteurs pouvaient y trouver leur compte. Et pourtant, elles se vendaient comme des petits pains.

Mais peu à peu les Unes se sont aérées. Pourquoi ? Difficile à affirmer. Des explications existent tout de même. Comme l’a fait remarquer Pierre Haski, ancien reporter à Libération et président de Reporters sans Frontières, la presse écrite des années 90 a de plus en plus cherché à véhiculer une "émotion", "un commentaire à des lecteurs saturés d’informations" par les médias audiovisuels, plus tard par Internet.

Sur ce chemin, Libération a joué un grand rôle dans les années 80. Le quotidien de la gauche intellectuelle et branchée fut le premier à bousculer les codes et à consacrer 100 % de sa "Une " à une photo et à un simple titre, souvent à l’occasion de disparitions (celle de Coluche en 1986 par exemple : "C’est un mec, y meurt… "), mais pas seulement. Il était normal que la presse sportive emboîte le pas. "En plus, la rédaction de Midi Olympique avait travaillé avec celle de Libération sur le supplément de la Coupe du Monde 1991 — un vrai petit chef-d’œuvre" poursuit Jacques Souquet, ancien reporter de Midol.

L’influence de… Maradona

On croit aussi se souvenir que cette "Une Saint-André" était survenue quelques jours après une autre "Une ", très percutante de L’équipe. Elle était consacrée à Diego Maradona. On était alors en pleine Coupe du monde de foot et le prodige argentin, 34 ans, requinqué après une période difficile, avait brillé de mille feux au premier tour, avant de se faire tester positif à un contrôle antidopage et se faire exclure de la compétition. "C’était trop beau" avait titré le quotidien sportif avec une énorme photo du joueur accablé, sans aucune autre information autour, mais un petit encadré consacré à un éditorial assez bref..

Nos souvenirs se précisent : oui, cette "Une Maradona" avait eu une influence sur la "Une Saint-André". Le boss du Midol, d’un naturel très fort sur les titres, avait vu ça comme une évidence. À performance exceptionnelle, "Une " exceptionnelle. Une première page comme ça, ça s’achète pour lire ce qui suit bien sûr, mais aussi pour la conserver, comme une relique et un souvenir qu’on peut accrocher au mur. Une autre façon de déclencher une passion…

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