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Les revers de la vertu

  • La boutique du Stade français à Paris
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Publié le Mis à jour
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Certains clubs vivent sur une économie réelle, en générant l’intégralité de leurs ressources. Mais ils pourraient être les plus impactés à court terme…

Qui seront les écuries les plus impactées par la crise, laquelle oblige les compétitions à être à l’arrêt ? Chacun y laissera des plumes, tant l’économie de ce sport paraît fragile, et d’autant plus affaiblie par l’absence de matchs qui va s’accumuler. "Les conséquences sont gravissimes", annonçait il y a dix jours dans ces colonnes le spécialiste Gérard Coudert, qui exerce au CDES de Limoges, alors qu’on parlait encore de huis clos. Car le rugby, par la répartition de ses recettes d’exploitation, est dépendant des contrats de partenariats et, à un degré moindre (mais quand même conséquent) de la billetterie et des hospitalités. À titre d’exemple, le football est aussi touché mais il est tellement "télédépendant" que, lorsque la vie courante reprendra son cours, les droits TV permettront en partie d’amortir la chute. Ce ne sera pas le cas en rugby, surtout pour les clubs considérés comme les plus vertueux. Quelques-uns ont réussi, dans la lignée du Stade toulousain qui fut le précurseur et en est resté l’exemple malgré des difficultés financières ces récentes années, à mettre en place ce que l’on appelle une économie réelle. Président des Rouge et Noir de 1992 à 2017, René Bouscatel explique : "Le modèle que l’on avait créé au Stade toulousain, à savoir mes prédécesseurs et que l’on avait poursuivi dans la construction du professionnalisme, permet d’avoir une économie qui ne dépend que de soi-même, à savoir un club qui génère l’intégralité de ses ressources." Ceci par le biais des entrées au stade, des buvettes, de la restauration, du merchandising et du partenariat. Une sorte de cercle vertueux qui offre la garantie d’éviter les montages artificiels. "Certains sont autosuffisants ou presque", se réjouit Bouscatel. Si les modèles diffèrent ici et là, c’est notamment le cas de La Rochelle ou de l’Union Bordeaux-Bègles, pour lesquels les affluences à Marcel-Deflandre et à Chaban-Delmas sont des aubaines économiques.

Quid des partenariats ?

Le problème ? L’arrivée massive de mécènes et de propriétaires investisseurs dans le rugby, qui ont dépensé une partie de leur fortune à perte, a entraîné une flambée exponentielle des masses salariales. Dans ce contexte, tout le monde a dû suivre et parfois se mettre en danger. "Même quand on gagnait, c’était difficile, poursuit Bouscatel. On a connu tant de finales, de phases finales mais il suffit de ne pas avoir de titres durant un ou deux ans, tout en étant qualifiés, pour que ce soit alarmant. Si on ne joue que sur son économie et si on veut rester au premier plan, il faut des résultats sportifs exceptionnels tous les ans. Mais on ne peut pas gagner à chaque fois. L’idéal serait que les clubs arrivent à vivre de ce qu’ils génèrent sans se mettre en danger." Ce n’est pas la norme aujourd’hui. Quand des clubs comme Montpellier, le Stade français, Toulon ou le Racing 92, qui peuvent compter sur les deniers de leurs propriétaires, sont à l’abri à court terme (même si, il faut le répéter, les pertes seront aussi énormes), d’autres risquent de jouer leur survie dans les mois à venir. Ceux précédemment cités, ou ceux encore de petites et moyennes villes (comme Agen) qui — outre les recettes guichets — s’appuient sur un fort tissu de partenariats locaux. Qu’adviendra-t-il des partenaires également frappés de plein fouet ? Iront-ils jusqu’à se retirer en masse ? Ce serait dramatique pour certains… "C’est terrible de voir les clubs au modèle vertueux être les plus en danger, s’inquiète Bouscatel. Si la crise économique dure, ceux qui vivent sur leur économie auront des difficultés beaucoup plus grandes que ceux où il y a des investisseurs qui apportent de façon importante et récurrente au capital." Triste et implacable réalité.

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