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Tensions entre les présidents de Top 14 et Pro D2

  • Paul Goze (président de la LNR)
    Paul Goze (président de la LNR) Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Les présidents ou représentants des clubs de Top 14 multiplient les réunions téléphoniques ou les visios afin de tenter de se mettre d’accord sur un scénario de fin de crise mais pour le moment, il n’y a aucun consensus qui se dégage.

"Nous sommes en temps de guerre, restons solidaires." Ces propos sont ceux que le président de la LNR, Paul Goze, a fait parvenir mardi matin, par courriel, à l’ensemble des présidents de clubs. Lassé des interventions des uns et des autres dans les médias, il a demandé une plus grande discrétion et surtout souligné la confidentialité des discussions en cours. Las, le président de la LNR n’est pas franchement entendu ces dernières heures. Et pour cause. Les dissensions sont de plus en plus nombreuses. À l’issue de la deuxième réunion du groupe de travail numéro 1 (en charge de "l’analyse des scenarii de reprise des compétitions 2019-2020 et de leurs impacts") qui s’est déroulé mardi, le scénario d’une reprise des compétitions à huis clos, quatre semaines après la fin du confinement, avait semblé satisfaire plusieurs protagonistes, malgré les interrogations - nombreuses - de certains autres participants. Ils évoquaient d’ailleurs plutôt la mise en place de péréquations pour établir un classement final. Bref, rien de très bien abouti, encore moins faisant consensus.

Et puis, le Directeur général du Stade rochelais Pierre Venayre s’est fendu d’un courriel à l’ensemble des présidents de club dans lequel se trouvait un document intitulé : "Les dix raisons d’arrêter le championnat." Une vraie surprise pour beaucoup. Au début de la crise, les dirigeants rochelais comptaient parmi les partisans d’un retour à la compétition. L’évolution de la pandémie faisant son chemin, ils ont visiblement revu leur position. Dans ce document que nous nous sommes procuré (lire ci-contre), le bras droit de Vincent Merling, le président du club maritime, livre sa vision de la situation de façon très claire. "Les Rochelais n’ont pas intérêt non plus à jouer à huis clos, glisse malicieusement un autre président. Pour eux qui ont l’habitude jouer à guichets fermés, ce serait beaucoup de pertes..." Toutefois, la proposition de Pierre Venayre a emporté l’adhésion de nombreux clubs. Plusieurs l’ont fait savoir par retour de mail à l’ensemble des présidents. En vrac : Nevers, Pau, Rouen, Agen, Provence Rugby, Bayonne, Biarritz, Brive ou encore le Stade français et Clermont.

Le Racing répond à La Rochelle

Évidemment, cette initiative n’a pas été goûtée par tout le monde. Certains clubs veulent absolument rejouer. Parmi eux, il y a l’UBB, le Stade toulousain ou encore plusieurs clubs de Pro D2 désireux de pouvoir éventuellement accéder au Top 14. Et puis, il y a le Racing 92. Les dirigeants du club francilien ont contre-attaqué pour faire barrage à l’initiative rochelaise. Le document, que nous nous sommes également procuré, n’est pas signé de la main de Jacky Lorenzetti, mais il est intitulé : "Raisons de tout faire pour finir le championnat." Surtout, à chacun des 10 points répertoriés par Pierre Venayre pour qu’on annule finalement la saison en cours, le Racing 92 a apposé un commentaire.

Au point numéro un, il est notamment rétorqué : "Il me semble scandaleux de prétendre que la santé des joueurs comme de la population passe au second plan. L’axiome de base de notre réflexion est bien entendu totalement dépendant de cette obligation. La santé, la santé, rien que la santé. Ceux qui pensent à jouer une éventuelle fin de championnat ne sont donc pas pour autant des inconscients, bien au contraire. Espérons que la note de La Rochelle ne sera pas diffusée à l’extérieur laissant à penser qu’il y a dans le rugby des gentils et des méchants." Ambiance…

Au point du numéro quatre, le dirigeant rochelais développe l’idée que de reprendre la compétition à huis clos serait "pathétique". Réponse du Racing 92 : "Faire vivre le rugby c’est jouer, même à huis clos. Se cloîtrer sans jouer, c’est le condamner. Quid des millions de téléspectateurs qui, en cas de huis clos, profiteront des matchs joués à la télévision ? C’est au contraire respecter nos supporters, nos partenaires et donc notre sport." La distance séparant ces avis semble grande. Immense. Et que dire du point numéro 8 ? Pierre Venayre évoque "un gel du championnat sans titre, ni promotion, ni relégation". "Le mieux serait qu’on puisse finir ce championnat avec au minimum trois dates pour des quarts à huit clubs, demie et finale (en TOP 14 et en Pro D2) pour clôturer un championnat aux deux tiers des phases qualificatives, réplique le Racing 92, sans descente et avec une montée, pour un championnat à 15 en 2020-2021 qui permettrait à Canal + de récupérer un peu de sa fidélité et de son soutien."

La Ligue pousse pour une reprise

Vous l’avez compris, il y a quasiment autant d’avis sur la formule à adopter pour essayer de terminer la saison en cours que de présidents de clubs. Toutefois, tous s’accordent sur le fait qu’il ne faudra prendre aucun risque avec la santé des joueurs, des staffs techniques ou des supporters. Tous sont en attente aussi des directives du gouvernement. Avant le début de cette réunion du mercredi, un président jurait à ce sujet : "On se trompe de question. Notre priorité devrait être d’envisager le pire scénario pour avoir éventuellement une bonne surprise." Seulement, la LNR voit aussi son intérêt financier et pousse les clubs à trouver une solution pour rejouer. Les recettes d’une phase finale, c’est de l’ordre de 10 millions d’euros. Et à ce jour, la Ligue a d’ores et déjà vendu pour 6 millions d’euros de billets de matchs. Dans sa réponse au Stade rochelais, la conclusion de Jacky Lorenzetti était porteuse d’espoir, au moins sur la qualité du dialogue à instaurer. "Restons unis et solidaires tout à l’heure (N.D.L.R. : le mail a été envoyé en amont de la réunion de 17 heures, le mercredi), ce serait un premier pas positif. Évitons le clivage facile entre ceux qui sont favorables à l’arrêt du championnat qui seraient de grands humanistes, et ceux qui souhaitent envisager les contours d’une reprise qui seraient égoïstes et inhumains." Un vœu resté pieux…

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