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Retière : « Les critères de taille et poids ne sont pas fiables »

  • Didier Retière, directeur technique national
    Didier Retière, directeur technique national Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que de nombreuse voix s’élèvent en France pour réclamer l’instauration de catégories de poids, plutôt que d’âge, à l’école de rugby, Didier Retière, Directeur technique national, pense que ce système a ses limites. 

La Fédération a-t-elle déjà étudié la possibilité de mettre en place des catégories de taille et de poids ?

Beaucoup de nations s’y intéressent. Nous avons beaucoup échangé avec l’Australie qui est aussi dans cette réflexion. Nous avons regardé les études faites là-bas mais aussi en Nouvelle-Zélande où ce système est en place dans certaines provinces. Nous avons aussi fait une étude en France, avec l’université de Toulon et nous travaillons aussi avec l’université de Clermont et l’ASM sur ce sujet.

Quels sont les résultats ?

Ces études mettent en avant plusieurs choses. Tout d’abord, il ressort que les catégories de taille et de poids ne représentent pas la puissance physique. On a des joueurs grands et lourds qui n’expriment pas de vitesse ni de puissance. Ce sont donc des joueurs qui ne sont potentiellement pas dangereux. Au contraire, ils pourraient se retrouver en danger dans une catégorie de poids avec beaucoup de joueurs puissants. Les critères taille et poids ne sont donc pas forcément très fiables. Aussi, l’étude de Toulon a fait ressortir que les jeunes qui jouent au rugby ne sont pas dans la moyenne nationale. Il faut arriver à construire des tables de taille et de poids spécifiques car nous avons 60 % de nos joueurs, selon une étude faite sur les moins de 15 ans de Côte d’Azur, qui seraient considérés comme obèses. Pourtant, ils ne le sont pas mais ils ont une densité bien supérieure à la moyenne nationale. Autre aspect, selon une étude néo-zélandaise, le classement par taille et poids pose un problème pour certains enfants qui ne sont pas au même âge psychologique que leurs partenaires ou adversaires. C’est comme un enfant à qui ont fait sauter une classe, ce n’est pas toujours une réussite.

Quels sont les axes de travail alors du côté de la direction technique nationale ?

Au regard de tout ça, nous travaillons avec Clermont sur la maturité du joueur pour proposer de nouvelles mesures à partir de la saison 2021-2022. On trouve des gamins avec des gabarits tout à fait normaux mais qui sont capables de développer une telle puissance qu’ils sont quand même des joueurs dominants. J’en parle facilement puisque cela a été le cas de mon fils Arthur quand il était jeune. Ils sont capables de développer une telle puissance qu’ils peuvent mettre d’autres joueurs en danger malgré un gabarit tout à fait normal. Notre idée est donc de proposer des surclassements ou des sous classements qui nous paraissent plus adaptés à des catégories de taille et de poids. La Nouvelle-Zélande doit gérer des physiques hors-norme car les Maoris et les Polynésiens, qui sont très représentés dans leur population, ont des profils athlétiques très différents des gens d’origines européennes. Nous avons quelques gamins hors normes mais nous en avons peu à gérer pour l’instant. Nous allons donc privilégier la maturité psychologique et physique tout en ayant quelque chose de relativement simple à mettre en place chez nous.

Qui va décider des surclassements ou des sous classements ?

On va donner fournir un protocole à suivre avec plusieurs papiers à remplir pour valider un surclassement ou un sous-classement qui sera aussi étudié avec la commission médicale régionale. Mais le but est de pouvoir offrir cette opportunité-là aux clubs, qui vient renforcer un ensemble de mesures déjà prises avec le plaquage à la taille, la fin du passage en force, et l’obligation de faire du jeu à toucher chaque saison. Tout cela doit permettre un développement assez harmonieux des joueurs et des joueuses pour éviter d’avoir un jeu basé sur l’affrontement qui était apparu dans nos écoles de rugby par mimétisme du Top 14. Enfin le personnage clé de ce projet est l’éducateur qui peut s’adapter pour intégrer les nouveaux joueurs qui n’ont pas encore de repères. Par exemple, avec tous les joueurs sur le terrain, il peut décider que le débutant va jouer à toucher au milieu des autres qui jouent à plaquer, en attendant qu’il travaille le plaquage à travers des ateliers spécifiques. C’est un vrai challenge car il faut que ce soit simple et efficace.

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