Ventres vides, têtes pleines

  • Bill Beaumont et Bernard Laporte après l'annonce de la Coupe du monde 2023 en France
    Bill Beaumont et Bernard Laporte après l'annonce de la Coupe du monde 2023 en France Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Et si c’était l’heure ? Enfin, l’heure. Et si, face au vide qui nous préoccupe, c’était le bon moment d’en venir aux vrais sujets de fond du rugby français et international. Se poser les bonnes questions, manière de trouver les réponses adaptées. Pour aujourd’hui et, surtout, pour demain.

C’est peu ou prou en ces termes que nous avions abordé le défi du confinement, mi-mars. Et c’est sur cette ligne éditoriale que Midi Olympique progresse depuis, plus que jamais accroché à l’idée de voir cette période de crise, par-delà les tensions entre dirigeants, incarner une formidable opportunité pour le rugby.

Parce que le ventre plein fait tête vide, nombre de sujets ont trop longtemps été délaissés. Faute de temps, de convictions ou -pire- d’idées… Dans le désordre, citons le train de vie du Top 14 et les salaires des joueurs, le format des compétitions, la cohérence des mondes amateurs et professionnels, la place et le rôle des championnats face aux sélections, ou par-dessus tout le calendrier international. Voilà quelques-unes des thématiques à propos desquelles nous nous sommes trop souvent arrangé avec la vérité.

Depuis mi-mars, les ventres se sont creusés. Au milieu du désordre qui règne et la bataille sur la fin de saison, les cerveaux ont pris le relais pour faire valser les tabous et imaginer l’avenir. Les premiers sujets sont sur la table. D’abord, les salaires. Vous le lirez dans ce journal, les joueurs n’échapperont pas à l’élan de solidarité : ils devront participer à l’effort de guerre. Mais cette « pause » dans l’inflation devrait n’être qu’une première étape sur le chemin d’une économie plus réaliste, vertueuse et prudente. La suite s’écrira ainsi autour d’un abaissement significatif du Salary cap et donc des salaires, avec l’instauration d’un Marquee Player pour continuer d’attirer les stars mondiales. C’est du moins à souhaiter.

L’autre sujet de la semaine concerne le projet de création d’une Coupe du monde des clubs. C’est un vieux serpent de mer, qui n’a jamais abouti. Paul Goze a expliqué aux clubs vendredi qu’il en discutait régulièrement avec l’EPCR et la Ligue anglaise. Bernard Laporte, lui, en fait un atout dans sa volonté de réformer le calendrier international, une fois qu’il sera réélu à World Rugby. Il détaille ici les grandes lignes de ce projet qui pourrait voir le jour en 2022. Quand les leaders du rugby français se font ainsi face, il faut s’attendre à un combat musclé. D’autant plus musclé si les clubs, jusqu’ici divisés, se trouvent une cause à défendre dans les pas du président de la LNR…

Alors, crédible ce Mondial ? Oui, si World Rugby décide d’harmoniser enfin les saisons et d’offrir aux clubs une visibilité qu’ils n’ont jusqu’ici jamais eue ; leur reconnaissance à l’international. C’est la clé. Impossible en effet de considérer ce Mondial comme une compétition supplémentaire qui, pour exister, « tuerait » la Coupe d’Europe. Dans l’ordre des choses, il faudra donc d’abord repenser les calendriers avant de savoir où et comment s’affronteront les meilleurs clubs de la planète, et pour quelles retombées. Il faudra aussi et surtout se demander s’il est bien opportun de vouloir courir le monde au moment où la crise du Coronavirus met à mal tous nos modèles. Et qu’elle semble renforcer le besoin de proximité entre tous, au cœur de nos propres territoires. La réflexion n’est reste pas moins essentielle.

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