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Dimanche 1 Octobre 1972 - Lavelanet Nice : rugby de folie !

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    Dimanche 1 Octobre 1972 - Lavelanet Nice : rugby de folie ! Jean-Louis Bedrede - Picasa
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Le match Lavelanet-Nice fit scandale en 1972 par sa violence. Raymond Sauter alors rédacteur en chef signa un article véhément pour dénoncer les faits. Nous vous le restituons. ci dessous.
 

Où va le rugby français ? C’est la question que nous nous posons depuis longtemps avec anxiété. Et nous comprenons que le Président Ferrasse ait pris la ferme décision de se montrer impitoyable avec les fauteurs de trouble.

Mais où va le rugby niçois ? C’est ce que nous pouvons nous demander maintenant avec angoisse. Car jusqu’à ce jour, tous les incidents dont on faisait porter la responsabilité aux rugbymen niçois avaient été contreversés.

Quand les étudiants du T.U.C. se firent proprement rosser à Avignon, en seizième de finale de deuxième division, les Azuréens crièrent au scandale en se voyant accuser. Il  n’empêche que le talonneur Alain Boussès, sauvagement agressé, ne joua plus au rugby, et que le président du T.U.C., le docteur David, se retirera avec d’autres dirigeants toulousains, tant il était écoeuré.

Mais des sanctions ne purent être prises. Le dossier d’accusation manquait de clarté. Dans bien d’autres matches, les niçois furent mis au pilon. Toujours sans des preuves irréfutables.

Nous ne pensons pas, cette fois, qu’ils échapperont au couperet. Car tous les observateurs officiels étaient d’accord. Avant même de s’être vus. Et les spectateurs aussi qui n’étaient pas tous de Lavelanet. C’était bien les Niçois qui avaient été à l’origine  de toutes ces affreuses bagarres.

Ils déclenchaient au grand jour avec une telle impudeur que nous nous demandions si ces guerriers n’étaient pas dans un état second.

A l’habitude, les mauvais coups sont donnés sournoisement, sans qu’il soit possible de déceler les coupables. Là, pas du tout. Tout se passait au grand jour. A visage découvert.

Un capitaine qui sème le trouble

Hache, que ses fonctions de capitaine appelaient à donner l’exemple, ne se gêna pas. Dans le mauvais sens malheureusement.

Nous ne parlons pas du rugbyman. Nous avons vanté ses qualités en d’autres occasions. A Lavelanet nous n’avons vu que le belligérant. Disons d’ailleurs qu’il n’en manque pas de courage. D’autres, diront sans doute, d’inconscience. Car nous l’avons vu, à lui seul, poursuivre à grands coups de pied quatre Lavelanétiens, après avoir couché Nègre pour le compte. Dans ce genre d’exercice il mériterait l’admiration si nous n’avions pas à parler de rugby. C’est d’ailleurs sur ce dernier exploit que M. Comte, l’arbitre alpin, se décida à arrêter le massacre sur les conseils de M. Lucien Barbe, le délégué sportif. Mais le capitaine niçois avait parsemé ces cinquante-huit minutes odieuses d’agressions répétées.

Seuls les gendarmes….

D’autres évidemment se mirent à l’unisson : Vadella, Ballatore et le centre Carreras les premiers. Mais le grand fautif, avec Hache, et le seconde ligne Sappa.

Expulsé dès la troisième minute pour maître coup de savate, il se refusa à  regagner les vestiaires. Au lieu de prendre une douche bienfaisante, il resta sur le bord de la touche, d’où on le voyait bondir – spectacle inhabituel – sur le terrain quand une bagarre éclatait.

Les interventions de l’arbitre et du délégué sportif n’y firent rien. Seuls les gendarmes, après quelques horions, purent l’envoyer hors de l’arène.

Rien donc ne se passa à Lavelanet comme à l’habitude. Pour une fois le partage des responsabilités ne souffre aucune discussion.

C’était l’avis du docteur Teulières, membres du comité directeur de la F.F.R., à qui le président Ferrasse demandera certainement un rapport.

« Ecoeurant ! Nous avoua-t-il. Ces anciens Toulonnais causent un grand tort au R.C.Nice, alors qu’ils auraient pu faciliter l’essor du rugby sur la Cote d’Azur. Avec Sappa, dont la conduite a été scandaleuse, je vais aussi signaler Hache et Vadella. »

Même son de cloche pour M. Lucien Barbe, l’ancien arbitre  grand renom, qui avait été heureusement délégué par la F.F.R. : « j’ai dû intervenir cinq ou six fois, nous rappelait-il, chaque fois pour tenter de calmer les Niçois. Sans résultat. J’ai donc demandé au directeur du jeu, après une nouvelle agression du capitaine niçois, de renvoyer les deux équipes aux vestiaires. Peut-être aurions-nous dû le faire plus tôt. C’est la première fois, en quarante-cinq ans que je vois ça. Nice a conservé dans sa manière le plus  mauvais Toulon d’une certaine époque. Je demanderai contre ce club des sanctions exemplaires. »

Et d’ajouter : «  Savez-vous que Sappa m’a menacé de me faire la peau quand je voulais le faire rentrer aux vestiaires ? C’est à peine croyable. Notre but est de permettre à des jeunes gens de pratiquer leur sport favori dans le meilleur esprit. Nous n’avons pas le droit de leur faire courir tant de dangers. »

M. Comte, à qui on reprochait de n’avoir pas expulsé Hache après Sappa, reconnaissait son impuissance : «  Ce n’aurait servi à rien, expliquait-il. Les Niçois n’étaient pas venus pour jouer au rugby, mais pour créer des incidents. »

Dimanche 1 Octobre 1972  - Lavelanet Nice : rugby de folie !
Dimanche 1 Octobre 1972 - Lavelanet Nice : rugby de folie ! Jean-Louis Bedrede

De peur d’être agressés

Quelle mouche avait donc piqué les compagnons d’Herrero ?

Ils avaient certes été mal accueillis par un public qui n’avait pas oublié la chaude réception qu’avaient reçue ses joueurs quinze jours au paravent à Nice. Car il y avait eu un match très dur pour les Ariégeois sur la Côte d’Azur, en coupe de l’Espérance. Mais ces huées peuvent-elles expliquer tout ? Si oui, avouons qu’il n’en faut pas beaucoup aux niçois pour sortir de leurs gongs.

Marcel Volot, dont nous avions souvent apprécié la courtoisie, crut avoir trouvé la bonne réponse quand il tenta de nous expliquer : «  vos journaux ont grossis les derniers incidents de Nice. Ils appelaient à l’émeute ! »

Et voilà ! C’est donc notre faute. Affolés par les écrits de nos confrères, les joueurs Niçois ont donc eu peur d’être attaqués. Alors ils ont pris les devants.

Regrettons seulement que des dirigeants du club n’aient pas plus de lucidité d’esprit. C’est en cautionnant de tels excès, sous des prétextes enfantins, qu’ils faillissent à leur rôle d’éducateurs.

Fausse route !

Rappelons aussi à Marcel Volot que nous avons pris une large part à l’envol du rugby à Nice, à l’époque où l’exemplaire et regretté Pouech, notre directeur, occupait sa retraite niçoise à lancer le vrai rugby sur la Côte d’Azur.

Et nous sommes les premiers à regretter aujourd’hui d’avoir à crier : «  Fausse route ! »

La fédération, qui se réjouissait aussi d’avoir vu remonter le R.C.Nice en Nationale, ne pourra pas d’avantage fermer les yeux. La défense du rugby dans ce coin, gagné au football, ne justifiera pas la moindre faiblesse.

Le R.C.Nicois risque donc de payer fort cher, ces graves erreurs d’un après midi de folie.

Raymond SAUTET.

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