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Ducuing : « Je ne conçois pas une journée sans rire »

  • Nans DUCUING , arrière international de Bordeaux-Bègles.
    Nans DUCUING , arrière international de Bordeaux-Bègles. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Talentueux et spectaculaire sur le terrain, l’arrière girondin se sert aussi de son sens aigu de la comédie pour régaler les supporters et animer les réseaux sociaux, faisant ainsi souffler un vent de fraîcheur en ces temps troublés. Rencontre avec un trublion sensible et intelligent.

On vous a vu, ainsi que vos coéquipiers, mettre beaucoup de cœur à l’ouvrage pour animer les réseaux sociaux ces derniers temps. Cette présence est-elle encore plus importante en période de confinement ?

Oui car dans cette période de confinement, nous avons tous besoin de nous changer les idées et de voir autre chose. Le club a donc décidé, avec l’accord de quelques joueurs et de Christophe Urios, de faire passer quotidiennement le commpte Instagram de l’UBB entre les mains des joueurs volontaires. C’est une belle idée car cela nous permet de rester proches de nos supporters et leur raconter notre confinement.

Cela a créé une compétition entre les joueurs ? À celui qui sera le plus original, ou le plus drôle ?

Non, c’est juste que certains sont plus à l’aise que d’autres. Personnellement j’adore déconner donc j’avais tablé là-dessus mais cela dépend des personnalités de chacun. Jean-Baptiste Dubié était aussi attendu sur ce terrain, et cela nous fait simplement plaisir de le faire…

Votre manager, Christophe Urios, nous confiait récemment que l’entretien de ce lien avec le public était l’un des axes principaux de cette période…

C’est vrai. J’en suis à ma cinquième saison et on m’a toujours répété que l’UBB était un club familial. C’est dans son ADN et c’est réel. On a toujours été proches de nos supporters, encore plus cette saison car l’équipe marchait bien. La relation était encore plus forte et on ne voulait pas couper ce lien-là…

Justement, comment vivez-vous cette coupure alors que l’UBB dominait le championnat ?

En tant que compétiteur, c’est frustrant. Je ne vais pas vous mentir, cela me mettrait les boules si la saison venait à être annulée. On avait le sentiment d’écrire une belle page du club… Bien sûr, rien n’était fait et il restait plusieurs matchs à jouer. Mais nous étions sur une dynamique qui nous laissait à penser que cette année pouvait être la bonne. Après, je parle au passé mais j’espère encore que la saison va reprendre…

Sur un plan personnel, comment vivez-vous le confinement ?

On en parle souvent avec ma compagne, mais on s’y fait plutôt bien. Bien sûr, on préférerait sortir mais on trouve des occupations. On fait beaucoup de sport, on trouve des activités, le tout sans contrainte horaire. C’est nettement plus plaisant que ceux qui se trouvent en première ligne pour combattre le virus. Et puis je suis quelqu’un d’assez optimiste et jovial, tout comme ma compagne donc on ne s’ennuie pas.

D’où vous vient ce talent pour la comédie ?

Mon père était un fin blagueur… Il l’est toujours d’ailleurs ! Ma mère possède aussi ce côté souriant, à rigoler constamment. Donc cela doit venir d’eux. Après, j’ai toujours été bercé dans la blague, le rire… Je ne conçois pas une journée sans rire. J’ai grandi avec les Charlots, les Nuls, les Inconnus, les caméras cachées de Lafesse… J’ai toujours aimé faire des bêtises, mais toujours dans le respect et la rigolade. J’ai l’impression que cela ne fait qu’empirer avec l’âge… Donc je ne sais pas où cela va me mener !

Avez-vous des censeurs parmi vos proches, qui vous avertissent quand vous allez trop loin ?

Oui bien sûr… Plus jeune, j’ai fait des coups sur lesquels je me dis aujourd’hui que j’ai dépassé les bornes. Et plusieurs de mes proches m’ont averti, en me disant que mes blagues pouvaient me porter du tort. Je les ai écoutés, mais souvent le naturel revient au galop…

Tom Ecochard nous a, à ce titre, raconté l’anecdote à propos du taser de Henry Tuilagi, votre ancien partenaire à l’Usap. (voir ci-contre)

(Rires) Je peux dire que sur ce coup-là, j’ai changé mon caleçon de suite… C’était sur le retour d’un match à Mont-de-Marsan. Henry, c’était le chef du vestiaire à l’époque. Moi, je n’étais qu’un petit jeune qui venait d’arriver. J’étais en train de jouer aux cartes quand je l’ai entendu hurler mon prénom. Il m’avait demandé de le rejoindre au milieu du bus et avait sorti un taser. J’étais pétrifié, je disais "amen" à tout ce qu’il disait, je me suis excusé quarante fois pour ce que j’avais fait la semaine d’avant. Et le bus était devenu si silencieux que l’on pouvait entendre les mouches voler…

Avez-vous un autre souvenir ?

Un jour j’avais aussi secrètement offert aux trois talonneurs de l’Usap, Raphaël Carbou, Romain Terrain et Benoit Cabello, des tee-shirts de pizzaïolos avec marqué en gros "Chez Luigi". Je les avais déposés dans leurs casiers et le lendemain, tout le monde cherchait le coupable. Vous imaginez bien qu’ils n’ont pas mis longtemps à me trouver…

Vous avez aussi des "partenaires de crime", comme Jean-Baptiste Dubié à l’UBB. Vous vous inspirez mutuellement ?

On est aussi truffé l’un que l’autre, en effet. On est souvent sur la même longueur d’onde. Dès que l’un part, l’autre suit et c’est l’escalade. On ne sait pas si on se tire vers le haut ou vers le bas, mais on s’est bien trouvé dans la connerie en tout cas…

Avez-vous eu un retour de votre manager Christophe Urios, que vous avez parodié dans vos vidéos ?

Oui, il m’a écrit un petit message à la fin du week-end qui m’a fait plaisir. Il m’a dit qu’il savait déjà que j’étais fou avant le confinement mais qu’apparemment cela empirait en ce moment… Et puis il a conclu en disant que je ne devais surtout pas changer… Christophe est proche de ses joueurs, il le fait avec tout le groupe.

Trouvez-vous que le rugby devient trop sérieux de nos jours ?

Je ne me fais pas cette réflexion. Je ne me demande pas "pourquoi ils ne font pas davantage les cons ?" Entre joueurs, on se connaît bien et je peux vous dire qu’il y a des trublions dans chaque club. C’est juste que certains décident de le montrer ou non. Après, il est certain que l’humour passait mieux il y a 20 ans. De nos jours, tout peut être très vite repris ou mal interprété… Mais il y a des mecs drôles dans les clubs, vraiment. Je pense à Vincent Rattez à La Rochelle, Sofiane Guitoune à Toulouse ou Jean-Marcellin Buttin à Lyon… Ce sont des copains, on est tous de la même trempe.

Justement, redoutez-vous les critiques venant des réseaux sociaux ?

Je pars du principe que l’on ne fait jamais l’unanimité. Et surtout pas en France. Je fais les choses qui me plaisent, qui me font du bien et je ne pense pas au reste. Je vis ma vie sans me soucier de ceux qui se servent de pseudos anonymes pour balancer des "fraises" à longueur de journée et gratuitement. Bien sûr, de bons retours font toujours plaisir, mais il faut aussi intégrer le fait qu’il y en aura aussi des mauvais. On n’y peut rien. Il y a toujours quelqu’un pour vous casser du sucre sur le dos. C’est comme ça.

Votre esprit d’autodérision vous aide-t-il dans vos déceptions sportives ?

Les déceptions me marquent. Si je fais un mauvais match, je ne vais pas en dormir de la nuit. J’ai besoin d’un peu de temps pour l’avaler. Le dimanche par exemple, que je vais passer à ruminer. Mais dès le lundi, je passe à autre chose. Et même si je suis encore blessé, je ne le montrerai pas parce que cela peut nuire au groupe. Je préfère repartir du bon pied et trouver du positif. Et après, je n’ai aucun problème à me faire chambrer sur mes erreurs, car je suis le premier à le faire avec les autres.

Qu’est-ce qui vous manque le plus en ce moment, sur le plan sportif ?

Pas la muscu, ça c’est sûr… (rires) Plus sérieusement, c’est le groupe et l’adrénaline des matchs. Toucher le ballon, même les passes, tout ça… Ma compagne accepte bien de faire quelques passes dans le jardin, mais elle en a vite marre ! Je suis comme un gamin, je lui en négocie quelques-unes mais c’est difficile. Mais pour en revenir à la question, ce sont le groupe et les matchs qui me manquent le plus. Sans la moindre hésitation.

"Je pars du principe que l’on ne fait jamais l’unanimité. Et surtout pas en France. Je fais les choses qui me plaisent, qui me font du bien et je ne pense pas au reste. Je vis ma vie sans me soucier de ceux qui se servent de pseudos anonymes pour balancer gratuitement depuis leurs claviers des "fraises " à longueur de journée."

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