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Pichot : « On ne peut pas continuer ainsi »

  • Augustin Pichot en lice pour la présidence de World Rugby
    Augustin Pichot en lice pour la présidence de World Rugby Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le 26 avril, c’est par vote électronique que sera élu le président de World Rugby (résultats le 12 mai). Dimanche, l’Argentin est sorti du bois, opposant de la coalition franco-anglaise, formée par Bill Beaumont et Bernard Laporte. Pour lui, c’est du 50-50...

Vous êtes officiellement candidat à la présidence de World Rugby. Que voulez-vous changer, au juste ?

Depuis que j’ai annoncé ma candidature, on m’a envoyé énormément de messages de soutien. J’ai même reçu des mails et des textos de gens qui me disaient : « Je ne peux pas le dire ouvertement parce que je travaille pour World Rugby mais je suis à fond derrière toi ». Ou d’autres qui écrivaient : « Je ne peux pas l’avouer publiquement parce que je suis de l’autre côté (dans la liste Beaumont-Laporte, N.D.L.R.) mais tes idées me plaisent beaucoup. » Ces encouragements me font plaisir. Mon message, c’est qu’on ne peut pas continuer ainsi.

Pourquoi ?

Les clubs français ne sont pas contents, les anglais également, les grandes nations aussi et les petites non plus. Les joueurs ? Ils ne se sentent pas écoutés. World Rugby doit changer. Il faut moderniser tout ça.

Le rugby est un monde ultra-traditionaliste…

C’est ce que je regrette, oui. Avec les Latins, avec Pierre Camou ou Bernard Lapasset, nous avons, par le passé, essayé de développer le rugby dans le monde. Un jour, j’ai dit à Pierre (Camou) que nous avions besoin de plus d’unité au sein de World Rugby, que nous ferions plus de choses encore avec le soutien de l’Angleterre et des nations plus traditionalistes. Pierre m’a répondu : « Tu as raison. Mais tu ne les changeras jamais ! »

Avait-il raison ?

Oui. L’establishment a toujours poussé contre moi quand j’ai voulu changer des choses, bouger les lignes, créer des compétitions…

On dit souvent que les pays celtes contrôlent le rugby mondial. Est-ce vrai ?

Les Celtes ont peur du changement. Ils avaient d’ailleurs voté contre le projet porté par Bernard Lapasset, à savoir l’entrée du rugby à VII aux Jeux olympiques. Je ne dis pas qu’il faut tout révolutionner, juste qu’il faut aider les petites nations, écouter les plus grands joueurs et entraîneurs de la planète pour enfin créer un calendrier international.

Qu’est-ce qui vous pousse ?

Je ne fais pas ça pour moi. L’argent, je n’en ai pas besoin et je n’ai jamais été dans la politique politicienne. Mais le rugby aux JO, c’est beau, non ? C’est beau de voir les choses en grand, non ?

N’a-t-on pas assez développé le rugby à travers le monde ?

Non. Jusqu’à présent, l’obsession, c’était les grandes nations, savoir combien d’argent on allait tirer de telle ou telle chose… Personne n’a prêté attention au développement du rugby dans le monde, que ce soit en Allemagne, en Espagne, en Afrique ou en Asie… Et qu’a-t-on fait pour les nations du Pacifique ? Rien. Je le dis depuis des années : la Sanzaar aurait dû intégrer les Fidji et le Japon dans le Rugby Championship !

Vous plaisez au grand public mais vous faites peur aux dirigeants du rugby. Or, ce sont eux les votants…

Je suis comme ça ! Je ne fais pas de promesses en l’air ! Mais il est injuste que l’establishment me colle une étiquette d’homme dangereux. Mon projet n’est pas de tout casser

Votre victoire est-elle possible ?

Oui. Aujourd’hui, le monde du rugby est divisé. J’imagine que vous avez fait le décompte des voix… Aujourd’hui, c’est du 50-50 […] Il y a quelques mois, Bernard Laporte m’a dit : « Tranquille, Agustin… Dans quatre ans, tu seras président et moi vice-président. » Je lui ai répondu que je ne fonctionnais pas de cette manière. Je ne spécule pas. Les choses que je veux changer, elles doivent l’être aujourd’hui, pas dans quatre ans. Ma vision et celle de Bill (Beaumont) sont beaucoup trop différentes.

Bernard Laporte est le colistier de Beaumont. Ne prendra-t-il pas mal votre positionnement ?

Demandez lui ! (rires) Peut-être sont-ils devenus de nouveaux amis tous les deux, je ne sais pas…

Quid du projet de Coupe du monde des clubs ?

La solution ne vient pas d’une compétition de clubs. La solution doit être globale et mobiliser les nations pour les faire grandir. D’ailleurs, j’ai cru comprendre que l’EPCR et les pays celtes étaient contre la proposition de Bernard Laporte.

Et vous ?

Je ne suis pas contre. Je dis que ce n’est pas la priorité. La priorité, c’est changer ces tournées d’été et d’automne qui sont vraiment nulles ! On joue pour rien, c’est ridicule ! Et les gens ne comprennent pas ce système de matchs amicaux.

Vous souhaitez impliquer les grands joueurs et sélectionneurs dans votre projet. De quelle manière ?

Dan Carter m’a appelé dimanche pour me souhaiter bonne chance. Pour développer le rugby, nous avons besoin de joueurs comme lui, des Thierry Dusautoir, Mario Ledesma, Fabien Galthié, Caroline Boujard, Antoine Dupont… Mais les acteurs ne seront pas là que pour prendre les photos ! Je veux qu’ils s’impliquent dans les discussions, qu’ils aient un rôle tout aussi prépondérant dans l’élaboration du futur calendrier que les gens ayant toujours décidé à leur place. Les cadences infernales, ce sont eux qui les ont subies.

Et si vous perdez ? Resterez-vous à World Rugby ?

(il rit) Je ne sais pas… Ma passion du rugby ne me quittera pas… J’irai peut-être entraîner l’équipe de mon neveu, tiens !

En pleine crise du covid-19, les dernières réunions de World Rugby faisaient état d’un retour à la normale des compétitions à janvier 2021. C’est inquiétant…

Mais on n’en sait rien ! Personne ne sait quoi que ce soit, d’ailleurs ! Aura-t-on un vaccin en janvier 2021 ? On ne sait pas…

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