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Les Bayonnais se mettent au service des sans-abris

Par Pablo Ordas
  • En haut, Arnaud Duputs et Julien Tisseron commencent à préparer les plateaux sous l’œil bienveillant des bénévoles Yann et Mirentchu.  En bas, Philippe Tayeb et Yannick Bru. À droite, Julien Tisseron entame une partie de ping-pong avec Christian, un des résidents.
    En haut, Arnaud Duputs et Julien Tisseron commencent à préparer les plateaux sous l’œil bienveillant des bénévoles Yann et Mirentchu. En bas, Philippe Tayeb et Yannick Bru. À droite, Julien Tisseron entame une partie de ping-pong avec Christian, un des résidents. Midi Olympique - Pablo Ordas
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Depuis une semaine, les joueurs et administratifs de l’Aviron viennent aider des bénévoles à servir des repas aux personnes sans domicile fixe. Nous avons suivi deux d’entre eux le temps d’une soirée.

Cela fait maintenant un mois et demi que le monde du rugby, bien que confiné, s’active en coulisses et multiplie les initiatives. De nombreuses cagnottes solidaires à destination du personnel soignant ont été mises en place par les clubs professionnels et amateurs. Ici et là, les rugbymen sont allés sur le terrain pour prêter main forte dans les hôpitaux ou chez les personnes âgées. À Bayonne, joueurs et membres du personnel administratif de l’Aviron, se relaient pour servir des repas aux sans-abri.

Pour répondre aux besoins de confinement et de protection, ces derniers (36 hommes, 6 femmes) sont, depuis le 25 mars, logés à la salle des sports de Lauga, mise à disposition par la ville de Bayonne et transformée pour l’occasion en lieu d’hébergement d’urgence. C’est l’association Atherbea ("abri" en basque) qui assure le fonctionnement du dispositif et la coordination avec les autres intervenants (parmi lesquels on trouve la Table du soir, la Croix rouge, le Secours catholique, l’école Etcharry...) et les bénévoles, dont font partie les membres de l’Aviron bayonnais. "Nous sommes dans une période où les joueurs ne peuvent plus être irréprochables sur le terrain, rappelle Yannick Bru, le manager de l’équipe. C’est à eux de l’être, maintenant, au niveau des actions qu’ils peuvent faire envers le territoire. À la reprise, nous aurons besoin du soutien de tout le monde. C’est important de renvoyer l’ascenseur et de faire des gestes envers nos abonnés, nos partenaires, les plus démunis. C’est notre rôle."

Serveur d’un soir, entre deux parties de "ping-pong"

C’est sur une demande du "comité des sages" et du groupe événementiel des joueurs, désireux de se rendre utiles pendant cette période de confinement, que l’action voit le jour. "Nous avons été écoutés par le club, puis la ville a proposé qu’on vienne, pendant un mois, servir ces personnes tous les soirs", raconte Julien Tisseron. Quelques échanges de mails plus tard, les volontaires ont alors la possibilité de s’inscrire sur les créneaux disponibles.

En ce soir d’avril, qui ressemble à tant d’autres depuis que la France vit en "quarantaine", en ce dimanche où les voitures se font rares sur les bords de Nive et où les bruits des moteurs ont laissé place aux chants des oiseaux, c’est au tour de Julien Tisseron et d’Arnaud Duputs d’enfiler le costume de bénévole afin de rejoindre Yann, qui apporte son aide depuis maintenant un mois, et Mirentchu. Aux alentours de 20 heures et après un rapide tour d’horizon des lieux, leur mission peut commencer, la table doit être dressée. "Tu vas t’en sortir ?" se fait chambrer l’arrière de Bayonne. "À la maison, je fais tout", assure-t-il. Une fois le couvert mis, Christian, un des résidents, défie les deux Bayonnais au "ping-pong" alors que, dehors, une partie de badminton bat son plein. Sous les regards avisés, Christian s’incline face au futur joueur du MHR (7-21), et perd avec les honneurs, deux manches à une, face à Duputs. "C’était très serré", reconnaît le troisième ligne.

Période de ramadan oblige, une partie du repas est ensuite servie à la tombée de la nuit. Au menu, œufs durs, dattes et lait caillé en entrée, tajine d’agneau et soupe pour continuer, avant de finir par des crêpes et du fromage. Les plats, fournis ce soir-là par l’Association des Musulmans de la Côte basque, sont précuits pour des questions d’hygiène. Les bénévoles sont chargés de préparer des plateaux, de faire réchauffer les rations puis d’assurer le service à table. Les assiettes sont rapidement vidées. La mission des deux garçons est terminée. Ils quittent les lieux peu avant 22 heures alors que, sur le parvis de la salle, une enceinte crache quelques notes de musique.

Duputs : "Toute l’année, nous avons

la chance d’être supportés…"

"Le premier jour, ça a été une surprise pour tout le monde parce qu’on ne savait pas qu’ils allaient venir, raconte Romain, salarié d’Atherbea. On a vu deux colosses arriver en disant : "Bonjour, nous sommes des joueurs de l’Aviron, nous venons vous aider à servir les repas." Depuis, c’est naturel. C’est sympa de les voir jouer au ping-pong. Ils sont investis et ne sont pas juste derrière le comptoir à attendre que ça se passe." Arnaud Duputs, marqué par le dévouement des bénévoles qui sont là jour et nuit, souligne : "Toute l’année, nous avons la chance d’être supportés par un tas de personnes. Nous avons tout pour nous. Là, c’est bien de donner un peu. C’est important qu’on aide en faisant ce que l’on peut."

L’Aviron, n’est ni le premier, ni le dernier club à se montrer solidaire vis-à-vis des plus démunis. Mais en cette période particulière, cette initiative des joueurs rappelle que, même si le rugby est à l’arrêt, la chaîne de solidarité mise en place par le monde du ballon ovale poursuit sa route. "Il ne faut pas que ce soit un feu de paille, prévient Philippe Tayeb, président du Directoire. Avec le traumatisme que vivent aujourd’hui les spectateurs, les abonnés, le peuple du rugby et je ne parle pas ici que de Bayonne, il va falloir, dans le futur, être très présent et que l’on ait un lien social encore plus fort qu’avant."

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