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Lagrave : au nom des siens

Par Simon VALZER
  • Exploitant d’un domaine de 17 hectares et travaillant trois appellations (Bordeaux, Bordeaux Supérieur et Lalande de Pomerol), Vincent Lagrave est engagé dans une lutte raisonnée avec un label Haute Valeur Environnementale. Photos DR
    Exploitant d’un domaine de 17 hectares et travaillant trois appellations (Bordeaux, Bordeaux Supérieur et Lalande de Pomerol), Vincent Lagrave est engagé dans une lutte raisonnée avec un label Haute Valeur Environnementale. Photos DR
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Publié le Mis à jour
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Issu d’une longue tradition de viticulteurs, l’ancien talonneur du Stade bordelais Vincent Lagrave a embrassé cette vocation avec passion et en parallèle de sa carrière de rugbyman. Récit.

Il n’est pas toujours facile d’échapper à sa destinée. Celle de Vincent Lagrave, ancien talonneur du feu Stade bordelais, était toute tracée : devenir viticulteur, comme son père et son grand-père avant lui. Mais fort heureusement, cette destinée lui convient parfaitement : "J’ai toujours baigné dans le monde agricole. J’avais vraiment envie de le faire. Si je n’avais pas repris l’exploitation familiale, je me serais bien vu dans les espaces verts ou les forêts, en tout cas exercer un métier proche de la nature. Et puis vous savez, quand on fait du vin, on change de métier trente fois dans l’année ! Un jour on est mécano, un autre menuisier, un autre viticulteur…" Vous l’aurez compris, Vincent Lagrave est donc un homme heureux.

Talonneur au Stade bordelais de 2000 à 2008, il a connu nombre d’aventures avec son ancien club dont l’ivresse de la montée de Fédérale 1 au Pro D2 en 2004. Mais déjà dans sa tête, les choses étaient claires : "Adolescent, j’ai choisi de ne pas aller au bac et d’intégrer un lycée professionnel agricole. C’est là que j’ai découvert la vinification et le travail du chai, entre 16 et 20 ans au gré de mes différents stages. J’ai ensuite travaillé à mi-temps dans le Médoc en parallèle du rugby, puis je me suis lancé en 2002 en reprenant l’exploitation familiale." Avec un but précis : "faire mon vin. Ce qui m’intéressait, c’était de tout faire, de A à Z."

Viticulteur le jour, rugbyman le soir

Son vœu fut donc exaucé. Mais non sans mal, car le talonneur devait aussi mener de front sa carrière sportive : "Ce ne fut pas un vrai problème au début, car nous nous entraînions le soir. Je passais donc la journée à l’exploitation. Il est sûr que j’aurais parfois aimé me reposer davantage ou faire plus de musculation, mais je m’organisais. On avait la chance d’avoir un kiné qui se levait tôt, alors quand j’avais besoin de lui, j’allais le voir dès 6 heures du matin !" Lagrave avait aussi l’avantage d’être dans un club qui connaissait bien les contraintes du métier de viticulteur : "Mes entraîneurs, comme mes dirigeants, acceptaient le fait que je sois un peu moins présent en période de vendanges : pendant un mois, on ne dort que quatre heures pas nuit, c’est éprouvant. Je manquais un ou deux matchs. Mais je revenais affûté, car je perdais en moyenne cinq kilos ! J’avais même tendance à reprendre un peu trop vite et à me claquer en novembre ! Le reste de l’année, ça allait", se souvient Vincent Lagrave. Le système, toutefois, toucha ses limites : "Je l’ai senti après la Coupe du monde 2007. Là, on nous a demandé d’être au stade dès 9 heures le matin. Ce n’était plus possible. Mais qu’importe. Mon avenir, ce n’était plus le rugby mais bien mon exploitation."

Aujourd’hui Vincent Lagrave est donc l’heureux propriétaire d’un domaine de 17 hectares, sur lequel il travaille trois appellations : Bordeaux, Bordeaux Supérieur, et Lalande de Pomerol, la plus prestigieuse. Le tout en s’efforçant de respecter la nature : "Cela fait longtemps que je suis engagé dans une lutte raisonnée, avec un label Haute Valeur Environnementale. Nous respectons la faune et la flore, comme les abeilles par exemple, qui sont des prédateurs utiles à tous." Et le talonneur se dit toujours en pleine forme : "Beaucoup de mes amis vont à la salle, mais moi je n’en ai pas besoin : il n’est pas rare que je marche dix kilomètres par jour à pied pour travailler !"

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