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Altrad : « Du Toit m’intéresse »

  • Le MHR de Mohed Altrad pourrait frapper un grand coup sur le marché des transferts en recrutant le meilleur joueur du monde en 2019, le troisième ligne sud-africain Pieter-Steph du Toit.
    Le MHR de Mohed Altrad pourrait frapper un grand coup sur le marché des transferts en recrutant le meilleur joueur du monde en 2019, le troisième ligne sud-africain Pieter-Steph du Toit. Icon Sport
  • Le MHR de Mohed Altrad pourrait frapper un grand coup sur le marché des transferts en recrutant le meilleur joueur du monde en 2019, le troisième ligne sud-africain Pieter-Steph du Toit. Photos Icon Sport
    Le MHR de Mohed Altrad pourrait frapper un grand coup sur le marché des transferts en recrutant le meilleur joueur du monde en 2019, le troisième ligne sud-africain Pieter-Steph du Toit. Photos Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Président de Montpellier Depuis 2012, il a injecté près de 100 millions d’euros dans le MHR. Pour nous, l’homme d’affaires héraultais parle de la crise, met en doute le modèle économique de la Ligue, évoque le cas Folau, l’option Du Toit, la baisse des salaires timidement engagée dans son club et lève même le voile sur un pan de sa vie qu’il n’a jamais abordé, son passé dans le foot. Confidences..

Quelle est la situation aujourd’hui, à Montpellier ?

Notre situation est celle de tous les clubs : mauvaise. Heureusement, nous n’avons pas eu à déplorer de malade. Le protocole de reprise prend forme mais financièrement, le MHR souffre.

Pouvez-vous expliciter ?

Avant l’apparition du Covid, les capitaux propres des clubs de Top 14 et Pro D2 étaient comme chaque année proches de zéro. Il n’y a aucun bout de gras, aucun bénéfice… De mon côté, je vais peut-être devoir injecter de l’argent une fois de plus pour boucher le trou qui se dessine. Au bout du bout, je regrette que mes messages à la Ligue n’aient jamais été entendus.

C’est-à-dire ?

Nous traversons la crise économique et sociale la plus importante depuis le krach de 1929. Aussi, toutes les organisations sur terre cherchent aujourd’hui à se doter d’une raison d’être : quelle est ma vocation ? Pourquoi suis-je là ? Ai-je les moyens de m’assumer ?

Développez, s’il vous plaît…

Le rugby en France fait-il cet effort ? Que cherche-t-on aujourd’hui au niveau de la Ligue ? À trouver des solutions financières pour passer la crise et revenir à une situation normale, me dit-on ! Mais je vous le dis : la "situation normale" que l’on nous promet pour demain n’aura rien de différente avec celle que l’on vit aujourd’hui, en pleine pandémie. Ou alors, elle sera à peine mieux…

Pourquoi dites-vous cela ?

Prenez le coût de fonctionnement de la LNR. Cette institution, qui emploie beaucoup de personnel et fait appel à des prestataires extérieurs, a des frais de conseils, d’avocats, de déplacement, de bouche, de communication, de marketing… alors qu’elle n’a pas de recettes propres. Entre 2012 et 2018, le budget de la LNR a augmenté de façon considérable, soit de presque 6,4 millions d’euros : alors qu’elle gère toujours trente clubs ! Et je ne parle même pas de l’acquisition d’un immeuble (à Paris, N.D.L.R.) pour plusieurs millions d’euros.

D’accord…

Et puis, il ne faut pas oublier que la LNR vit essentiellement sur les droits versés par Canal + ; ce sont autant de subsides qui devraient pourtant revenir aux clubs.

Il y a néanmoins ce prêt de 15 millions d’euros accordé par la Société Générale, qui devrait permettre à la Ligue d’aider les clubs…

Le prêt n’est pas une subvention, il convient de le rembourser -avec les intérêts qui vont avec- dès la saison prochaine en ponctionnant les droits versés par Canal +. Le prêt, il ne fait qu’aggraver la situation financière du rugby professionnel en diminuant le montant de la redistribution d’un peu plus de 2,5 millions d’euros. En réalité, ce prêt ne fait donc que déplacer le problème.

Que proposez-vous, dès lors ?

Moi, je crois d’abord qu’il faudrait réduire le train de vie de la LNR. Et puis, une partie du travail effectué à la Ligue pourrait être réalisée par les clubs eux-mêmes. Les économies seraient conséquentes. Aujourd’hui, on doublonne, on perd du temps…

Les négociations salariales au MHR avancent-elles ?

Il y a deux mois, nous avons entamé des négociations avec les joueurs au sujet de la baisse des salaires. Là, les premières réactions m’ont un peu déçu. La baisse des salaires, ils la considèrent à la marge. L’effort est non significatif. En temps de crise, tout le monde doit se serrer la ceinture.

Qu’allez-vous faire ?

On verra… Hier, mon docteur me disait : "Pourquoi n’êtes-vous pas encore parti ? À votre place, j’aurais fait une croix sur le rugby !" Oui, c’est dur. Mais je reste car je crois en ce club et je veux réussir à Montpellier.

Vous avez récemment fait une offre à Israel Folau, l’ancien Wallaby évoluant désormais chez les Dragons catalans. Pourquoi a-t-il choisi de prolonger à XIII ?

Entre lui et le MHR, les négociations ont duré deux mois. Ses interlocuteurs au club ont aujourd’hui l’impression d’avoir été floués, utilisés pour faire monter les enchères. La manière dont ils étaient traités dans cette affaire est difficile à qualifier… Folau, il a souhaité me parler au téléphone ; j’ai pris le temps pour lui. Et on finit comme ça…

Auriez-vous vraiment été prêt à lui donner une seconde chance ? Moralement, recruter Israel Folau après qu’il ait proféré de tels propos sur les homosexuels, était-ce défendable ?

Il a des convictions religieuses radicales et cela nous ramène à des choses que nous avons connues en France et que nous connaissons encore concernant l’avortement, le mariage homosexuel ou d’autres sujets. Le constat que je fais est le suivant : quelles que soient les religions, des radicaux les utilisent pour justifier le rejet de la différence. Cette réalité ne m’empêche pas de savoir que le fondement de ces religions est l’amour et la bienveillance. Ce que la majorité des fidèles comprend d’ailleurs. Ces pensées, ces propos me sont étrangers. Je les rejette et je les combats.

Vous avez vivement démenti l’arrivée du champion du monde Pieter-Steph Du Toit, le meilleur joueur du monde. Pourrait-il néanmoins arriver en 2021 ?

Les grands talents m’inspirent, que ce soit dans le sport ou ailleurs. Du Toit m’intéresse. Mais jusqu’à présent, je n’ai eu aucun contact avec lui. Et puis, le moment n’est pas opportun pour parler recrutement…

Mourad Boudjellal, avec lequel vous vous entendez bien, hésite entre candidater à la Ligue et reprendre le Sporting toulonnais, dont vous avez été le partenaire maillot à la fin des années 80. C’est un pan de votre vie que vous n’abordez jamais…

C’est si vieux, tout ça ! (rires) À l’époque, je sortais d’une carrière d’informaticien (d’abord chez Thalès, ensuite chez Alcatel, N.D.L.R.) avant de migrer vers l’industrie du pétrole.

Vous avez été informaticien ?

Oui. Je possède un doctorat en informatique. En quittant le Golfe Persique en 1984 pour revenir à Montpellier, j’ai fondé une société ayant par la suite mis au point un des premiers ordinateurs portables en France. Bon, il faisait 30 kg, hein… Mais au fil du temps, ma société FIET (France Informatique et Télématique) a pris de la valeur et je l’ai revendue au groupe Matra. À côté de ça, j’avais aussi quelques économies de mon passé à Abu Dhabi, puisque là-bas, le salaire était net d’impôts et qu’il n’y avait rien, autour, pour le dépenser : peu de restaurants, un seul cinéma où on diffusait exclusivement du Bollywood, ça ne m’intéressait pas vraiment… Se promener ? Un jour, j’ai bien essayé de prendre la voiture pour visiter la région…

Et ?

La route s’est brutalement arrêtée en plein désert… Il n’y avait rien au-delà. Alors, j’ai fait demi-tour.

Après ça ?

Je me suis installé dans une petite villa de Florensac, un petit bourg de l’Hérault. Un jour, un voisin a tapé à ma porte. Il voulait que j’achète une entreprise d’échafaudages en faillite. C’était la première fois dans ma vie que j’entendais ce mot. Je n’étais pas crédible mais j’ai dit oui. J’avais 700 000 francs (100 000 euros). Mon offre permettait de sauver 200 emplois. Tout a commencé ainsi.

Et le Sporting, alors ?

À la fin des années 80, mon entreprise d’échafaudages a commencé à bien marcher. J’ai cherché à communiquer là-dessus et j’ai donc été voir le pape du sponsoring, Jean-Claude Darmon. Il m’a invité à Toulon. On a sympathisé et il m’a emmené voir un match du Sporting, à Mayol.

Alors ?

Jean-Claude m’a dit : "Tu veux mettre combien ?" J’ai répondu : "Je ne peux pas aller au-delà de 75 000 francs" (12 000 euros). Il a accepté de me faire un prix d’ami et je suis devenu sponsor maillot du Sporting. Mais seulement pour les matchs à l’extérieur, parce qu’il avait déjà vendu les matchs à domicile à Intermarché ! (rires) Voilà, on était en 1987… À Toulon, je me suis très vite pris d’affection pour Rolland Courbis, qui était l’un des entraîneurs du club.

Oui, c’est vrai !

Rolland me fait un peu penser à Mourinho : il ne pouvait pas être numéro 2 toute sa vie. À Toulon, il a donc rapidement pris le poste de manager général. Autour de Courbis, il y avait des joueurs encore peu connus : le Sénégalais Roger Mendy, le gardien de buts corse Pascal Olmeta, le Marseillais Bernard Casoni, l’Argentin Delio Onnis ou encore David Ginola, qui à l’époque n’avait que 17 ou 18 ans. Mais cette équipe semait la terreur en première division.

À l’époque, vous disiez dans Var-Matin vouloir devenir le Bernard Tapie du Sporting…

(il coupe) Je ne me rappelle pas l’avoir dit ! Tapie, il n’a jamais été mon modèle. Lui, il achetait et revendait. Moi, je construis.

Combien de temps êtes-vous resté au Sporting ?

Trois ans. Puis le club a commencé à avoir des histoires (l’affaire de la caisse noire éclatera), l’ambiance n’était plus la même.

Le club a longtemps souffert d’une réputation sulfureuse...

Cette partie-là, je ne sais pas… Je ne l’ai pas vue. C’était ça, Toulon… J’y ai vécu des moments merveilleux. Le Sporting, ça reste un très bon souvenir pour moi.

"Il y a deux mois, nous avons entamé des négociations avec les joueurs au sujet de la baisse des salaires. Là, les premières réactions m’ont un peu déçu. La baisse des salaires, ils la considèrent à la marge. L’effort est non significatif."

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