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Piolle (maire de Grenoble) : « La philosophie du rugby est attachée au terroir »

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    Piolle (maire de Grenoble) : « La philosophie du rugby est attachée au terroir » France 3 Régions
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Outre le fait d’être un grand amateur de rugby, Éric Piolle, Maire EELV de Grenoble, se satisfait de voir le FC Grenoble s’ancrer dans la dynamique de Territoire lancée par sa municipalité autour de la transition écologique. Et il se réjouit aussi de voir les sportifs s’engager dans le champ social.

Existe-t-il des valeurs communes entre écologie et rugby ?

Oui, à la fois dans l’engagement, la solidarité et l’esprit de terroir. L’économie et la philosophie du rugby sont attachées depuis toujours au territoire. Et cet aspect perdure, globalement, contrairement au foot qui a basculé dans les mercenaires et les transferts permanents depuis bien longtemps. Je me souviens de la Section paloise, quand ils ont commencé à former les Traille, Brusque, Harinordoquy, Bernat-Salles, tous ces talents sont partis pas très loin, à Biarritz ! Je reconnais, cependant, que ces derniers temps, le rugby avait amorcé un virage. Mais ces filières de territoire sont importantes pour maintenir ce rapport à la terre. Ce qui est primordial pour l’écologie.

La crise sanitaire actuelle peut-elle remettre des choses en question ?

Si la crise peut éviter que le rugby continue dans cette espèce de course à l’armement, ce sera un mal pour un bien. Surtout si ça donne, en même temps, un coup d‘arrêt sanitaire pour les joueurs. Quand tu vois les tampons que se prennent les gamins de 16-17 ans, qui me rendent vingt kilos quand j’avais leur âge… Avec mon gabarit, à l’époque, j’aurais pu jouer arrière ; c’est impensable aujourd’hui. Parmi les clubs d’élite, Grenoble, le club de ma ville, est un peu particulier, hors du délire actuel. C’est un rare club qui n’est pas détenu par un mécène millionnaire. C’est un réseau de vie, de petits partenaires locaux qui tient le FCG. Dans la durée, c’est plus solide. Tu peux vivre des chocs plus sereinement. Entendre dire que le but n’est pas en permanence de viser encore plus haut me satisfait personnellement. Cette crise va pouvoir nous montrer la solidarité et les territoires résilients.

Avez-vous joué au rugby ?

Jamais en club. J’y ai joué comme ça, en tricotant comme quand tu joues avec tes potes. Moi, je suis plutôt raquettes. J’étais pongiste à Mont-de-Marsan en Nationale 2 (D2, N.D.L.R.) Ce n’est pas tout à fait les mêmes gabarits (rires). Je suis originaire d’Arette, dans les Pyrénées-Atlantiques, et j’ai vécu à Pau. Je suis basco-béarnais, ma mère est basque, mon père béarnais, donc je suis né un peu avec le rugby. Mon premier album Panini, ce n’était pas du foot, c’était du rugby ! C’était l’époque de Paparemborde, le grand pilier de la Section. J’ai aussi eu la mère de Laurent Cabannes comme institutrice en CP. J’ai baigné dans le rugby depuis tout petit. J’y jouais régulièrement avec les copains au collège, au lycée, en prépa. Lors de la première Coupe du monde, en 1987, la demi-finale était un samedi matin, j’étais au collège mais les profs nous avaient tous fait sécher les cours pour regarder la rencontre contre l’Australie. Le rugby a toujours fait partie de mon environnement. Et puis, à l’époque quand j’étais petit, la moitié du championnat, c’était autour de chez moi : Bayonne, Tarbes, Lourdes, Biarritz, Bagnères, Dax, Oloron… Il y avait même Boucau à l’époque ! Tout ça c’était en première division.

Et votre rapport au FC Grenoble ?

Je suis arrivé à Grenoble en 1993. L’année de cette fameuse finale contre Castres, le titre volé et ce fameux essai non valide. C’était une belle époque puisque l’année d’après, le FCG faisait les demies. De cette saison-là, l’ailier Brice Bardou est devenu un copain ; il y a aussi Franck Corrihons, qui est arrivé de Biarritz lui aussi en 1993, que je connais bien. Il bosse une partie à la mairie et un autre au FCG où il réalise un travail de qualité autour de la formation. Il y avait aussi le centre Charles Snyman à cette époque, qui est devenu mon partenaire de squash quand nous travaillions ensemble. J’ai donc continué à baigner dans le rugby et à aller voir des matchs à Lesdiguières.

Qu’avez-vous pensé alors de cette saison avortéé ?

Les joueurs ont fait un gros début de saison, connaissant un passage à vide juste avant l’interruption du championnat. Ils étaient très bien, sur le podium, et se sont juste ratés sur les trois-quatre derniers matchs. Mais comme il n’y a ni montée, ni descente, je n’ai pas de regrets. Ils étaient armés pour remonter mais le problème avec cette formule de championnat, c’est de savoir à quel moment arriver en forme.

Allez-vous souvent voir des matchs ?

Depuis que je suis élu, je vais tout le temps voir le FCG jouer. Il m’est arrivé de les suivre à l’extérieur, une fois en championnat à Clermont et une autre fois à Toulouse, en 2018, quand on a perdu en finale d’accession de Pro D2 contre Perpignan ou encore à Brive lors de la défaite en barrage de maintien l’année dernière. Sans oublier le match du maintien à Lyon en 2015 qui avait été très, très chaud. J’avais assisté à la causerie d’avant-match et suivi la rencontre sur le banc de touche. Et avant d’être maire, j’y allais six à sept fois par saison avec mes filles et mon garçon. Je supporte à fond le FCG, ce ne sont que des bons moments. Quand je suis au stade, je suis dans la peau d’un supporter. Je me souviens avoir vu avec eux un match nul contre Toulon (13-13) à Lesdiguières en 2007… Je suis également allé voir la finale du Top 14 en 2009, entre Perpignan et Clermont avec Dan Carter qui était en béquilles, et celle de 2018. D’ailleurs, cette année-là, avec ma femme, nous étions allés à Lyon voir les deux demi-finales.

Comment allier écologie et sport pro ?

En tant qu’écologiste, je défends avant tout, il est vrai, les amateurs. Le sport professionnel peut être accompagné différemment mais pas avec des moyens financiers de la collectivité. Avec le FCG, on collabore pour trouver les meilleures solutions pour assurer leur développement sans financement public extravagant. Lors de ma campagne pour les élections municipales en 2014, j’avais rencontré les dirigeants du club car il y avait un gros débat au sujet de Lesdiguières et du stade des Alpes. Je les avais prévenus que si j’étais élu, il n’y aurait qu’un stade mutualisé pour le foot et le rugby.

Fixez-vous des contreparties écologistes pour l’attribution des subventions ?

Je n’impose rien pour les subventions sportives. On a curieusement davantage insisté sur la féminisation du sport que sur la transition écologiste dans le sport car les gens sont embarqués dans une démarche globale du territoire, autour de nombreux éco-événements. À Grenoble, si tu n’adoptes pas une démarche écologiste, les gens te regardent bizarre donc les choses se font naturellement. C’est devenu notre identité, comme en témoigne notre place de finaliste pour être capitale verte de l’Europe en 2022. C’est l’implication qui fait que les gens adhérent. L’axe fort de notre politique, c’est davantage la féminisation, un vecteur fort pour défendre la diversité, pour lutter contre l’homophobie et le racisme. Ce sont nos seuls critères pour attribuer les subventions. J’ai simplement demandé au club de s’impliquer davantage dans les quartiers populaires, le milieu scolaire, dans le sport handicap, auquel mon équipe municipale est très attachée. Après, les clubs sportifs, je les laisse vivre, je ne fais pas d’ingérence.

Sur toutes ces questions liées à l’écologie, la parole des rugbymen est-elle plus audible auprès des supporters que celles des politiques ?

Oui, c’est plus facile. La semaine dernière, nous avons fait une opération de distribution de masques. Les joueurs sont venus pour les livrer à la population. Ils participent à la vie du territoire car ils ont une certaine aura, ils sont présents et écoutés. Pour le président Nicolas Cuynat, c’était là une bonne occasion de marquer l’ancrage du club dans le territoire. Et nombreux sont les anciens joueurs à s’impliquer dans la région, à l’image de Fabien Gengenbacher ou Fabien Alexandre. De belles histoires humaines.

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