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Julien Peyrelongue : Chef d'orchestre et de chantier

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    Julien PEYRELONGUE
Publié le Mis à jour
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L’ancien maître du jeu biarrot a créé sa société de maîtrise d’œuvre. Aux côtés d’amis architectes, il a fait de la vie de chantier son quotidien. L’ex-international a su bien gérer son après-rugby, écueil qu’il a appréhendé de longue date.

Ce mardi, Julien Peyrelongue est parvenu à trouver un intervalle dans un agenda particulièrement chargé : "Désolé mais nous avons un gymnase à livrer pour jeudi, alors c’est la course cette semaine", sourit, au téléphone, l’ancien ouvreur international. Après avoir bâti une carrière riche de plus de 400 matchs, cinq titres majeurs et six sélections, "Pesquit", petit poisson en basque, veille désormais à la construction de biens immobiliers.

Une deuxième carrière pensée et envisagée dès le début de la première. L’enfant de Bayonne, élevé dans une ferme des Landes où poussent maïs et kiwis, se souvient du tournant de l’an 2000. Et de son état d’esprit déjà éveillé sur le sujet : "Le BO était venu me chercher à Peyrehorade quand j’avais 19 ans. La condition pour que j’accepte d’y aller était de pouvoir terminer mes études de Staps en parallèle : Patrice Lagisquet m’avait permis de valider mon Deug tout en venant m’entraîner. Ça me paraissait nécessaire. Ça fait peut-être vieux jeu mais ça vient de la manière dont mes parents m’ont préparé à la vie : j’ai toujours eu à l’esprit que le rugby, ce ne serait pas pour toute la vie. Et puis quand j’ai commencé, je ne savais pas trop combien nous allions gagner et comment ça allait vraiment se passer. Le rugby venait juste de passer professionnel. Je me retrouvais avec des gars comme Avril, Gonzalez, Bernat-Salles, qui travaillaient le matin et s’entraînaient après. C’était une autre époque." Si Julien Peyrelongue parvient à s’installer comme un joueur d’élite plus d’une décennie durant, la question de la reconversion continue de trotter dans un coin de sa tête au fil des ans : "Je ne dirais pas que ça m’inquiétait mais le sujet m’a toujours concerné. On n’en parle pas beaucoup mais il y a un paquet de mecs qui galèrent après le rugby. Il faut dire que l’on commence par notre passion. C’est d’autant plus dur de basculer sur autre chose qui va à la fois nous intéresser et nous faire vivre quand ça s’arrête." Après avoir décroché trois titres de champion de France (2002, 2005, 2006), disputé deux finales de H Cup (2006, 2010) et remporté un grand chelem avec le XV de France (2004), le numéro 10 revient aux chères études, à 30 ans : "Je pensais que je jouerais jusqu’à 33 ou 34 ans. Ça me permettait d’avoir du temps pour préparer la suite. Je suis entré en contacts avec l’Académie basque du sport qui s’occupe de la reconversion de sportifs de pelote, rugby, golf et surf."

"Ça m’a changé du "cocooning" du rugby"

Sa nouvelle vocation apparaît comme une évidence ou presque : "J’ai réalisé un bilan de compétences. Je me suis lancé dans un BTS dans le bâtiment. Un ami architecte m’amenait régulièrement sur ses chantiers. Ça me plaisait. Et ça me correspondait." Pendant trois ans, "Pesquit" continue de mener le jeu du Biarritz olympique tout en suivant son cursus. Au passage, il soulève un dernier trophée majeur : le Challenge européen, en 2012. Deux ans plus tard, il prend la direction de Dax. Où il savoure une dernière bouffée de rugby pur, sans plus se soucier de la suite : "Comme j’avais eu mon diplôme en 2013, ma reconversion était prête, alors j’ai pu mettre ce projet en suspens et profiter de mes dernières années de joueur. Quand j’ai raccroché, un ami architecte m’a conseillé de suivre une formation de dessinateur projecteur pour ajouter à mon savoir-faire. J’ai passé huit mois aux Compagnons à Anglet. Comme j’ai enchaîné directement après la saison, ça m’a permis de ne pas cogiter. Et dans la foulée, j’ai monté ma société avec mes copains." Une boîte de maîtrise d’œuvre et d’économie de la construction. Une initiative audacieuse de la part de ce tout nouvel entrepreneur bien entouré, à la tête solidement ancrée sur les épaules : "C’était un gros pas à franchir sur le coup. Disons que ça m’a changé du "cocooning" de la vie de rugbyman professionnel au cours de laquelle tu es tout le temps assisté. Je repartais de zéro. Mais je me suis lancé dans cette aventure avec des associés que je connais et qui avaient une grosse expérience. Je savais que je pouvais compter sur eux." Tout comme sur sa notoriété locale, forgée pendant quatorze ans par ses performances sportives et sa bonhomie naturelle : "Bien sûr, les portes s’ouvrent plus facilement de par mes connaissances. Je pense que ça m’aide à être bien accueilli. Je suis d’un naturel plutôt timide et mon métier m’incite à aller vers les autres."

D’Aguilera aux terrains vagues du Pays basque, l’international aux 6 sélections reste un homme de terrain et d’action : "Nous construisons des maisons individuelles, des logements collectifs, il y a des rénovations aussi. Je suis beaucoup présent sur les chantiers : je surveille l’avancement des constructions, je prépare les plannings, je m’attache à ce que les travaux entrent dans les budgets…" L’ancien architecte du BO participe désormais à d’autres ouvrages collectifs, casque sur la tête : une demi-douzaine de personnes forme son équipe. "Il y a des similarités avec le rugby : sur la notion de groupe, l’importance de la coordination, de l’organisation. Au niveau des relations humaines, aussi : elles peuvent donner lieu à des frictions s’il n’y a pas une bonne communication et de la confiance."

"Entraîneur ? J’y viendrai peut-être…"

Après une première carrière aboutie, marquée par une constance assez rare, la seconde, aussi, tient ses promesses. "Ça fait presque trois ans que j’ai commencé, ça se passe bien pour le moment. On verra si c’est encore le cas dans dix ans", sourit, du coin des lèvres, l’intéressé. Julien Peyrelongue a gardé son humilité de joueur en cours de route : "Je ne sais pas si l’on peut parler de fierté par rapport à ce que j’ai bâti. Peut-être un peu… Comme pour le sport, l’important est d’y arriver sur la durée. C’était un peu ma hantise, l’après-rugby. Je l’ai mieux appréhendé que d’autres. Je pense que ça vient de mon éducation, avant tout." Bien installé dans sa nouvelle vie, Julien Peyrelongue maintient un lien ténu avec sa passion première. En effectuant fréquemment des détours par Aguilera pour le plaisir et rien d’autre : "Je vais régulièrement assister aux matchs de l’équipe. Il y a une loge pour les anciens joueurs. J’espère que le nouveau projet du club va le ramener à sa place. J’ai l’impression que ça prend bien forme en ce moment, d’ailleurs." à sa manière, l’ancien ouvreur apporte sa pierre à l’édifice : "Depuis quatre ans, je m’occupe des jeunes du BO. "Lulu Mazas" m’avait appelé pour que je lui file un coup de main. J’ai travaillé avec les moins de 12 ans au début et je suis désormais avec les moins de 14. J’essaye de trouver du temps pour y aller le mardi. C’est une manière de remercier le club dont j’ai porté les couleurs pendant quatorze ans. Et puis, j’ai été gamin, je sais à quel point les éducateurs sont importants."

L’ancienne tête pensante des Galactiques rouge et blanc ne se voit pas enfiler un costume plus grand pour l’heure : "J’aime parler de jeu. Mais passer de la pression de joueur à celle d’entraîneur, un métier où tu ne maîtrises pas tout, ce n’était pas possible pour moi quand j’ai raccroché. J’avais besoin de couper. Mais j’y viendrai peut-être demain, on ne sait jamais." La vocation d’architecte peut mener à bien des chantiers.

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