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Guirado : « La gagne, c'est ce qui me fait encore avancer » (2/3)

  • Guilhem Guirado lors de son dernier match sous les couleurs de Toulon
    Guilhem Guirado lors de son dernier match sous les couleurs de Toulon Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Mercredi, entre deux sessions de révision et sur fond de jeux d’enfants, Guilhem Guirado nous a accordé plus d’une heure d’entretien pour évoquer trois sujets qui lui tiennent à cœur : la vie hors rugby, entre famille et études, son nouveau défi à Montpellier et sa décennie en Bleu. Le talonneur, qui fêtera ses 34 ans mercredi, s’est livré, avec la franchise et l’humilité qui le caractérisent.

Vous avez repris le chemin du stade il y a une dizaine de jours. Comme une recrue, finalement…

Oui, c’est le vrai départ. J’étais arrivé sur la pointe des pieds après la Coupe du monde et je m’étais blessé pour mon premier match, à Toulon en plus (une rupture du biceps, le 12 novembre dernier). J’étais à deux doigts de reprendre la compétition quand le championnat s’est arrêté. Il y avait les phases finales à portée, encore… Ça a été un coup d’arrêt mais mon envie a simplement été reportée. Vous savez, ça ne m’était jamais arrivé d’être éloigné des terrains aussi longtemps. Je suis en manque et ma motivation s’en trouve renforcée.

Après des années marathon, cette période de repos forcé n’est-elle, finalement, pas un mal pour un bien pour bien repartir de l’avant ?

Tous ces mois sans jouer n’ont pas été faciles à vivre, je ne vais pas mentir. Mais j’ai effectivement essayé de tirer du positif de toutes ces épreuves. J’en ai profité pour me régénérer et travailler différemment. Je vais pouvoir repartir plus fort. À mes yeux, je recommence à zéro et je dois tout prouver. C’est marrant, d’ailleurs, car le confinement m’a rappelé mes jeunes années. Je suis revenu aux bases, quand j’avais 15 ans, que j’avais très peu de moyens pour m’entraîner et qu’il fallait que j’improvise pour me préparer. Je suis dans cette optique.

À bientôt 34 ans, qu’est-ce qui vous anime encore ?

La gagne, c’est ce qui me fait encore avancer. J’ai toujours autant envie de gagner. Quand je suis tombé sur les images des finales à la télé, j’ai pris conscience qu’il ne me restait pas beaucoup d’années pour revivre de tels moments de joie. J’en veux d’autres. Même si j’ai été blessé, j’ai appris à connaître le groupe en dehors et ça me donne confiance pour la suite. Il y a de quoi réaliser de très belles choses avec cette équipe de compétiteurs.

Oui, incontestablement, le MHR fera partie des principaux candidats à un titre…

Quand je regarde les noms, je vois énormément de qualités : il y a des jeunes très doués, des internationaux avec de l’expérience… Mais beaucoup d’effectifs sont aussi bien armés que nous. Je suis impatient de voir ce que ça va donner sur le terrain. Ça sera une sacrée bataille la saison prochaine, c’est une certitude.

Entraîneur professionnel ? Non merci. Les places sont chères et tous les coups sont permis. Ca ne me donne pas du tout envie. Ça me fait même un peu peur.

De par votre vécu, vous êtes amené à jouer les mentors auprès de la nouvelle génération. Est-ce pour vous plaire ?

Je suis très attaché à la transmission et au partage. C’est très important à mes yeux. Ça vient de mon parcours, je pense. Les anciens, à l’Usap, m’ont permis de m’endurcir, de me former et d’avoir de bonnes valeurs. Les Bozzi, Tincu, Freshwater étaient durs avec nous, il fallait leur prouver ce que l’on valait. J’étais tellement discret en plus. Je levais presque le doigt pour parler. Maintenant, le rapport est plus direct, les jeunes sont plus à l’aise. Je leur raconte les anecdotes pour leur faire comprendre à quel point tout ça a évolué. Je ne veux pas trop en faire au quotidien mais je suis toujours disponible pour répondre aux questions ou donner des conseils.

Après Perpignan et Toulon, deux bastions très populaires, vous évoluez désormais à Montpellier, club en manque de reconnaissance…

Il faut prendre du recul. Montpellier est une ville très sportive avec plusieurs équipes de haut niveau. À Toulon et Perpignan, il n’y avait presque que le rugby comme discipline phare. J’aime la diversité qu’apporte Montpellier. J’échange énormément avec les joueurs de hand notamment et c’est très riche culturellement. Après, je ne suis pas dupe : c’est un club plus récent avec un passé forcément moins riche. Disons que l’histoire est plus devant que derrière.

C’est d’ailleurs une petite ironie du destin de vous voir, vous le Catalan, terminer chez le voisin montpelliérain…

En tout cas, à une certaine époque, il y avait une sacrée rivalité entre les deux clubs. Chez les jeunes, notamment, on se rentrait bien dans la gueule. En plus, je suis de la même génération que François (Trinh-Duc), Fufu (Ouedraogo) et Loulou (Picamoles), c’était sacrément costaud.

Autre ironie de l’histoire : vous retrouvez Philippe Saint-André, votre ancien sélectionneur, de 2012 à 2015. En aviez-vous gardé un bon souvenir ?

Ça dépend si l’on parle du début ou de la fin du mandat… Non, je plaisante. Disons que ça s’est mieux passé sur les dernières années. Au début, Philippe ne me faisait pas trop confiance. Puis il a finalement décidé de me donner ma chance. Tout compte fait, il m’a permis de me lancer et de pouvoir prétendre à être capitaine grâce à toute l’expérience que j’avais pu accumuler. Avec le recul, je me dis que rien n’est à jeter dans tout ça.

Pensez-vous déjà à la fin de carrière, qui se profile à l’horizon 2022 pour vous ?

C’est inévitable, je sais que ça va finir par s’arrêter. Mais honnêtement, je n’ai pas de gros soucis avec ce que l’on considère comme une petite mort. L’épisode du confinement a permis de se rendre compte qu’il y avait autre chose en dehors.

En parlant de la suite, est-ce que devenir entraîneur peut faire partie de vos plans pour l’avenir ?

Entraîner, j’aime ça. J’ai cette fibre. Quand j’étais blessé, je suis allé aux séances des espoirs de Montpellier. J’ai toujours aimé me rendre disponible pour m’occuper des enfants quand j’avais le temps, dans des écoles, à Toulon, La Seyne, Perpignan… Mais entraîneur professionnel, c’est un métier à plein temps tellement exigeant et éphémère. Alors, non merci. Les places sont chères et tous les coups sont permis. Ça ne me donne pas du tout envie. Ça me fait même un peu peur. Quand ça ne tourne pas, on ne se réfère qu’au résultat ou à l’avis de tel ou tel joueur et vous pouvez avoir la tête coupée en un instant. En revanche, pour transmettre mon expérience au sein de catégories de jeunes, pourquoi pas… Je verrai le moment venu. Peut-être que mon fils, qui n’a que 2 ans pour le moment, me sollicitera aussi dans quelques années.

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