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À Dax, Pelous, Dourthe, Magne et Ibanez incarnaient la génération dorée

  • L’US Dax des années 1990 avait un effectif très fourni, en atteste la photo d’équipe prise en 1993 sur laquelle figure : assis de gauche à droite, Pascal Giordani, Christophe Pomme, Thierry Lacroix, Eric Sauboua, Jacques Ibanez, Olivier Roumat, François Gachet, Eric Vergniol, Laurent Meric, Richard Dourthe et Patrice Labeyrie. Debout de gauche à droite, Pascal Lacroix, Alain Dumerc, Fabrice Lalanne, Raphaël Ibanez, David Laperne, Laurent Rodriguez, Cyril Carrere, Olivier Magne, Rudolph Berek, Pascal Beraud et Alain Benoit. Un club pourvoyeur de joueurs pour les Bleus avec notamment Fabien Pelous, qui arrivera en 1995, (ballon en main en haut à droite, et aux côtés de Raphaël Ibanez en bas à gauche. Mais également Olivier Magne (en position délicate en bas à droite) et Richard Dourthe, dont la famille est très influente à Dax (au milieu en bas).
    L’US Dax des années 1990 avait un effectif très fourni, en atteste la photo d’équipe prise en 1993 sur laquelle figure : assis de gauche à droite, Pascal Giordani, Christophe Pomme, Thierry Lacroix, Eric Sauboua, Jacques Ibanez, Olivier Roumat, François Gachet, Eric Vergniol, Laurent Meric, Richard Dourthe et Patrice Labeyrie. Debout de gauche à droite, Pascal Lacroix, Alain Dumerc, Fabrice Lalanne, Raphaël Ibanez, David Laperne, Laurent Rodriguez, Cyril Carrere, Olivier Magne, Rudolph Berek, Pascal Beraud et Alain Benoit. Un club pourvoyeur de joueurs pour les Bleus avec notamment Fabien Pelous, qui arrivera en 1995, (ballon en main en haut à droite, et aux côtés de Raphaël Ibanez en bas à gauche. Mais également Olivier Magne (en position délicate en bas à droite) et Richard Dourthe, dont la famille est très influente à Dax (au milieu en bas).
  • Jeunes et jolis
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Publié le Mis à jour
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Avant de basculer dans les limbes du rugby professionnel, Dax connut au milieu des années 1990 un formidable regain de vitalité, un second souffle que la cité thermale dut à une génération dorée, aidée dans sa quête par quelques vieux barbons du championnat. flash-back.

Au milieu des années 90, alors que le rugby venait de passer pro, la bourgade dacquoise, 20 000 âmes au dernier recensement, bouscula quelque temps la hiérarchie hexagonale, disputant même une demi-finale de championnat de France (face à Toulouse en 1996) et un quart de finale de coupe d’Europe, une poignée de mois plus tard. "À l’époque, explique Richard Dourthe, nous parvenions à attirer au club les meilleurs jeunes du pays. Notre réussite s’expliquait en grande partie ainsi."

Il y avait donc à Dax, en ce temps-là, Ugo Mola, Fabien Pelous, Rudolf Bérek, Rémy Susbielle, Pascal Giordani, Jérome Daret, Patrice Labeyrie ou Olivier Magne. "Aucun d’entre-eux n’était dacquois, poursuit Dourthe, l’ancien arrière de l’équipe. Magne arrivait d’Aurillac (Cantal), Susbielle de Monein (Béarn), Pelous de Graulhet (Tarn), Giordani de Trignac (Charente-Maritime), Laperne d’Oloron (Béarn), Bérek de Labouheyre (Landes)…" Quant à savoir comment la crème des rugbymen français avait débarqué dans la cité thermale des Landes, l’explication tient en deux lignes : à l’époque, le Dacquois Claude Dourthe (dit le Chameau) était un gros pardessus assez influent, du côté de la rue de Liège à Paris, au siège de la FFR. Chargé de superviser toutes les équipes de jeunes à la fédération, l’ancien trois-quarts centre du XV de France parvenait donc à souffler les meilleurs "rookies" du pays, leur faisant comprendre en trois mots que l’USD était surtout connue pour produire des internationaux à la pelle. "En ce temps-là, poursuit son fils, seuls Rafa (Ibanez) et moi avions été formés à l’école de rugby de Dax". Le professionnalisme ? Il n’était pas fait pour ce club où les joueurs n’étaient pas à plaindre et qui, une fois les crampons raccrochés, réussissaient leur vie professionnelle, aidés en cela par le vaste réseau du "gang des blazers", bien placés dans les instances et rois du coup de piston.

Quand "Rodrigue" jouait pilier gauche

Ceux-ci avaient le chic pour transformer un fils du peuple en notable bien mis, dentiste, kiné (spécialité locale à cause du thermalisme), assureur, hôtelier avant qu’il ne devienne dirigeant à son tour. Dourthe, encore : "Il n’y avait pas d’argent au club. Je touchais 5 000 francs (800 €) par mois et les dirigeants m’avaient payé une Peugeot 306 Turbo Diesel : elle me permettait alors d’aller à Bordeaux, où je faisais la bringue et des études de kiné. Cette voiture, j’en étais super fier !"

La génération dorée de l’US Dax, championne de France Reichel en 1993, pouvait compter sur quelques "papas poules", au moment où les mômes (Dourthe débuta par exemple en Seniors à 17 ans) furent tous appelés en "Une" par Jean-Philippe Coyola et Jacques Ibanez, leurs entraîneurs. Olivier Roumat et Pascal Béraud (surnommé "fourchette" pour des raisons évidentes), en deuxième ligne, faisaient régner l’ordre. Quand Laurent Rodriguez, en fin de carrière et repositionné pilier gauche parce que son corps de trentenaire ne pouvait plus supporter les efforts que demande la position de flanker, veillait sur la marmaille. " Vous vous rappelez de Carter à Perpignan ? Demande à présent Dourthe, amusé. Quand il était à l’Usap, le club a été champion de France. Quand il en est parti, Perpignan est descendu en deuxième division. Laurent Rodriguez, c’était notre Carter à nous, notre porte-bonheur, le type qui nous donnait confiance. Avec lui, je me sentais protégé. C’était parce qu’il était derrière moi que j’étais aussi agressif. Les adversaires savaient que s’ils me cognaient, Lolo et ses pattes d’ours séviraient derrière. Je n’ai jamais connu une telle force de la nature, au cours de ma carrière".

Et sinon, qui eut l’idée géniale de faire passer "Rodrigue" en première ligne ? Au téléphone, Fabien Pelous et Richard Dourthe ne surent nous le dire. Raphaël Ibanez, lui, en garde un souvenir intact : "Le jour où notre gaucher Rémy Susbielle s’est blessé, mon père (Jacques) est allé voir Lolo. Il était emmerdé, ne savait pas vraiment comment lui présenter son idée. Rodriguez, c’était une institution en ce temps-là. Il ne voulait pas lui manquer de respect. Il lui a dit : "Laurent, je peux te parler de quelque chose ?" Rodriguez ne l’a pas laissé finir sa phrase. Il lui a répondu : "Tu veux me faire pousser à gauche, c’est ça ? Ok, on y va". Ça a nécessité quelques ajustements, en mêlée. Laurent était si large que je ne parvenais pas à en faire le tour. Mais les jours de grand match, quand il se mettait à lisser sa moustache, ce n’était pas très bon signe pour l’adversaire…"

À l’époque où Laurent Rodriguez avait 36 ans, Fabien Pelous en avait quinze de moins et il venait d’atterrir dans la cité thermale. "J’étais alors étudiant en kiné à Toulouse, une grosse ville qui vivait à cent à l’heure. Quand j’ai débarqué à Dax, j’ai découvert un autre monde ; j’ai découvert des gens qui prenaient le temps, des gens qui s’arrêtaient quinze mètres avant le passage piéton pour laisser traverser un curiste en peignoir. Tout ça m’amusait beaucoup". Pelous ? Lui que les Britanniques surnommèrent parfois "Lurch", le géant de la famille Adams, avait été arraché à Graulhet en 1994 mais, avant de pouvoir faire ses grands débuts avec l’équipe "Une" de Dax, dut attendre une grosse année : "J’étais international militaire à l’époque et, comme vous le savez probablement, les internationaux n’avaient pas alors le droit de muter. On m’avait donc placé sous licence rouge. J’ai passé un an à jouer en Nationale B. J’ai même profité de ce temps-là pour accrocher quelques sélections avec l’équipe de France à 7 !" Qui l’eut cru…

Dax, ce fut aussi la "beauf story"

À Dax, tout avait trait au rugby. Le cabinet d’assurances appartenait à Jean-Pierre Bastiat, ancien deuxième ligne international. Les thermes étaient dirigés par Jean-Louis Bérot, ancien ouvreur du XV de France. Le plus gros cabinet dentaire de la ville, lui, était la propriété de Claude Dourthe et Jean-Pierre Lux, qui formèrent un temps la paire de centres de la sélection nationale. L’USD des années 90, elle, avait aussi la particularité de faire cohabiter trois beau-frères, puisque Raphaël Ibanez et Olivier Magne avaient tous deux épousé les filles Dourthe (Sandra et Marion), soit les sœurs de Richard. "Je ne sais pas vraiment comment leurs histoires d’amour sont nées, poursuit ce dernier. J’étais pote avec Rafa et Charly (Magne) avant qu’ils n’entrent dans la famille. C’est ce lien d’amitié qui a toujours perduré, entre nous". Raphaël Ibanez, alors capitaine de l’équipe, enchaîne ainsi : "Dans le vestiaire, tout le monde était au courant sauf mon père. En début de saison, je souffrais des adducteurs, il ne comprenait pas pourquoi. Jean-Philippe Coyola, lui, était au parfum et lui disait, hilare : "J’ai compris pourquoi les adducteurs de ton fils sifflent !" Inutile de vous dire que le secret n’est pas resté enfoui très longtemps". Fabien Pelous, sur la même thématique : "On a toujours vécu cette situation comme quelque chose de très naturel : vous conviendrez avec moi qu’il est difficile de passer à côté de la famille Dourthe, quand on est à Dax… De mon côté, je me suis souvent dit que s’il y avait eu une troisième fille, elle aurait probablement été pour moi !"

Aussi naturelle que la "beauf story" puisse-t-elle paraître aux yeux du grand Pelous, il y eut pourtant, entre Richard, "Charly" Magne et "Rafa" Ibanez quelques étincelles à l’époque où ils faisaient tous partie de la même équipe. "C’était en 1996, avant un match de Coupe d’Europe contre Édimbourg. En milieu de semaine, notre capitaine Raphaël Ibañez avait réuni l’ensemble des joueurs dans un vestiaire et s’en était pris à moi : "Richard, arrête de gueuler sur le terrain, on n’en peut plus ! Si ça continue, on te sort de l’équipe !" Sur le coup, j’étais fou de colère. Le week-end suivant, contre Edimbourg, j’ai marqué 41 points. Après ça, j’ai pu gueuler autant que je voulais, personne n’avait plus rien à dire".

Le jeu, dîtes-vous ? Au stade Maurice Boyau, où plus de la moitié de la ville se massait les soirs de grand match, on s’appuyait alors sur l’incommensurable talent des Reichel de 1993, une équipe où Richard Dourthe, Pascal Giordani, Patrice Labeyrie, Ludovic Loustau et Olivier Magne étaient alors au sommet. "On jouait tout ce qui était jouable, sourit Fabien Pelous. De toute façon, on ne s’entraînait pas assez pour avoir des systèmes de jeu alambiqués. Alors, on jouait tous les ballons qui traînaient".

La fin d’un règne

Au bord de l’Adour, on date finalement le crépuscule de la "belle époque" au printemps 1996. Ce jour-là, les Dacquois viennent donc de s’incliner en demi-finale du championnat de France (33-26) face au Stade toulousain de Christian Califano, Emile Ntamack, Thomas Castaignède, Christophe Deylaud et consorts. "À la fin de ce match, se souvient à présent Fabien Pelous, Guy Novès (alors manager du Stade toulousain) est venu me voir et m’a dit : "Il faut qu’on parle, tous les deux". J’ai immédiatement compris où il voulait en venir". Fabien Pelous fut donc le premier des jeunes stars dacquoises à quitter la cité thermale. "Peu après mon départ, poursuit maintenant l’homme aux 118 sélections, ce fut un peu l’hémorragie à l’USD. Certains supporters m’en ont voulu. Je ne suis pourtant pas parti pour de l’argent, puisque ce que me donnait le Stade était équivalent à ce que je touchais à l’USD. Mais je suis né à Saverdun (Ariège) et j’étais alors étudiant à Toulouse. Signer à Toulouse allait dans le sens de l’histoire, en quelque sorte. Finalement, je crois que Dax n’est pas passé dans le rugby professionnel assez rapidement : quand nous nous entraînions deux fois par semaine, les autres clubs en étaient déjà à cinq sessions hebdomadaires. En définitive, nous qui voulions être internationaux n’avions pas vraiment d’autre choix que de celui de partir…"

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Les commentaires (1)
hommageanoves Il y a 3 années Le 16/07/2020 à 21:46

Combien de titre A L'USDax?Aucun bien sur pas besoin d'avoir eu des Starlette style Olivier Magne