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Barassi : « La Coupe du monde, c’était un cadeau du ciel »

Par Léo Couffin
  • Pierre Louis BARASSI of Lyon during the Top 14 match between Lyon and La Rochelle at Gerland Stadium on November 10, 2019 in Lyon, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport) - Pierre Louis BARASSI - Matmut Stadium - Lyon (France)
    Pierre Louis BARASSI of Lyon during the Top 14 match between Lyon and La Rochelle at Gerland Stadium on November 10, 2019 in Lyon, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport) - Pierre Louis BARASSI - Matmut Stadium - Lyon (France) Icon Sport - Icon Sport
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Pour la première fois de sa jeune carrière, Pierre-Louis Barassi, trois-quarts centre de Lyon, a décidé de se livrer dans nos colonnes. L’international français (1 sélection) raconte cette saison coupée par la crise sanitaire, sa blessure mais également sa surprise d’avoir été appelé chez les Bleus.

Le Lou était deuxième du Top 14 avant l’arrêt de la compétition, qu’est-ce qu’il en ressort plusieurs mois après cette coupure ?

On va dire qu’il y a plein de facteurs qui ont joué en notre faveur. C’était une année de Coupe du monde, nous sommes partis sur les chapeaux de roues et ça nous a aidés. Mais il faut savoir qu’on s’était super bien préparé avant le début du Top 14. Finalement finir deuxième ça veut tout et rien dire, car il restait pas mal de journées avant la fin de la phase régulière. Puis derrière, on enchaînait sur le match de barrage ou la demi-finale. On aurait sûrement fini dans les six premiers, après personne ne saura jamais si on se serait classé deuxième ou non, c’est un mystère…

Pensiez-vous déjà au Brennus à ce moment-là ?

Chaque saison est débutée de la même façon, on a toujours l’ambition d’être champion. Sinon ça ne sert à rien de commencer le championnat.Quand on voit le nombre de prétendants au titre qu’il y a, il faut se fixer des objectifs élevés. Vu l’évolution de la saison, on voulait aller plus loin dans la compétition. On s’était dit que c’était peut-être le moment d’arriver directement en demi-finale. Nous étions sur la bonne voie. Avant le confinement, nous devions affronter Toulouse, c’était un moment charnière.

En plus, vous étiez blessé à la pommette droite…

Je devais reprendre juste après les vacances ! J’étais censé postuler pour jouer contre Toulouse, il y avait aucune contre-indication médicale, mais bon… (il soupire)

Vous avez parlé d’une année noire, est-elle liée à cette blessure ?

Franchement, oui, ce n’est pas une saison super facile, même si j’ai connu ma première sélection un peu surprise avec les Bleus. Après la Coupe du monde, je me suis cherché, je me suis blessé deux fois… Je ne crois pas beaucoup en la chance, mais je peux dire que je n’en ai pas eu. Ça a été compliqué de revenir du Mondial, au moment où j’enchaînais les bonnes prestations, j’ai eu ces blessures. C’est comme ça, c’est la loi du sport, ce n’est que partie remise. Du moins, je l’espère !

Pourtant la Coupe du monde ce n’est pas à la portée de tous…

Cet événement est un cadeau du ciel, c’est arrivé de nulle part, je n’avais pas fait la préparation avec le groupe, je n’étais dans aucune liste. Ce fut une très grosse surprise pour moi effectivement. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. C’était, il y a maintenant quasiment un an, finalement ça ne veut plus dire grand-chose maintenant. Toutes les cartes sont redistribuées, on repart très souvent à zéro, on se rend compte à ce moment précis que les bons joueurs se distinguent des joueurs lambda si je puis dire. Le bon joueur c’est celui qui arrive à revenir tout le temps en équipe de France, c’est le mec qui se remet toujours en question.

Comment vous avez appris votre sélection chez les Bleus ?

J’étais chez moi, je regardais France-Argentine. À la mi-temps, j’ai reçu un coup de fil de Pierre Mignoni, il m’a dit que je devais me préparer, car je partais au Japon. J’étais à la fois surpris et gêné. Dans un moment comme celui-là, tu es submergé d’émotion, mais on n’a pas vraiment le temps de réfléchir, car il faut partir rapidement. J’ai dû vite rentrer dans la compétition.

Quand on regarde depuis plusieurs saisons, les jeunes sont présents. Il y a toujours de bons jeunes joueurs, c’est la suite logique des choses et c’est encourageant pour le rugby français.

Vous étiez l’invité surprise…

Plutôt oui (il sourit)

Il y avait une pression médiatique autour de vous qui s’est rajoutée…

Oui, forcément, comme je disais, j’étais l’invité surprise ça sortait de nulle part. Je pense que les journaux ont envie de parler de ça. Moi, je n’ai pas voulu répondre, car je voulais rester concentré ! J’étais tout jeune, je n’avais pas envie de dire une bêtise, rester dans mon coin était la meilleure chose à faire. Je venais d’arriver en plein milieu du championnat du monde, je n’allais pas en rajouter en disant : "Salut, c’est moi". Cela n’aurait eu aucun intérêt de faire le beau dans les médias.

Vous n’étiez pas le seul champion du monde moins de 20 ans pendant la Coupe de monde, vous ont-ils aidé à vous intégrer ?

Oui, complètement, Romain (Ntamack) et Demba (Bamba) étaient là. Il y avait une belle ossature, on était plusieurs jeunes donc forcément ça aide pour s’intégrer. Globalement avec toute l’équipe ça s’est bien passé, du fait que je sois arrivé un peu plus tard, je ne voulais pas faire de bruit, je n’ai pas vécu ce moment comme le reste du groupe, c’est normal.

L’absence de la préparation vous fait penser cela ?

Oui et non, c’était tout neuf pour moi, je ne m’étais jamais entraîné avec les mecs, la plupart d’entre eux n’avaient jamais joué contre moi non plus. D’un côté, il faut montrer que tu es là, mais d’un autre, il ne faut pas arriver comme un éléphant.

Qu’est-ce que vous retenez de votre rencontre contre les Tonga ?

J’en retiens déjà que c’était ma première sélection. C’est un moment très particulier, puis il ne faut pas croire, chaque match était d’une haute intensité, parce que si tu perds un match, tu es sûr de ne pas sortir des phases de poule. J’avais malgré tout de la pression, mais pas plus que ça, après le contexte du match faisait que je ne suis pas rentré au meilleur moment, car le score était très serré. Mais de toute façon, il faut bien rentrer tôt ou tard, la manière après on s’en fiche ce qui compte, c’est d’y être.

Vous faites partie de cette jeune génération championne du monde avec les moins de vingt ans, que pensez-vous de cette ascension ?

Je trouve ça normal, les générations se renouvellent. Quand on regarde depuis plusieurs saisons, les jeunes sont présents. Il y a toujours de bons jeunes joueurs, c’est la suite logique des choses et c’est encourageant pour le rugby français. Car on sait que ça pousse derrière, puis ça monte le niveau de tout le monde.

Cette saison, vous auriez pu revenir chez les Bleus ?

Je n’ai pas la prétention de dire que j’aurais été au Tournoi des 6 Nations, absolument pas, mais peut-être que j’aurais pu postuler. Je ne sais pas vraiment comment ça se passe, on m’avait dit un jour : "L’équipe de France, tu sais quand tu y es, mais tu ne sais pas quand tu y retournes". Mais ce qui est sûr, c’est que cette blessure m’a empêché de jouer avec mon club aussi. Maintenant je n’ai plus aucune séquelle, je suis bien revenu, le confinement a eu du bon, car je me suis bien préparé pour la reprise. Je vais d’abord rejouer avec le Lou et après, j’espère être présélectionné à nouveau avec le XV de France. L’objectif à moyen terme, c’est de reprendre comme il faut avec mon club, on a deux matchs amicaux qui sont costauds, contre Clermont et le Racing.

Des bons matchs pour se préparer…

Tout à fait, d’après ce que me disent mes copains, ils se préparent comme nous, donc ça va être des beaux matchs de rugby. Dans un match amical, tu enlèves la pression du championnat, mais ça reste des rencontres importantes, car si tu gagnes ça crée une meilleure dynamique. Dans un match amical, il y a que le nom d’amical, c’est l’anecdote que tous tes éducateurs te sortent depuis l’école de rugby.

Comment rebondit-on après une compétition stoppée ?

Au début, c’était vraiment embêtant, je ne vais pas vous le cacher. On était déçu, mais c’est la même chose pour tous les clubs. Ce n’est pas un problème rugbystique, ce qu’il s’est passé, c’est mondial. Quand on voit les gens autour de nous qui se sont fait licencier, le chômage qui grimpe, les malades et les décès qu’il y a eu pendant cette période. Tu ne peux pas te plaindre, la priorité nationale, c’était la santé et nous de faire attention à nos proches.

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