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Un jour, un métier : Olivier Caisso au chevet des blessés

  • Olivier Caisso, qui a terminé sa carrière professionnelle à Montauban au printemps 2018, mène deux activités en parallèle : professeur de sport et gérant d’un cabinet de conseil à destination des sportifs blessés. Photo Icon Sport
    Olivier Caisso, qui a terminé sa carrière professionnelle à Montauban au printemps 2018, mène deux activités en parallèle : professeur de sport et gérant d’un cabinet de conseil à destination des sportifs blessés. Photo Icon Sport
  • Olivier CAISSO
    Olivier CAISSO
Publié le Mis à jour
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À côté de son activité de professeur de sport dans un collège de Brive, l’ancien Montalbanais a créé, avec son associé, une société de conseil pour les blessés du sport, afin de les aider dans les démarches administratives et les soulager psychologiquement. Mission, née de ses expériences personnelles, dans laquelle il s’investit pleinement.

Olivier Caisso a quitté la scène professionnelle le 24 avril 2018, au terme d’une demi-finale d’accession au Top 14 perdue avec Montauban contre Grenoble. Après une dernière saison du côté de Bergerac en Fédérale 1, le deuxième ligne a décidé de raccrocher les crampons. "Pour tout joueur, l’arrêt du rugby est difficile, explique-t-il. Pendant des années, on prolonge l’adolescence finalement : on vit de notre passion, on est avec des copains, on joue devant des milliers de personnes, on passe à la télé et dans les journaux… C’est un système d’autosatisfaction permanente. Puis ça finit du jour au lendemain et tu passes du mec sur le terrain qu’on regarde jouer à celui dans les tribunes qui regarde les autres. Mentalement, c’est dur. Je me suis préparé à ne pas me retrouver dans le vide complet mais il faut être bien entouré. L’étape n’est pas facile. Aujourd’hui, j’ai la chance de ne pas trop tergiverser et de garder le lien avec le monde du rugby à travers la société." Il fait ici référence au cabinet CP Conseil, qu’il a créé avec son associé il y a deux ans, destiné à accompagner les blessés du sport.

D’où lui est donc venue l’idée ? "Durant mes dernières années de contrat, j’ai fait le constat que le rugby, comme tout sport de combat, génère beaucoup d’accidents. J’ai réfléchi et, partant de là, je me suis dit que les joueurs avaient le droit d’être indemnisés, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Notre panel est très élargi puisqu’il va d’internationaux à des joueurs de Quatrième Série. Ils sont tous en situation de blessure et nous les accompagnons pour toute forme d’indemnisation. Les volets sont multiples et complexes et je sais que la gestion administrative est très compliquée, d’autant plus pour les étrangers. Dans une carrière, il y a toujours des périodes délicates et le joueur se retrouve rapidement seul face à ces problématiques."

Lui qui est affectueusement surnommé "la Caisse" dans l’univers du rugby le sait par expérience. Il a notamment contracté la maladie d’Hodgkin fin 2013, un cancer du système lymphatique qui l’a éloigné des terrains jusqu’à l’été 2015. "J’ai été à leur place et j’ai galéré. J’ai connu deux ans de grave maladie et, en toute humilité, je peux ressentir ce qu’un joueur en difficulté ressent. Je connais ses attentes et ses besoins." Ce qui l’avait conduit, durant ses années montalbanaises, entre 2015 et 2018, à aider certains coéquipiers. "Je le faisais par amitié, au départ. J’ai rendu des services. Disons que je prodiguais des conseils et effectuais du suivi officieux. En fait, on ne s’imagine pas le nombre de sportifs qui sont dans ce cas. Voilà pourquoi j’ai pensé que ce serait intéressant et cohérent de créer cette société d’accompagnement de la blessure du sportif par la suite."

Un accompagnement matériel et moral

Déjà, Olivier Caisso avait vite perçu que la souffrance n’était pas que physique chez ceux qui vivent ce genre de coups durs. "Les joueurs que j’accompagne sont souvent dans une situation psychologique fragile. Il y a la blessure mais aussi parfois la fin de contrat, le chômage, etc. Tout ceci génère du stress et mon rôle est de rassurer le joueur, de l’accompagner de la meilleure des façons pour lui apporter de la sérénité. Notre soutien est évidemment matériel mais il est aussi moral. En gros, on lui dit : "Occupe-toi de ta rééducation, garde l’esprit tranquille pour revenir en pleine forme et, nous, on s’occupe du volet complexe." Quel est aujourd’hui le public auquel s’adresse CP Conseil ? "Principalement le milieu du rugby, ce qui est logique car j’ai une certaine légitimité après avoir été professionnel pendant treize saisons. Mais nous commençons également à nous développer dans d’autres sports, comme le football ou le handball." Surtout, les demandes augmentent constamment. "Il y a de plus en plus de sollicitations, confirme Caisso. D’abord, notre réseau se met en place, notamment grâce au bouche-à-oreille. Des joueurs nous appellent régulièrement sur les recommandations d’amis ou de partenaires." Ceci grâce à une grosse efficacité en termes de résultats. "À ce jour, nous avons un très fort pourcentage d’indemnisations, à savoir que plus de 90 % des dossiers que nous suivons débouchent sur une indemnisation."

Mais avant cette issue, la mission de CP Conseil, donc d’Olivier Caisso et son associé, est de s’occuper de toutes les prestations administratives en amont : "Nous indiquons les pièces à récupérer, nous aidons à la constitution du dossier, puis sur l’assurance de prêt bancaire ou l’assurance individuelle, ou sur la perte de licence selon les cas. Une fois que les démarches administratives sont finalisées, nous passons le relais à un médecin-conseil ou à un avocat qui intervient sur la négociation des offres ou les procédures judiciaires. Nous avons donc aussi noué des partenariats avec des médecins-conseils ou des avocats qui travaillent dans le droit du sport ou du travail, notamment avec Maître Laurent Sabounji, qui est avocat associé au cabinet Lafayette à Toulouse." C’est donc une relation privilégiée, de confiance, qui s’installe avec le joueur, ce qui comble Caisso. "Nous sommes sans arrêt en contact direct avec eux. On les voit, on les appelle. C’est important d’avoir cette présence à leurs côtés. Les joueurs sont satisfaits d’avoir ce lien et j’y prends beaucoup de plaisir. Au-delà de l’aspect financier, c’est gratifiant pour moi d’aider un individu qui en a besoin. Il n’y a rien de plus valorisant que le voir sortir grandi de cette épreuve. Je répète que nous bossons avec des joueurs amateurs, aux revenus modestes, des mecs qui évoluent en Troisième Série et qui se sont pété un genou par exemple. Les séquelles qu’ils endurent doivent être compensées économiquement. Et quand ils perçoivent une somme d’argent, qui représente plusieurs mois de salaire, c’est significatif pour eux."

"J’ai envie de transmettre ce que j’ai vécu"

Olivier Caisso y trouve d’autant plus son compte qu’il partage son temps entre sa famille (il est papa de trois filles, N.D.L.R.), sa société et son activité de professeur d’éducation physique et sportive (EPS). Un agenda bien rempli qui participe à son équilibre personnel. "Pendant ma carrière de joueur, j’ai continué mes études, jusqu’à obtenir un Master 2 en management du sport. Quand j’ai arrêté, j’ai eu une opportunité pour entrer dans un collège à Brive en tant que professeur de sport. J’ambitionne désormais de devenir titulaire et donc de passer le concours pour y parvenir. Ce métier m’apporte des choses, ma société m’en apporte d’autres et ceci me permet d’être totalement frais dans les deux activités. Je ne m’ennuie pas mais je ne ressens aucune saturation. Face à mes élèves, je prône un enseignement participatif et c’est une vraie flèche à double sens car j’essaye de leur apporter tout ce que j’ai pu apprendre et eux me le rendent tellement. Mais avec CP Conseil, j’ai aussi ce contact humain avec les joueurs. Dans les deux domaines, j’ai envie de transmettre ce que j’ai vécu comme joueur, dans les bons et les mauvais moments. C’est finalement un juste retour des choses." Et, pour lui qui disait justement plus haut que la carrière de rugbyman était "le prolongement de l’adolescence", c’est aussi un moyen de continuer à vivre de ce qui le passionne : le sport, l’humain et la transmission.

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