Abonnés

Clerc : « Kolbe est une aubaine pour les jeunes »

  • Retraité en 2018, Vincent Clerc est toujours le recordman du nombre d'essais marqués en Top 14.
    Retraité en 2018, Vincent Clerc est toujours le recordman du nombre d'essais marqués en Top 14. Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Devenu consultant depuis sa retraite sportive en 2018, l'ancien ailier aux 67 sélections avec le XV de France revient sur les moments marquants de sa carrière et livre son regard sur le rugby actuel.

Votre record de 101 essais en Top 14 est menacé par Timoci Nagusa (80) et votre ami Maxime Médard (83). Le premier partant en Pro D2 à Grenoble, avez-vous plus peur du deuxième ?

(Il rigole) Non, je n’ai pas peur mais ce sont les deux plus proches pour me rattraper. Le problème avec Jim (surnom de Nagusa, N.D.L.R.), c’est que je souhaite à Grenoble de vite remonter en Top 14. S’il est de retour dans un an, il pourra peut-être venir titiller le record. Après, il paraît que Max est en cannes, c’est ce qu’il m’a dit. Il peut donc planter à tout moment ! Si je dois être rejoint, j’ai quand même une petite préférence pour lui (sourires).

Cette barre des cent essais était-elle une obsession à la fin de votre carrière ?

On m’en parlait tellement… Je suis arrivé à Toulon en 2016 et je me suis vite blessé. Quand j’ai repris la saison suivante, j’avais vraiment envie de marquer, déjà pour ce club qui m’avait fait confiance. Puis je voulais me débarrasser de cette barre à laquelle tout le monde faisait référence. Ce centième, il fallait que je le mette, pour me libérer de ce chiffre qui devenait trop pesant. Le 101e était anecdotique.

Vous évoquiez le FCG, où vous avez été formé. Qui s’en rappelle aujourd’hui ?

Ça dépend de l’âge. Il reste une frange générationnelle qui m’a connu sous le maillot grenoblois mais j’avoue que les plus jeunes m’associent directement au Stade toulousain.

Avez-vous des regrets en vous retournant sur votre carrière ?

Non. J’ai eu la chance de plutôt faire les bons choix. Les seuls regrets peuvent concerner une ou deux blessures. Est-ce que j’aurais pu les éviter ? Peut-être. Parfois, je n’ai pas su m’écouter et ralentir le rythme pour laisser mon corps récupérer. Mais c’était ma force aussi. Et chaque blessure m’a amené du positif : des apprentissages, des rencontres, de la fraîcheur mentale. Voilà pourquoi je ne crois pas le regretter. La dernière à Toulon fut une douleur, c’était dur à vivre, mais le soutien du club et des autres joueurs fut bienvenu pour me remettre d’aplomb et finir sur une saison sympa.

Vous étiez effectivement un bourreau de travail…

Si j’avais freiné, je n’aurais plus été moi-même. Je me suis très peu retourné sur ma carrière quand j’étais joueur. Aujourd’hui, je me rends compte de la difficulté à rester longtemps à ce niveau, à gagner autant de titres en club. Je suis tombé sur des générations dorées, avec des joueurs exceptionnels. À l’époque, je n’étais pas conscient à quel point c’était dur de construire ça. Tant mieux, c’était naturel.

Parmi les joueurs cotoyés, pourriez-vous en ressortir un ?

Impossible. Vous imaginez les mecs avec qui j’ai joué ? C’est comme me demander de ressortir un souvenir, il y en a trop. Avoir du mal à choisir est un privilège ! Si je prends mon poste d’ailier, j’ai commencé avec Franck Corrihons qui était mon idole, puis je suis passé à Emile Ntamack ou Michel Marfaing, à Cédric Heymans plus tard. J’ai affronté des Jonah Lomu, Shane Williams ou Bryan Habana. Si je parle de ma première sélection en équipe de France, j’étais à côté de Thomas Castaignède ou Xavier Garbajosa. C’était dingue, d’autant que certains sont des amis maintenant.

Et l’adversaire qui vous a le plus marqué ?

Sivivatu. Un génie. Il était rapide et dur comme de la pierre. C’était un mec qui faisait mal. Lui m’a vraiment marqué.

Pour votre deuxième sélection en novembre 2002, vous vous êtes donc retrouvé face à Lomu. C’était déjà l’affrontement de deux rugbys…

Oui, on présentait le duel ainsi et ce sera d’ailleurs un éternel débat. Dans ce sport, tu auras toujours des mecs plus costauds, avec des facultés physiques exceptionnelles. Mais, à côté, il y aura aussi toujours de la place pour un Cheslin Kolbe ou un Arthur Bonneval, des petits gabarits. C’est ce qui rend le rugby génial. Selon la volonté des coachs ou leur philosophie de jeu, tout le monde peut avoir sa chance. Mais pour revenir à Jonah Lomu, il n’y en a eu qu’un et il n’y en aura plus jamais d’autre.

Justement, le rugby actuel ne privilégie-t-il pas le retour de petits gabarits ?

Disons que même les plus costauds doivent avoir une vraie capacité de déplacement. Mais des Kolbe, Retière ou Ngandebe, j’ai l’impression qu’il y en a toujours eu. Je pense à Shane Williams, aux frères Underwood, aux frères Carrat. On avait besoin de ces profils. Ils étaient des électrons libres et, par leur vitesse, pouvaient bouger partout, créant du mouvement, des leurres, du surnombre. Je me suis toujours identifié à ce rôle. Généralement, ces joueurs sentent les coups, Chris Ashton en est un parfait exemple. Voilà pourquoi il finit autant d’actions. Même si on ne retourne pas les mecs sur un plaquage, on peut quand même être bon en défense et mettre autant d’agressivité que les autres. En fait, la question du physique ne pose aucun problème. Tu veux un petit et un costaud ? T’en mets un à chaque aile !

Et le public s’identifie souvent aux petits gabarits, généralement spectaculaires…

C’est rassurant pour les parents qui veulent mettre leur gamin à ce sport. Même s’il n’est pas costaud, il a sa place. Quand tu es gosse, et c’était mon cas, tu as envie de ressembler au mec physiquement proche de toi. Kolbe est une aubaine pour les jeunes.

En 2003, vous n’aviez pas été retenu par Bernard Laporte pour la Coupe du monde alors que vous aviez explosé les mois précédents. Fut-ce une douleur ?

C’était dur sur le coup. Je surfais sur une dynamique incroyable. J’arrivais de Pro D2, j’avais fait la Coupe du monde des moins de 21 ans, je débarquais à Toulouse. Puis il y a eu mes premières sélections, mon premier Tournoi des 6 Nations et le titre de champion d’Europe. Tout roulait pour moi, je ne me posais même pas la question… J’avais effectué dix matchs et demi sur onze avec l’équipe de France.

Et donc ?

Je n’avais pas pris le recul nécessaire pour me dire que je pouvais ne pas être sélectionné. Cela avait été violent. Était-ce injuste ou pas ? C’est toujours le choix d’un sélectionneur. Je me souviens avoir reçu beaucoup de coups de téléphone, notamment un de Guy Novès.

Que vous avait-il dit ?

Ses mots ont été : « Es-tu vraiment indiscutable ? Est-ce que t’es vraiment à 100 % de ton potentiel ? » Effectivement, je ne l’étais pas. Je venais de démarrer et j’avais plein de lacunes. En raccrochant, je me suis dit : « Si tu bosses tes points faibles, t’y seras peut-être en 2007. » Cela m’a permis de basculer et de mettre le Mondial suivant dans mon viseur. Après deux jours tristes, je suis reparti dans le travail. En fait, je me suis toujours réfugié là-dedans durant ma carrière : j’ai réussi à transformer chaque échec et chaque blessure en défi pour prouver que je pouvais revenir à mon meilleur niveau.

2007 vous a-t-il fait changer de dimension ?

C’était ma première Coupe du monde, avec mon premier match dans la compétition à Toulouse, au Stadium. C’était un joli clin d’œil. Tout a basculé pour moi à Croke Park durant le Tournoi précédent. On m’a tellement parlé de cet essai de la victoire (à la 79e, Ndlr). Je pense avoir gagné ma place là-bas, sinon je ne serais pas parti au Mondial. À partir de là, j’étais un peu plus installé, je faisais moins d’allers-retours et la pression n’était plus la même. Je pouvais me lâcher davantage.

Même si la cuillère de Joe Worsley, en demi-finale contre l’Angleterre, vous a privé du Graal…

Je ne trouvais pas de regret à ma carrière : il est là, en fait ! Ça se joue à quelques millimètres, alors que je peux aller marquer (à la 68e minute, la France était menée d’un point, N.D.L.R.). Je donne à Seb Chabal qui se fait plaquer à vingt centimètres de la ligne. Cette action avait tout pour nous envoyer en finale. J’ai revu la photo récemment et ça passe à une phalange. C’est dingue, le destin !

Il n’a pas voulu que vous soyez champion du monde…

En 2007, je suis convaincu qu’on est passés proche. L’Afrique du Sud, qui a été sacrée ensuite, nous convenait bien. Dans le défi physique, on répondait généralement présent et les Boks avaient moins de solutions quand ils étaient pris sur l’engagement. Puis il y a eu cette finale en 2011.

Que vous auriez dû gagner ?

C’est frustrant mais on ne le saura jamais. Oui, on aurait mérité des pénalités supplémentaires, c’est une évidence. Mais, si on les avait converties, est-ce que les All Blacks ne seraient pas revenus nous chercher par un essai ? Franchement, être champion du monde, ça doit quand même être pas mal…

Dans le livre que vous avez écrit sur votre carrière, il y a un passage fort sur votre départ douloureux de Toulouse en 2016…

(Il coupe) Quand je disais ne pas avoir de regret, je parlais du sportif. Ça, ce fut une vraie douleur sentimentale. Quinze ans de club, ça méritait plus de franchise.

Vous aviez alors reproché aux dirigeants en place de vous avoir fait miroiter une prolongation avant que vous n’appreniez, très tard dans la saison, que vous ne seriez pas conservé…

Ça m’a fait mal. La blessure survenue derrière avec Toulon n’était sûrement pas anodine. Quand tu te trouves dans de mauvaises dispositions mentales, même si c’est du passé, tu le payes. D’une semaine à l’autre, j’avais appris que j’allais jouer mon dernier match à Ernest-Wallon. J’avais tout fait dans le stress, invité vite ma famille et mes amis pour qu’ils puissent y assister, cherché une maison, des écoles pour les enfants et ma femme devait trouver un nouveau job. J’aurais préféré qu’on me le dise en amont. C’était dommage.

En avez-vous reparlé depuis avec René Bouscatel et Fabien Pelous ?

Non, parce que c’est fait et rien ne pourra le changer. Tout s’est très bien passé ensuite à Toulon mais ce virage a été violent. Je n’ai pas donné certains détails et je ne les donnerai pas. J’ai toujours été réglo, jusqu’au bout. J’arrivais en fin de carrière, je comprends qu’on ait besoin de changer de génération et que ce n’est pas évident de dire les choses aux mecs restés longtemps. Mais j’avais laissé la porte ouverte : « C’est pas un souci si c’est la fin. » C’était plutôt une démarche du club de vouloir me garder. Ce retour en arrière, quelques mois plus tard, m’avait déçu. On est dans un sport de haut niveau, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde et il n’y a pas de récompense à avoir, mais l’honnêteté est importante pour bien finir les histoires.

Cela a-t-il biaisé votre rapport au Stade toulousain ?

Absolument pas. Je n’en ai jamais voulu au club et j’en suis toujours un amoureux. Je vais régulièrement voir les mecs jouer, s’entraîner ou manger avec eux.

Guy Novès fut votre entraîneur mais il est aussi votre beau-père. Cette relation a-t-elle été un poids ?

Elle l’a été pour moi durant les premiers mois, mais la relation a changé trois ans après mon arrivée. On avait installé un rapport qui est resté le même dans le cadre du club. Il est évident qu’avec Guy, de manière inconsciente, on s’était mis des barrières durant la période où nous étions tous les deux au Stade toulousain. On se voyait très peu en dehors. On avait placé un cadre sans même le formaliser et on n’en débordait pas.

Quand il est parti, cela vous a-t-il libéré ?

Quelque chose a évolué mais ce n’était pas une libération. Nous nous sommes toujours très bien entendus, même avant que je sois en couple avec sa fille. Je l’appréciais beaucoup. Aujourd’hui, ça fait quinze ans, donc on s’habitue (sourires). Guy a toujours su faire la part des choses. Avant moi, il a eu des amis très proches qui étaient ses joueurs. Il fonctionnait de la même façon et ne donnait aucun passe-droit.

Même pas pour son gendre ?

Je me suis obligé à être irréprochable, pour ne pas que l’on dise de moi : « Il joue parce que… » ça n’a jamais empêché Guy de m’écarter d’une composition sur des phases finales car je ne le méritais pas ou revenais de blessure. Et ça m’allait bien.

Il a annoncé la fin de sa carrière d’entraîneur. Peut-il revenir dessus ?

Je suis quasiment sûr que non. Il arrive à un certain âge et c’est long de construire une équipe autour de soi. On ne réussit pas seul, Guy le sait mieux que personne. S’il devait entraîner demain, il aurait besoin de porter un projet, de sentir la confiance à ses côtés. Ça prend du temps et je ne suis pas certain qu’il en ait envie.

Vous êtes consultant pour France Télévision, après l’avoir été à Canal +. Comment avez-vous basculé dans ce rôle ?

C’est un vrai jeu. Tu analyses et essaies de deviner ce qui va se passer, de comprendre la stratégie d’une équipe et les messages envoyés, s’il y a du bluff. Bref, de décrypter pour des gens qui ne l’ont pas vécu de l’intérieur. C’est très ludique. Et j’adore revenir au bord du terrain. Pendant une carrière de joueur, il y a plein de choses qu’on ne voit pas. Quand j’arrivais sur un match international, j’étais dans ma bulle et je faisais abstraction de l’environnement extérieur. Maintenant, j’arrive à percevoir la chance qui fut la mienne. Je n’aurais pas pu le mesurer sans ce rôle de consultant. Je vois des détails que je n’avais jamais remarqués, je ressens les émotions pendant les hymnes, l’ambiance qui monte dans le stade.

Vous fixez-vous des limites dans vos mots sur les joueurs ?

Non, mais je m’attache à faire preuve d’objectivité. Ça ne m’a jamais dérangé d’être critiqué. On me disait que j’avais mal fait quelque chose ? Tout le monde commet des erreurs. Critiquer en expliquant pourquoi et en montrant les solutions qui existaient, ce que le téléspectateur attend de nous, n’a rien d’une attaque personnelle.

Avez-vous des références chez les consultants ?

Je trouve que Cédric Heymans se débrouille très bien. Dimitri Yachvili et Thomas Lombard, auparavant, aussi. Leur approche est pertinente.

Les joueurs actuels vous branchent-ils sur ce que vous dites à la télé ?

Pas trop, ou plutôt sur mes tenues vestimentaires. Ils m’envoient quelques photos (rires). J’ai conscience de pouvoir vexer mais le but est d’avoir la même sensation que le joueur qui s’est trompé. J’estime, quand on évolue au haut niveau, que ça fait partie du jeu. On se doit aussi d’être dans une autocritique permanente.

Pourriez-vous intégrer un staff ?

Il y a peu de chance pour l’instant. Je veux plutôt réussir une autre carrière professionnelle. Pour être souvent au téléphone avec Clément Poitrenaud, je vois l’investissement que ça réclame. Je ne suis pas prêt à tout mener de front. Et j’avais envie de prendre plus de temps pour ma famille. Quand tu es entraîneur, tu repars sur un rythme encore plus soutenu que celui de joueur, avec de nombreuses absences. En revanche, transmettre sur mon poste me plairait, de manière ponctuelle et même bénévole avec des gamins de 10 à 18 ans par exemple.

Vous étiez déjà chef d’entreprise en tant que joueur. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Ce fut un fil rouge dans ma carrière, qui n’a jamais été polluant pour le rugby. Il m’a donné un équilibre, une sécurité et de la sérénité pour jouer plus longtemps. Si tu n’as pas ce projet en accompagnement, tu peux être obligé de faire un choix pour ne pas louper une occasion professionnelle. Je sens que la jeune génération est sur la même démarche, avec l’envie de mener des études ou des formations pour avoir toujours une connexion avec le monde professionnel hors rugby. C’est une très bonne chose.

Que vous a inspiré la dernière Coupe du monde ?

Je me suis régalé. Elle a confirmé que le rugby de vitesse et d’évitement est celui qui marche à l’heure actuelle. Même pour certaines petites nations : le Japon, bien sûr, mais aussi l’Uruguay qui m’a beaucoup plu par sa volonté de produire un jeu debout, avec des passes au contact.

C’est rassurant…

C’est venu dans la foulée de la saison du Stade toulousain qui a été champion avec un effectif peut-être un peu moins fort que d’autres sur le papier. Mais qui, par la cohésion, le turnover, l’émulation et l’ambition de jeu, est parvenu à être dominateur. On en revient aussi aux petits gabarits… Ce Mondial fut dans la continuité.

Et le retour au premier plan de l’équipe de France ?

Le XV de France est sur cette philosophie. Avec des joueurs mobiles, rapides, qui gagnent leurs duels, les Bleus ont réalisé un excellent Tournoi. Il y a aussi plus de concurrence à chaque poste. Il en manquait peut-être auparavant. On revoit des duels franco-français en Top 14. C’est génial de dire : « Si lui prend le dessus, il sera sélectionné. »

Quoi d’autre pour expliquer l’embellie ?

Le choix du capitaine par exemple. Charles Ollivon revient de très loin et aurait pu arrêter le rugby. Il se retrouve capitaine de l’équipe de France. Dans son discours et son approche, on sent qu’il a une plus-value à apporter aux autres. Au-delà du talent, un état d’esprit a été créé et on sait combien c’est primordial pour gagner.

Aviez-vous senti chez Ollivon cette dimension de leader à Toulon ?

C’est un garçon qui en impose physiquement et qui est très intéressant. C’est aussi un vrai passionné. Après ce qui lui est arrivé, sa force mentale et ses choix personnels dénotent un immense caractère. Ça ne m’étonne pas qu’il en soit là et qu’on se soit appuyé sur lui pour reconstruire cette équipe de France.

L’actuel sélectionneur, Fabien Galthié, fut votre dernier entraîneur…

Il a été mon premier coéquipier en équipe de France et mon dernier entraîneur.

En 2017-2018, l’imaginiez-vous prendre si vite en mains les Bleus ?

Non, parce que son passage à Toulon a été particulier. L’aventure n’a pas duré aussi longtemps que ne le prévoyait le projet de départ. Il avait été proche de l’équipe de France par le passé puis s’en était écarté. Y pensait-il encore ? Vous savez, parfois, les choses viennent quand on ne les a plus en tête.

N’est-ce pas désolant de voir reprendre la guerre entre la LNR et la FFR ?

On me posait déjà la question sur le calendrier et la mise à disposition des internationaux en 2002 ou en 2003, quand j’ai démarré en équipe de France. Dix-sept ans plus tard, on a les mêmes problèmes et on ne trouve pas la solution. Comment servir à la fois les intérêts de la sélection et des clubs ? Quelque part, tout le monde a raison. Plus les joueurs évolueront ensemble et plus ils seront compétitifs pour 2023. Mais on ne peut pas dire à un club pourvoyeur comme le Stade toulousain, qui les paye toute l’année : « On va vous priver de la moitié de votre équipe, qui plus est vos meilleurs joueurs, pour onze à treize matchs. » C’est incohérent, aucune entreprise au monde ne travaille comme ça.

Que faire, alors ?

On n’avance pas. On l’a fait pourtant pendant un an avec la préparation estivale, le rassemblement en amont ou la libération de 42 joueurs. C’était bien. Mais le Covid a fait naître de nouvelles contraintes et on repart en arrière. On n’arrive pas à dire qu’il faudrait moins de matchs, moins de doublons mais plus de temps de préparation ou de récupération. On ne peut pas tout rentrer dans ce calendrier, c’est une certitude.

Il y a pourtant le Mondial en France dans trois ans…

2007 fut génial, 2023 peut être encore plus fort. On attend depuis toujours un XV de France champion du monde. Il faut lui donner les armes mais elles passent par quoi ? Il y a des enjeux financiers derrière. L’année va être difficile économiquement pour les clubs et ils ne pourront pas se passer de leurs meilleurs joueurs autant de temps.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
STaddict Il y a 3 années Le 03/08/2020 à 21:08

Vincent Clerc : Une intelligence au dessus de la moyenne qui se traduit par sa capacité d’analyse et de synthèse... il reste un compétiteur !