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Flanker, designer d'intérieur

  • Jean-Joseph MARMOUYET
    Jean-Joseph MARMOUYET
  • Jean-Jo Marmouyet ballon en main en 2016 contre Lyon. En dessous, on le voit appareil photo en main, instant saisi par son ami et ancien coéquipier Vincent Inigo, avec qui il s’est mis à la photographie. En dessous, quelques croquis des réalisations du groupe Trait Collectif, groupement de trois sociétés dont la sienne, Carré Chroma. Crédits photos Jean-Philippe Juen et Jean-Jo Marmouyet.
    Jean-Jo Marmouyet ballon en main en 2016 contre Lyon. En dessous, on le voit appareil photo en main, instant saisi par son ami et ancien coéquipier Vincent Inigo, avec qui il s’est mis à la photographie. En dessous, quelques croquis des réalisations du groupe Trait Collectif, groupement de trois sociétés dont la sienne, Carré Chroma. Crédits photos Jean-Philippe Juen et Jean-Jo Marmouyet.
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Publié le Mis à jour
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Figure de l’effectif bayonnais tant par ses douze années passées à l’Aviron que par son dévouement sur le terrain, Jean-Jo Marmouyet ne s’est pour autant jamais satisfait du seul rugby pour remplir sa vie. Esthète et curieux de tout, ce passionné de photo a choisi de se reconvertir dans l’architecture d’intérieur.

Il n’est pas rare de lire, ici ou là, dans les propos de certains joueurs professionnels, une certaine forme d’exclusivité. À les croire, la vie de rugbyman professionnel est si exigeante qu’elle interdit toute activité ou passion annexe. Jean-Jo Marmouyet n’a jamais été de ceux-ci. Et pourtant, cela n’a pas empêché le flanker basque au regard noir d’enchaîner douze saisons professionnelles : « J’ai toujours eu besoin d’avoir quelque chose à côté. De parler à d’autres gens que ceux issus du rugby, de m’intéresser à d’autres choses », confie l’intéressé. Son truc à lui, c’est l’art. Ou plutôt les arts. Son ami d’enfance, l’ancien centre et buteur émérite Nicolas Gafari raconte : « Tout au long de sa carrière rugbystique, il n’a cessé de s’intéresser et se rapprocher du monde de l’art par le biais de la photo, la lecture, l’écriture et le dessin. Alors à la fin de sa carrière, il était évident qu’il s’orienterait vers une seconde vie professionnelle en relation avec ses centres d’intérêt. »

La photo, c’est sa première passion : « Cela m’est venu car j’ai toujours été assez facilement émerveillé ou contemplatif de ce qui m’entoure », raconte Marmouyet. « La photo était le bon moyen pour immortaliser ces moments. Je me suis plutôt orienté vers les portraits plutôt que les paysages, car je trouvais que mes photos d’extérieur ne rendaient pas vraiment compte de la beauté et de la grandeur de ce que je voyais. Encore aujourd’hui, je pense que la nature doit se vivre. » Le Bayonnais a même suivi une formation complète pour pouvoir devenir autoentrepreneur, mais ne l’a jamais vraiment envisagé comme une reconversion à part entière. En revanche, il voulait que cette dernière soit rapide : « Je voulais enchaîner rapidement car je suis quelqu’un qui ne supporte pas l’immobilité, qu’elle soit physique ou cérébrale » Et le confinement au fait, Jean-Jo ? « Il s’est très bien passé, j’ai bossé comme un fou pendant deux mois ! »

Reprise des études à 31 ans

Alors pour éviter se retrouver dans le creux de la vague, le flanker a anticipé les choses : « Je voulais un métier dans lequel je pouvais créer. C’était le plus important à mes yeux. Et puis j’ai commencé à en parler à mes 28 ans avec un ami d’enfance, Fabrice Bisauta, qui était déjà maître d’œuvre à son compte depuis plusieurs années. Au début, on songeait à un rôle plus commercial me concernant, notamment pour exploiter mon réseau mais rapidement Fabrice m’a dit que si je me formais techniquement au dessin et à la conception d’intérieur, j’adorerais ça. » Banco. L’intuition de « Bisau » l’ami d’enfance était bonne.

Le flanker reprend donc ses études au cours de ses trois dernières années professionnelles : « D’abord une année de classe préparatoire en Arts Appliqués à la Cité des arts de Bayonne, puis deux ans en BTS design d’espace à Anglet. Mon objectif était clair : je voulais être diplômé dès ma fin de carrière, en 2018. » Pari tenu. Pas simple, mais tenu. Pendant trois ans, le troisième ligne jongle entre son planning déjà conséquent de rugbyman pro de Top 14, et les après-midi de cours, les dossiers à rendre qui le clouent à son bureau jusque tard dans la nuit… Mais tel est le prix à payer pour choisir son avenir. Ses amis le soutiennent. Gafari se souvient bien de cette période : « Cela n’a pas été facile, il a dû reprendre les études, se lancer dans une nouvelle aventure en tant qu’entrepreneur avec les doutes et les incertitudes que cela peut engendrer. C’est un pari qu’il se donne les moyens de gagner tous les jours, à l’instar du joueur que l’on a connu : discret, intègre, travailleur et humble. »

Création de société

Fraîchement diplômé, Marmouyet crée donc sa société : basée à Anglet, « Carré Chroma » propose ses services de rénovation totale avec design, agencement et travaux pour des professionnels comme des hôtels, des boutiques, des bureaux ou des restaurants comme pour des particuliers : « Pour l’instant, nous faisons environ 60 % de pro et 40 % de particuliers mais à court terme nous espérons basculer à 80/20 » explique l’ancien troisième ligne qui, comme il le fit sur le terrain, a préféré jouer collectif dans sa vie professionnelle : « Avec l’architecte Pierre-Augustin Boucton et Fabrice Bisauta, nous nous sommes associés pour créer Trait Collectif : un groupement de trois sociétés qui répondent aux besoins spécifiques de chaque commande : la première, appelée « Chunky » est une agence d’architecture qui répond aux commandes publiques, au domaine de la santé ou du tertiaire, la deuxième « CréHouse » se spécialise dans les grandes villas, et enfin Carré Chroma dans la rénovation de boutiques, restaurants ou de particuliers. »

Aujourd’hui, l’ancien flanker est un homme heureux : « Je n’ai aucun regret concernant les choix que j’ai fait. Je m’éclate tellement dans ma profession… Ce métier me passionne et me prend la tête dans le bon sens. Ce qui me plaît le plus ? C’est de faire concorder une exigence technique avec une création esthétique. Trouver le compromis entre harmonie et praticité. Et puis un projet c’est aussi une aventure. Cela dure plusieurs mois, pendant lesquels on accompagne les gens, on entre dans leur intimité, leurs choix, leurs goûts. On veut leur sortir un projet qui leur ressemble, mais qui les surprend aussi. C’est très important d’ailleurs. Sinon on ne sert à rien, car cela veut dire que l’on ne propose rien de mieux que ce que l’on trouve sur les catalogues. » Il travaille beaucoup donc, ne compte pas ses heures comme d’autres entrepreneurs mais commence à récolter les fruits de ses efforts. Il n’est d’ailleurs pas peu fier de nous annoncer qu’il embauchera « son premier salarié au 15 septembre prochain. »

Ses projets à venir ? « Continuer le développement de nos sociétés, mais surtout élever mes deux enfants qui n’ont que 17 mois d’écart », s’exclame l’ancien troisième ligne qui, si vous voulez tout savoir, attendait avec sa compagne un heureux évènement au lendemain même de notre entretien.

« On veut sortir un projet qui ressemble aux gens, mais qui les surprend aussi. Sinon, on ne sert à rien »

Et le rugby dans tout ça ? « Pas le temps ! » rétorque-t-il. « Il est sûr que certains aspects me manquent vraiment, comme la dépense énergétique, le match, sa préparation, les matins qui précèdent les rencontres, cette sensation d’éveil, ce conditionnement… On devient un peu accro à tout ça. Je me suis tout de même inscrit à une salle de CrossFit et j’y vais deux à trois fois par semaine, même si je n’y suis pas retourné depuis un mois car j’ai été submergé de boulot. » Plus de rugby donc… Même si ce dernier n’est jamais très loin. Récemment, le président de l’Aviron bayonnais Philippe Tayeb lui a confié un projet d’aménagement des abords du stade Jean-Dauger. Il retournera donc dans le mythique stade bayonnais qu’il a si longtemps fréquenté, mais cette fois en qualité de chef d’entreprise épanoui et heureux. Une transition réussie qui fait la fierté de ses amis les plus proches, comme son pote « Nico » Gafari à qui l’on laissera le mot de la fin : « Sa plus belle réussite professionnelle est de ne pas être à nos yeux Jean-Jo l’ancien rugbyman en reconversion mais bien un designer d’intérieur reconnu pour ses compétences, ses projets et son professionnalisme. C’est une vraie fierté de voir le travail qu’il accomplit chaque jour pour vivre de sa passion.»

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