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Simon : « On reportera tant que faire se peut. Mais il n'y aura pas de forfait »

  • Serge Simon of France during Men Qualifying Tournament for the 2020 Olympic Games match between France and England on July 14, 2019 in Colomiers, France.  Photo : JF Sanchez / Icon Sport
    Serge Simon of France during Men Qualifying Tournament for the 2020 Olympic Games match between France and England on July 14, 2019 in Colomiers, France. Photo : JF Sanchez / Icon Sport JF Sanchez / Icon Sport - JF Sanchez / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le vice-président de la FFR a estimé opportun de prendre la parole pour répondre aux problématiques de terrain des clubs et se montrer aussi rassurant que bienveillant à l'aune de cette saison pas commes les autres.

À une semaine de la reprise des compétitions, quel bilan tirez-vous de la gestion de la crise sanitaire par la FFR ?

Depuis le début de la crise sanitaire au mois de février, Bernard Laporte m’a demandé de mettre en place un dispositif pour y faire face. C’est à ce moment que nous avons créé la cellule Covid, chargée de gérer la crise à l’échelle fédérale, sur des thématiques très opérationnelles. Puis, le confinement se terminant, il s’est posé la question de la reprise de l’activité et de rouvrir les clubs. Pour être tout à fait honnête, les choses ne se présentaient pas bien pour nous, le rugby ayant des caractéristiques bien définies : sport collectif, de contact, avec un ballon… On ne cochait pas beaucoup de cases, il y avait beaucoup d’obstacles à la reprise de la pratique.

Alors ?

La commande présidentielle était de respecter le cadre légal défini par les autorités, tout en favorisant la vie des clubs et la reprise de la pratique. C’est pour cela que nous avons monté ce plan de reprise en six phases, qui avait l’avantage d’être plutôt agile, en s’adaptant à chaque fois à l’évolution des conditions sanitaires. Ce qui a convaincu les autorités, c’est qu’on ne vient pas au rugby que pour jouer au rugby. On a mis en avant l’accueil des enfants, la possibilité de réaliser des exercices physiques isolés pour reprendre une activité physique nécessaire après le confinement tout en respectant les contraintes sanitaires, puis nous y avons ajouté les exercices de technique individuelle respectant les mesures de distanciation sociale… À chaque fois que la situation sanitaire le permettait, n déclenchait une nouvelle phase. En parallèle, nous avons créé les covid-managers au sein de chaque club pour garantir le retour au terrain.

Reste qu’aujourd’hui, les doutes demeurent quant à la tenue de la saison…

Comme tout le monde, on pensait qu’on en avait terminé avec la crise après le déconfinement. Malheureusement, vous savez très bien quelle est la situation sanitaire aujourd’hui, avec un virus qui est toujours catalogué comme circulant, ce qui ne nous permet pas de reprendre la compétition dans des conditions optimales. C’est cela qui nous a poussé à organiser la cellule urgence Covid, et d’élaborer un 7e stade dans notre protocole concernant la reprise des compétitions. Ce guide qui se veut très opérationnel et le plus complet possible a été communiqué aux clubs, avec l’idée de les aider et de les encadrer sur des choses très pratiques.

Dans quel but ?

On est dans un contexte très contraignant, qui est comme je vous le disais de respecter le cadre légal, ainsi que la commande de Bernard Laporte de favoriser la continuité de la pratique. On essaie de gérer le virus comme on le gère dans la société, c’est une question qui dépasse largement le cadre du rugby : si un cas est identifié, on l’isole, et on remonte les cas contact à qui on demande de se tester.

Au vrai, est-il vraiment possible de maîtriser quoi que ce soit ?

Je vous renvoie à la société. Cette crise pose de vraies questions éthiques. Tous les citoyens sont-ils égaux devant le virus, doit-on mieux protéger une certaine partie de la population ? À cela, s’ajoutent des débats médicaux concernant les faux positifs, les faux négatifs, les asymptomatiques… Les réponses à ces questions, nous ne les avons évidemment pas. On avance en marchant, au jour le jour, comme l’ensemble de la société Un joueur de rugby reste un citoyen comme les autres et n’est, au niveau amateur qui plus est, pas voué à évoluer à 100 % dans un écosystème uniquement rugbystique. Il faut simplement garder ce fil d’Ariane, et en ce qui nous concerne la volonté d’avoir une politique bienveillante vis-à-vis de nos clubs amateurs et de leurs dirigeants, car il faut beaucoup de courage pour exercer des responsabilités au moment de traverser cette crise, et se voir ajouter sans cesse de la complexité.

Au sujet de cette complexité, un problème majeur se pose : celui de l’accès aux infrastructures face auxquels les clubs ne sont pas égaux, ces dernières étant dans 99 % propriété de mairies qui en interdisent encore l’accès…

Pourtant, il existe un cadre légal qui entoure la pratique sportive. Dans ce cadre légal, les autorités ont publié un décret qui autorise de nouveau l’accès aux vestiaires dans les sports collectifs, qui a été consolidé le 13 août. Et pourtant, parallèlement, il existe des mairies qui continuent à interdire l’accès à leurs vestiaires… C’est quelque chose d’assez grotesque et ubuesque et pourtant on ne peut rien dire parce que techniquement, les maires et les préfets sont dans leur droit lorsqu’ils prennent ce genre de décision.

Qui a le pouvoir de faire changer les choses, alors ?

La provenance de ce message ne peut venir que de l’État, et on espère que cela sera bientôt le cas. On est dans une situation telle aujourd’hui qu’il ne faut pas ajouter de la complexité. Aujourd’hui, on a le droit de se plaquer, de se pousser en mêlée, mais pas de se changer dans un vestiaire… En plus, l’argument qui est régulièrement invoqué comme « on n’a pas le temps de désinfecter les vestiaires après chaque utilisation » me paraît non recevable. À ce que je sache, dans les écoles, collèges ou lycées, les élèves continuent de changer de classe entre chaque cours. Et il n’y a pas pour autant de désinfection systématique après l’utilisation d’une classe… Cette idée, il faut la démonter !

On sent que ce sujet est très sensible…

Parce qu’il est très important, essentiel dans la reprise de notre activité ! Aujourd’hui on s’entraîne, il fait beau, tout va bien. Mais comment va-t-on faire dans quelques semaines, lorsque le mauvais temps arrivera ? Plus pragmatiquement, comment une équipe qui doit faire deux heures de bus pour jouer un match pourra-t-elle se changer, avant et après ? Ce qui semblait un détail voilà quelques semaines va maintenant prendre toute son importance, et il y aura un vrai risque sur la reprise des compétitions si on ne parvient pas rapidement à une harmonisation dans l’accueil des sportifs. Et je parle de cela, tous sports confondus.

On vous suit…

Imaginez que les 180 000 associations sportives de France, dont l’intérêt social n’est plus à démontrer, ne puissent plus accueillir personne parce que les vestiaires sont fermés… Cela vaut-il vraiment le coup le laisser tous ces enfants, tous ces adolescents livrés à eux-mêmes et sans activité encadrée ? Pour le rugby, après les difficultés que nous avons rencontrées pour reprendre, ce serait un coup fatal. Alors, ouvrons les vestiaires, comme la loi l’y autorise !

Pourquoi, à vos yeux, certaines mairies traînent-elles des pieds à l’idée d’ouvrir leurs infrastructures ?

Le champ visuel de l’édile, j’imagine, c’est de prendre le moins de risque possible. Dans sa tête, le maire se dit que si les gens veulent faire du sport, ils n’ont qu’à se débrouiller pour se changer dans leur voiture, prendre leur douche chez eux, ou que sais-je… Sauf que ça ne peut pas être aussi simple…

Comment la FFR peut-elle faire bouger les lignes face à cette problématique ?

On essaie de faire œuvre de pédagogie, d’être dans le lobbying permanent face à l’hyper prévention qu’on constate. Le meilleur exemple, c’est l’accueil du public. Au départ, on ne pouvait accueillir les spectateurs que dans de tribunes, parce qu’il n’y avait que là qu’on pouvait respecter les distances de sécurité. Eh bien, il a fallu faire du lobbying pour que les petits clubs qui ne disposent que d’un pesage puissent accueillir du public, sous certaines conditions. Après, il s’est greffé une autre problématique : ceux qui disposent de tribunes toutes petites où les distanciations sociales sont impossibles ! Il a encore fallu faire entendre que dans ce cas de figure, le public puisse accéder aussi aux pesages. Ce à quoi nous sommes parvenus…

Revenons au guide communiqué aux clubs. En quoi consiste-t-il exactement ?

Ce guide est fait pour aider les clubs dans l’organisation des matchs, l’accueil des adversaires, du public, de l’arbitre, de la réception, de la buvette. On essaie juste de donner des clés, dans ce contexte complexe et anxiogène. On revient aussi sur la gestion de la circulation du virus, et les démarches à suivre lorsqu’un cas est soupçonné : le faire tester, l’isoler, contacter l’ARS, puis remonter l’arbre décisionnel. C’est ici que le rôle des covid-managers est essentiel, puisque leur travail permet de remonter les cas contacts.

Question importante : une équipe massivement impactée par la covid-19, à l’exemple de Vienne en ce moment, risque-t-elle de perdre par forfait si elle n’est pas en mesure de présenter une équipe sur le terrain ?

Non, et c’est très important de dire ça. La philosophie de la Fédération et la commande de Bernard Laporte, c’est de faciliter la pratique, être bienveillant et maintenir les compétitions tant que faire se peut. La cellule Urgence Covid a été créée pour cela au niveau fédéral, et ce même rôle revient aux Ligues dans le cadre des Séries Territoriales : quand un match ne pourra pas se tenir parce qu’une équipe est impactée par la covid, on reportera tant que faire se peut. Mais il n’y aura pas de forfait. Si les reports ne sont plus possibles, on s’en remettra aux traditionnelles péréquations. Et si vraiment on devait en arriver à des situations plus extrêmes, comme un reconfinement, on prendrait les mesures générales qui s’imposent comme nous l’avons fait cette saison. Mais à date, on est dans le scénario où on enclenchera les compétitions comme prévu.

On avait évoqué, pendant l’été, des plans B et C pour adapter les compétitions en fonction de l’évolution de l’épidémie, si celles-ci devaient repartir plus tard. Sont-ils encore éventuellement dans les cartons ?

Puisque l’on part l’optique de reprendre la semaine prochaine, ces plans de secours ne sont plus d’actualité. On est vraiment dans la démarche de maintenir les compétitions telles qu’elles étaient prévues, pour qu’elles se déroulent le plus normalement possible. C’est notre philosophie, celle de notre président. Et si la situation devait se dégrader, comme je vous l’ai dit, nous aurons le temps de prendre les mesures qui s’imposent.

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Les commentaires (1)
Mdchol Il y a 3 années Le 08/09/2020 à 22:20

Ainsi parlait Raspoutine....