« Il est loin d'avoir perdu l'élection », quand l'avocat de Bernard Laporte fait campagne
Bernard Laporte, en garde à vue depuis mardi matin, ne peut évidemment plus faire campagne. Dès lors, c'est par la voix de son avocat, Jean-Pierre Versini-Campinchi, que le patron de la fédération s'exprime aujourd'hui, attaquant notamment l'opposant Florian Grill, dont la dernière prise de parole, chez nos confrères du Figaro, eut un écho assez important. La campagne électorale, en sourdine ou presque depuis vingt-quatre heures, ressort donc aujourd'hui du chapeau.
Cette prise de parole intervient alors que la gouvernance en place maintien la campagne et le meeting à Metz, ce mercredi soir, où Christian Dulin assurera l'intérim. Dans cette interview, Versini, et donc Laporte, estiment « obscène » le timing supposément choisi pour sa déclaration par le candidat de l'opposition, quand celui-ci semble pourtant s'en tenir à un mutisme absolu -et plutôt élégant- au sujet des actuels démêlés du président Laporte avec la justice. Offensif, Jean-Pierre Versini-Campinchi, ténor du barreau parisien, construit donc son argumentaire autour de deux concepts : d'abord, si ce dossier « vide » était néanmoins un jour jugé par un tribunal, « on verrait qui serait le plus ridicule à la sortie » ; ensuite, l'avocat avance qu'au lieu d'affaiblir le candidat Laporte, ces dernières vingt-quatre heures, qui ont fait de lui « une victime », l'ont rendu favori à sa réélection. Peut-on vraiment le croire ?
Vous avez tenu à réagir à une interview de Florian Grill parue chez nos confrères du Figaro. Pour quelle raison ?
Ce n'est pas ce que raconte Florian Grill dans le Figaro qui m'importe. C'est le timing obscène de cette interview, diffusée au matin même où son adversaire est interrogé par des policiers. On ne demande pas à Monsieur Grill de s'affliger mais au moins de ne pas choisir ce moment.
On vous répond que nos confrères ont l'entière liberté de choisir le timing qui leur convient et que, sauf erreur de notre part, Florian Grill n'a pas son mot à dire, à ce sujet..
Je ne crois pas au hasard. Monsieur Grill aurait pu demander que l'interview ne soit pas diffusée à ce moment précis, c'est tout. Ils (l'opposition, N.D.L.R.) n'ont pas, me semble-t-il, de projet pour le rugby français et répètent simplement en boucle que l'équipe à Bernard Laporte doit être remplacée.
Là aussi, on vous répond que l'opposition n'a jamais fait campagne sur les supposées « affaires » de Bernard Laporte, toujours présumé innocent. Et c'est plutôt élégant de leur part...
De quel dossier parle-t-on ? Pouvez-vous m'expliquer quel dossier y a-t-il ? A part cette histoire qui date de trois ans et faisant état d'un supposé coup de téléphone (à la commission de discipline, N.D.L.R.) ayant fait économiser 30 000 à M. Altrad ? Il n'y a jusqu'à la minute où je vous parle, rien d'autre !
Vous dites qu'il n'y a rien dans le dossier. Les avocats n'ont pourtant pas accès à l'instruction avant la mise en examen potentielle de leur client.
La question ne se pose pas comme ça. La question n'est pas de savoir si nous n'avons pas les pièces. La question est de savoir ce qu'il y a dans le dossier. Depuis de très longues heures, les enquêteurs cherchent la lampe à la main ce qu'il y a dans le dossier. Ils n'ont rien trouvé et continuent donc de chercher. […] Pour revenir à votre remarque initiale, les avocats n'ont pas accès au dossier, ce qui est une des anormalités de ce type d'enquête alors que devant un juge d'instruction, vous avez la communication entière du dossier avant les interrogatoires. Alors, je ne vous dis pas qu'ils (les enquêteurs, N.DL.R.) n'arriveront pas à qualifier de trafic d'influence ou de je ne sais quoi le contrat d'image entre le groupe Altrad et Bernard Laporte. Mais à ce moment là, on s'expliquera devant le tribunal et on verra, à la sortie, qui sera ridicule.
Vous disiez ne pas croire à la théorie du complot, pourtant mise en avant par votre client dans une tribune, parue sur le réseau social Facebook mardi midi.
Je n'ai pas de preuve d'un complot. Bernard Laporte, lui, a son sentiment et l'exprime. Il en est libre. Mais on peut néanmoins s'interroger sur cette affaire de cornecul, passez moi l'expression, qui prend depuis des années des proportions extravagantes.
Il est encore possible de repousser la date de l'élection prévue le 3 octobre prochain. Le bureau fédéral pourrait-il le décider ?
Ça n'a pas de sens. Et à mon avis, Bernard Laporte est loin d'avoir perdu. On a fait de mon client une victime et tôt ou tard, il y aura un retour de flamme.
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