« Nous n'allons pas vendre les bijoux de famille » : face aux fonds d'investissement, les présidents sont sceptiques

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Le rugby français est au bord de l'asphyxie, d'un point de vue économique. Si le gouvernement devrait cette semaine débloquer une trentaine de millions d'euros pour aider les clubs pros, le fonds d'investissement Novalpina avait lui-aussi proposé son aide à la Ligue, mettant 200 millions d'euros sur la table. Ce matin, les trente patrons du rugby pro restaient néanmoins sceptiques...

Les jauges partielles sont une catastrophe pour les clubs français, à tel point que deux d'entre-eux auraient récemment démarré des démarches pour une cessation de paiement. Réunis autour de Paul Goze ce mardi matin, les trente patrons des clubs de Top 14 et Pro D2 ont donc accueilli avec un relatif soulagement l'information selon laquelle le gouvernement débloquerait dans la semaine, et pour une période courant de juillet à décembre 2020, une enveloppe de 83 millions d'euros pour le sport professionnel. Par « sport professionnel », on entend ici foot et rugby, tant les autres disciplines, pour des raisons diverses, semblent mieux traverser la crise sanitaire. Ainsi, ce sont près de 35 millions d'euros qui devraient prochainement atterrir dans les caisses de la Ligue Nationale de Rugby puis des clubs, à la mi-novembre. L'aide gouvernementale, si elle est précieuse, est néanmoins déjà obsolète puisqu'elle avait été calculée sur des jauges à 5000 places, lesquelles ont désormais étaient réduites, pour la plupart, à 1000 spectateurs payants.

"200 millions d'euros est une somme ridicule"

Puisque la conséquente subvention gouvernementale (pour la culture, l'état a par exemple déboursé 100 millions d'euros, soit à peine plus que pour le seul secteur du sport professionnel) ne suffira pas à sortir certains clubs du marasme économique dans lequel ils sont enferrés pour de très longs mois, la LNR a annoncé lors de cette même président avoir reçu une offre juteuse de la part d'un fonds d'investissement européen : comme nous vous l'annoncions il y a trois semaines, Novalpina achèterait pour 200 millions d'euros, et pour une durée de sept ans, 20 % des actifs de la Ligue et recevrait, en contrepartie, des bénéfices conséquents sur les accords commerciaux passés par l'institution, notamment.

De toute évidence, les 200 millions d'euros de Novalpina seraient une bénédiction pour de nombreux clubs français. Pourtant, lorsque les responsables de la Ligue ont présenté le projet Novalpina aux présidents, ceux-ci n'ont pas vraiment ouvert les bras au fonds d'investissement en question. Selon plusieurs témoins, le président Rochelais Vincent Merling aurait par exemple déclaré à ses pairs : « Ne nous précipitons pas. Cette décision est tout sauf anodine. Nous n'allons pas vendre sur un coup de tête notre histoire et notre patrimoine à des gens de qui nous ne connaissons rien ». Autour de la table, la prise de parole du patron rochelais aurait alors connu un vif écho, certains de ses pairs estimant que « 200 millions d'euros étaient une somme ridicule pour un beau produit comme le Top 14 ». Dès lors, aucune décision à ce sujet n'a été prise ce mardi matin et la LNR, par ailleurs en négociations avec deux autres fonds d'investissements (dont le géant CVC, qui gère 100 milliards d'euros d'actifs), est encore loin d'avoir dit oui à l'offre récemment émise par Novalpina.

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