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Toeava : « Heureusement, personne ne m'appelle papi »

Par ​​​​​​​Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti
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    Toeava : « Heureusement, personne ne m'appelle papi » Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Blessé au mollet depuis son arrivée sur la rade, Isaia Toeava a disputé sa première rencontre avec Toulon contre Montpellier. Auteur d'une prestation remarquée, le champion du monde 2011 (34 ans, 36 sélections) va apporter son savoir-faire à une ligne de trois-quarts talentueuse, mais qui demeure inexpérimentée. Une aubaine, alors que se présente la finale de Challenge Cup, ce vendredi.

Isaia, un peu plus de trois mois après votre arrivée au RCT, vous avez disputé votre première rencontre contre Montpellier. On imagine que c'était un soulagement...

Ne pas jouer pendant 9 mois est toujours étrange... Alors retrouver les terrains contre Montpellier m'a fait beaucoup de bien : c'était un véritable soulagement. D'autant que c'était ma première apparition sous le maillot du RCT. Les blessures peuvent être ennuyeuses, et elles l'ont été depuis quelques semaines, mais ça rend le retour d'autant plus appréciable. Refaire une semaine d'entraînement en étant uniquement focalisé sur la préparation technique et tactique peut paraître anodin pendant une saison, mais quand on revient de blessure ça ne l'est pas du tout.

Comment vous êtes-vous senti sur le terrain ?

J'ai pris énormément de plaisir, et j'ai beaucoup repensé à ma blessure pendant la rencontre. Attendre trois à quatre mois pour jouer son premier match dans un nouveau club est inconfortable, mais c'est désormais derrière moi, et j'espère pouvoir enchaîner sans pépin, faire mes preuves et m'intégrer définitivement. Mon aventure avec le RCT est enfin lancée !

Comment s'est déroulée votre intégration à Toulon ?

Arriver blessé est un véritable frein : tu veux montrer que tu peux apporter une plus-value, pour ensuite te faire une place dans le groupe, mais moi j'étais en tribune... Je n'avais pas l'opportunité de m'entraîner avec les mecs, c'était frustrant. C'est le rugby, je le sais, mais j'aurais préféré un autre début. Heureusement j'ai retrouvé les terrains depuis deux semaines, et j'ai fait une semaine complète avec l'équipe pour préparer Montpellier. C'est bon d'être de retour. Au moment de rentrer sur le terrain j'étais un peu nerveux : j'avais besoin de réussir ma première et d'être rassuré quant à ma blessure. Puis au premier contact, à la première accélération, j'ai compris que ça tenait parfaitement. J'ai pris confiance, et tout s'est passé à merveille.

Comment vous êtes-vous senti au sein de l'équipe ?

Même si je n'avais pas joué, j'ai appris à connaître les gars depuis quatre mois. Ils sont jeunes, ce qui fait de moi l'aîné des trois-quarts (sourire). Mais il y a vraiment des mecs d'un talent pur, comme « Carbo » ou Duncan (N.D.L.R. Paia'aua). Ils sentent le rugby et sont demandeurs de l'expérience des « anciens ». C'est cool, même s'ils me font me sentir vieux (sourire).

Toeava : « Heureusement, personne ne m'appelle papi »
Toeava : « Heureusement, personne ne m'appelle papi » Icon Sport - Icon Sport

Vous sentez-vous comme le "papa" des lignes arrières ?

Clairement, et c'était induit à ma signature ! Je joue au rugby, et je suis professionnel depuis de longues années, alors mon job consiste -au-delà de mes performances sur le terrain- à encadrer ces jeunes talents. Je dois faire un travail de transmission, les accompagner et leur apporter ce que m'ont apporté mes aînés au début de ma carrière. Quand tu es jeune, tu as envie d'apprendre, tu as pleins de questions, et si je peux les orienter, c'est quelque chose d'indispensable. Aujourd'hui je ne me sens pas vieux, mais quand tu as 34 ans, le temps est venu pour toi de te mettre dans la position du joueur qui doit transmettre ce qu'il a appris. Ils me donnent de l'énergie, me rendent meilleur et me permettent d'être un joueur plus complet chaque jour. J'apprends à leurs côtés.

Quel genre « d'ainé » êtes-vous ?

Nous les mecs des îles, ne sommes pas des grands causants. Nous sommes discrets, voire timides, donc je ne vais jamais parler pour parler. En revanche, quand un joueur vient me poser une question, je réponds. Et si je remarque un point sur lequel le groupe ou un joueur doit insister, je n'hésite pas à prendre la parole. Pour le bien de l'équipe, et pour faire en sorte que tout le monde se sente plus à l'aise sur le terrain. Mais il ne faut pas imaginer que c'est un don à sens unique : je leur apporte mon expérience et ils m'apportent leur énergie, leur enthousiasme. C'est gagnant-gagnant, et je m'éclate (sourire).

Avant son départ, Liam Messam était surnommé « papi » par le vestiaire. Comment vous surnomment vos coéquipiers ?

Heureusement, personne ne m'appelle papi pour l'instant (rires). Merci Dieu, les mecs continuent de m'appeler Isaia ou « Ice », sinon je me sentirais vraiment trop vieux (rires) !

Pour revenir à votre arrivée à Toulon : vous étiez à Clermont depuis 2016, n'auriez vous pas aimé prolonger l'aventure ?

Vous savez, il y a toujours beaucoup de raisons qui justifient un départ... J'étais heureux à Clermont, mais c'est le business. Clermont voulait aller de l'avant, et je l'ai compris. J'ai adoré défendre ce club, je me suis fait des amis pour la vie, mais c'est la vie d'un club et d'un sportif professionnel. Je me suis éclaté pendant ces années, mais je suis désormais focalisé sur mon aventure à Toulon. Elle a mis du temps à démarrer, mais je suis vraiment heureux d'avoir pris cette décision.

Une fois votre départ de Clermont acté, vous étiez en contact avec plusieurs clubs. Pourquoi avoir choisi Toulon ?

Je suis passionné de rugby, et la saison passée j'ai souvent regardé Toulon : le club jouait bien, et le nouveau projet était intéressant. Alors quand les dirigeants m'ont contacté, j'aimais l'idée d'accompagner des jeunes talents. Le RCT est une bonne mixture entre les talents bruts et les joueurs d'expérience, c'est génial. Ensuite j'ai échangé avec Liam Messam tous les jours avant de prendre ma décision. Il m'a expliqué qu'il y avait une vraie culture rugby à Toulon, et que le groupe était une famille. J'ai donc rapidement pris la décision de signer au RCT.

Que représentait Toulon pour vous avant votre signature ? 

C'est une ville qui vit pour le rugby. Le club a une histoire très riche, et j'ai de super potes qui sont passés par le RCT. Je n'ai donc toujours entendu que du positif sur le club. Que ce soit Ali Williams, Chris Masoe, Ma'a Nonu ou Liam Messam, ils m'ont expliqué qu'il ne fallait avoir aucun doute quant à la passion qui entoure ce club.

Vous avez un contrat d'une saison. Est-ce qu'on peut imaginer que ce sera la dernière ?

Aucune idée, je ne pense pas à tout cela. Je suis engagé avec le RCT pour une saison, je vais faire mon boulot, apporter mon savoir-faire au groupe et on verra ce qu'il se passe en suivant.

Top 14 - Isaia Toeava (Toulon) au plaquage face à Montpellier
Top 14 - Isaia Toeava (Toulon) au plaquage face à Montpellier Icon Sport - Icon Sport

Le RCT a annoncé la signature de Ma'a Nonu. Vous avez été champion du monde à ses côtés. On imagine que vous avez accueilli la nouvelle avec grand plaisir...

Je ne peux pas dire que c'est uniquement une bonne nouvelle, car sa venue est liée aux blessures de Julien (Hériteau) et Anthony (Belleau). Ce sont de superbes joueurs, qui feront les beaux jours du RCT et de l'équipe de France à l'avenir, et qui vont beaucoup nous manquer. Maintenant c'est clair que le fait que Ma'a ait été choisi pour les suppléer est cool pour moi. C'est un joueur qui connaît le club, qui s'adaptera rapidement au contexte. Puis il apportera énormément d'expérience. Il va nous aider, et comme c'est l'un de mes amis : c'est beaucoup de positif.

D'autant que vous ne serez plus le plus vieux de la ligne arrière...

Et c'est ce qui me rend le plus heureux (rires).

Enfin, Toulon va disputer une finale de Challenge Cup vendredi. Vous avez remporté cette compétition en 2019, et savez ainsi ce que cela représente...

Je suis encore tenant du titre (rires) ! Je sais ce que cela représente, et je sais surtout que c'est un immense accomplissement pour une équipe. Les mecs n'ont perdu aucun match, et c'est une échéance incroyable qui nous attend vendredi.

Du côté de Bristol, vous allez croiser le fer avec un certain Semi Radradra. Comment appréhende-t-on d'affronter un joueur qui marche autant sur l'eau depuis trois saisons ?

Semi est un joueur incroyable. Tout le monde sait qu'il peut électriser un attaquant en défense et casser n'importe quel plaquage. Mais en tant que groupe, on ne peut pas faire un plan anti-Radradra. On a des joueurs de qualité, et on doit davantage se concentrer sur ce qu'il faudra mettre en place pour contrer Bristol. C'est un joueur dangereux, mais il n'est pas le seul, et nous devrons être prêts pour tenir tête à cette équipe.

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