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« Suicide squad », comment le Racing s'est offert à Exeter

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    « Suicide squad », comme le Racing s'est offert à Exeter PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Les Racingmen, supérieurs aux Anglais dans quasiment tous les secteurs de jeu, auraient dû remporter cette finale de Champions Cup. Ils ont pourtant détruit, seuls ou presque, tout ce qu'ils avaient bâti jusqu'ici...

Bristol, c'est le paradis des bobos, le royaume des vegans, le « royal garden » des galeries d'art. Aux bords de l'Avon, le piéton flâne et traverse au rouge, une clope au bec, le masque négligemment pendu à une poche du bénard, puisque la ville échappe encore aux normes sanitaires pour le moins rigides mises en place outre-Manche par Boris Johnson, le premier ministre anglais. Il y a, à Bristol, 25 000 étudiants, une cathédrale de mille ans d'âge et des ruelles minuscules, d'où surgissent parfois les peintures murales de Banksy, le génie local. Pour le reste, on s'en tint au décor étrange, frugal de ce huis-clos glacial, cette ambiance irréelle enveloppant un stade de 28 000 places couvert, pour les besoins de la cause, d'immenses drapeaux colorés et censés dissimuler la misère ordinaire : des tribunes vides, des bars clos et, lors de l'échauffement, les cris de Racingmen que l'on soupçonna alors de largement surjouer pour que, cinquante mètres plus loin, les gars d'Exeter lèvent la tête et sortent, qui sait, de leur routine préparatoire...

Franchement ? On pensait le Racing, déjà vaincu deux fois en finale de Champions Cup, rompu à l'exercice et assez expérimenté pour ne pas tout foirer. On s'était trompé et, si les coéquipiers de Henry Chavancy quittent aujourd'hui la coupe d'Europe sur une autre gifle, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Pardon ? Nigel Owens fut un rien laxiste dans le combat au sol ? Pas plus qu'il ne l'est d'habitude, en définitive. Hein ? Cette fin de match, bâclée pour une sordide histoire de chrono mal réglé, fut une farce ? C'est une certitude mais qu'on le veuille ou non, cette finale s'était bel et bien jouée avant que le trio arbitral ne se perde en conjectures temporelles et fasse, sans le vouloir, un drôle de clin d'oeil à l'histoire : jusqu'en 1847, l'heure de Bristol accusait en effet dix minutes de retard sur celle de Londres, les universitaires de la ville ayant longtemps estimé être en décalage avec les usages du méridien de Greenwich. Quoi qu'il en soit, le Racing étaitbel et bien supérieur à Exeter samedi soir et, si l'issue de ce match n'a pu conforter le postulat de départ, c'est que la bande à Chavancy s'est tout simplement suicidée outre-Manche....

Le débat autour de Russell est relancé

Depuis deux ans, Teddy Iribaren ne rate pas souvent ses matchs. Mais quand il glisse, il ne le fait pas qu'à moitié. Comment ce jeune homme, si brillant ces dernières semaines, a-t-il pu à ce point faillir en début de rencontre ? Une pénaltouche vendangée, une faute au sol amenant le premier essai d'Exeter, une passe hasardeuse vers Russell ayant presque abouti à un deuxième essai anglais et, globalement, une performance cauchemardesque qui ne ressembla en rien à celles d'un demi de mêlée que l'on considère encore comme l'un des meilleurs du championnat. A ses côtés, Finn Russell fut bien trop fébrile pour offrir au Racing son premier titre européen : contré sur l'un de ses coups de pied, il fut surtout intercepté par Jack Nowell en deuxième période et globalement bien contenu par la défense d'Exeter.

Au sujet de Russell, on peut aussi se demander pourquoi il n'a pas tenté le drop -et la pénalité qui semblait au préalable s'imposer- alors que son équipe, campant sous les poteaux adverses depuis cinq bonnes minutes, avait la vie des Chiefs entre ses mains. Dan Carter aurait-il géré cette fin de match comme le fit Russell ? Au lendemain de la finale, la question revenait, lancinante, dans de nombreuses gazettes du Royaume Uni, qu'elles se nomment, Times, Mail ou Telegraph. Aussi doué soit Russell, il sera seulement considéré comme un immense ouvreur qu'au jour où, tel « Wilko », Carter, Farrell ou Sexton, il offrira un titre majeur à l'équipe dont il mène le jeu. « C'est toujours facile de tirer sur tel ou tel joueur, concédait Laurent Travers après la rencontre. Mais ce qui domine dans notre équipe, c'est la solidarité, l'entraide ». Le manager du Racing est dans son rôle, lorsqu'il monte au front pour défendre un groupe qui l'a fait passer ces dernières semaines par toutes les émotions. Mais il sait aussi que ses hommes, également maladroits sous des renvois qui auraient dû leur permettre de pérenniser leurs temps forts, ont brûlé seuls ce qu'ils avaient bâti. Alors, Exeter n'était pas plus fort que le Racing, samedi soir : les Chiefs étaient moins puissants, moins forts en touche et, pris un à un, moins talentueux que la bande à « Toto ». Malgré tout, leur production globale, plus austère que ne voudraient le dire les clichés entourant généralement cette équipe, fut soignée, précise, équilibrée et en un mot : « so british »...

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Les commentaires (1)
STaddict Il y a 3 années Le 18/10/2020 à 12:21

Tout simplement faible mentalement !
Le rugby ce n’est pas seulement être fort dans tous les compartiments du jeu... C’est être préparé mentalement un par un et collectivement à gagner !