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Ibanez : « Une sélection restera sacrée »

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    Ibanez : « Une sélection restera sacrée » Icon Sport
Publié le Mis à jour
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De la constitution du groupe de 31 joueurs, aux ambitions du XV de France pour cet automne, en passant par la sélection de Mohamed Haouas malgré la sanction de son club Montpellier, Raphäel Ibanez fait le tour de l’actualité.

Depuis une semaine, le manager des Bleus que vous êtes peut à nouveau pratiquer pleinement son métier. Un soulagement ?

C’est le temps de l’action ! Je dois souligner combien nous, c’est-à-dire staff et joueurs, étions heureux de nous retrouver. Toute la semaine, les joueurs ont arboré un large sourire. On sent énormément d’enthousiasme de leur part, au moment d’aborder cette nouvelle période internationale qui s’ouvre. J’ai eu le sentiment de retrouvailles d’une grande famille.

Avec 31 éléments et pas à 42 comme à l’hiver dernier. N’est-ce pas regrettable ?

Nous connaissions les règles du jeu. Avec Fabien et les entraîneurs, nous avons dû faire preuve d’adaptation et assez vite, une fois l’accord finalisé, nous avons basculé sur la première rencontre. L’heure n’est pas aux regrets mais au match face au pays de Galles. Alors oui, notre préparation aura été éclair mais pour répondre aux exigences du très haut niveau, nous avons pu disposer de partenaires d’entraînement pour arriver à 42 avec les propres ressources de la fédération : des joueurs du VII de France ou des moins de 20 ans, qui sont venus participer à la véritable séance à haute intensité de la semaine, ce mercredi. Nous avons cherché à optimiser le peu d’entraînement que nous avons eu pour présenter une équipe performante.

Cela a-t-il changé la stratégie de sélection d’être à 31 plutôt qu’à 42 joueurs ? On pense par exemple à la présence d’un seul ouvreur de métier dans le groupe avec Romain Ntamack…

Non, il y a surtout un concours de circonstances pour l’exemple que vous citez. Nous sommes dans un contexte strict lié aux conditions sanitaires, et malheureusement nous avons dû faire face à deux forfaits, deux joueurs de l’UBB, Matthieu Jalibert et Cameron Woki. Or, le premier est un demi d’ouverture. Donc certes, pour le suppléer, il y a eu interrogation sur le profil de son remplaçant et finalement en concertation avec le staff, nous avons choisi Gabin Villière. Mais en aucun cas, pour revenir à votre question, la stratégie de sélection a été modifiée en fonction du nombre de joueurs sélectionnables à notre disposition.

La solution semble s’être imposée rapidement quand les techniciens, Fabien Galthié et vous d’un côté, Ugo Mola et Franck Azéma de l’autre représentant les entraîneurs du Top 14, vous êtes mis à discuter. Auparavant, la succession de réunions entres dirigeants aboutissaient à chaque fois à de la frustration, aussi bien côté Ligue que FFR. Vrai ?

On a longtemps cherché à dissocier le temps sportif du temps politique et devant l’urgence de la situation, car on s’est réuni à dix jours du match France - Galles pour sortir de l’impasse, Fabien et moi avons été conviés à l’ultime réunion. Effectivement, je pense qu’avec Ugo et Franck que je tiens à associer, nous avons trouvé pour le XV de France la moins mauvaise solution. Cela va aussi dans le sens d’une meilleure compréhension des intérêts et contraintes de chacun. Cette équipe de France, est aussi celle des managers du Top 14, avec qui nous avons engagé une relation la plus fiable et sincère possible. Sur l’épisode que vous évoquez, cela s’est vérifié.

L’équipe de France s’apprête donc à jouer six matchs mais les joueurs seront limités à trois feuilles de match. Peut-on penser que l’on ne pourra voir la véritable équipe de France que sur trois rencontres ?

Ces nouvelles règles du jeu peuvent être sujettes à diverses interprétations. Avec Fabien, nous avons fait le choix de ne pas trop anticiper, d’éviter les projections trop lointaines sur l’ensemble des six matchs. C’est le choix de la raison et le plus cohérent. Pour être clair, cette liste de 31 joueurs, exceptés les deux forfaits, est dans la lignée de notre sélection du Tournoi des 6 Nations. On a voulu préserver cette continuité, pour plusieurs raisons. D’abord, ce groupe doit clôturer une compétition qu’il a commencée. Ensuite, il y a une histoire de gain de temps dans notre préparation. Nous ne voulions pas repartir de zéro. Si je me projette uniquement sur le match face aux Gallois, ils auront eu quinze jours de préparation, contre une semaine pour nous avec une seule journée à haute intensité. Dans le choix des hommes, la continuité nous semble donc être la bonne voie. Si on dresse une passerelle entre notre dernier match en Écosse et celui de ce week-end, nous n’avons que huit semaines de vie commune. Et ce ne sera que notre cinquième match.

Voilà pourquoi vous allez aligner la meilleure équipe possible sur les deux premiers matchs, à savoir le pays de Galles et en suivant l’Irlande ?

C’est difficile de m’avancer avant même d’avoir joué la première rencontre. Mais si vous regardez la logique des 31 sélectionnés, il est évident que l’on sera dans une forme de continuité pour se donner le droit de gagner le Tournoi des 6 Nations. Car nous en avons encore la possibilité.

Comment avez-vous retrouvé vos joueurs dimanche soir, dans quel état de forme ?

Depuis la fin de l’été, l’ensemble du staff des Bleus a parcouru l’ensemble du territoire français ou presque, pour venir au contact des joueurs. Nous avons pu discuter avec eux, avec leurs entraîneurs de club. Les informer et les guider sur nos objectifs futurs. On a essayé de trouver le bon dosage, de ne pas les surcharger d’informations mais leur donner le cap à suivre, en concertation avec leur encadrement technique en club. Et je dois remercier les clubs du Top 14, qui nous ouvrent les portes et collaborent véritablement avec nous. Pour répondre clairement à votre question, on a senti des joueurs très investis par l’équipe de France. Les « datas » que nous transfèrent les clubs, sur les journées de Top 14, sont précieuses. Sur les données chiffrées que l’on a, nous avons pu voir qu’ils sont plutôt en forme. Après, n’oublions pas que le niveau international est encore un cran au-dessus au niveau des exigences que le Top 14. Physiquement, les joueurs sont dans une bonne dynamique.

Vous avez choisi de convoquer Mohamed Haouas, qui a été sanctionné par son club pour un comportement inapproprié au niveau extra-sportif. Le message n’aurait-il pas pu être de se montrer solidaire de la décision de son club le MHR et ne pas le sélectionner ?

C’est un sujet qui me concerne directement en termes de management, bien sûr en discussion constante avec Fabien. D’ailleurs, nous avons énormément réfléchi sur ce cas-là. Mais nos interrogations ont été très vite levées par Xavier Garbajosa, son manager de club qui a pris ses responsabilités et l’a sanctionné. Il ne nous pas apparu cohérent d’en rajouter une couche. Après, nous sommes restés très attachés à ses performances en match comme aux entraînements et on a pu voir qu’il s’entraînait dur. Donc aucune raison de ne pas le prendre. C’est un joueur attachant mais qui mérite une certaine attention.

Les Bleus sont attendus au tournant cet automne. L’engouement du dernier Tournoi a suscité un vrai espoir. Dans la situation actuelle du rugby français, avec des conséquences sportives, sociales et économiques liées à la pandémie, êtes-vous conscient que vous pouvez (ou devez) être l’éclaircie de notre sport ?

Nous devons avoir cette ambition. Nous avons le sentiment que le contexte n’est pas facile avec toutes ces contraintes sanitaires, un climat social assez sombre et un des enjeux de ce premier match face aux Gallois, dans un Stade de France vide pour cause de huis clos, c’est de s’approprier l’événement. Nous serons en mission pour nos supporters qui seront derrière leur écran. Samedi, les Bleus doivent être l’équipe de tous les Français amoureux de ce sport. Nous n’aurons pas de supporters en tribunes, mais je suis certain que toute la communauté rugby sera derrière nous. Et dans les moments difficiles que l’on ne manquera pas de connaître face aux Gallois, il faudra y penser pour trouver des ressources. Faire en sorte que le personnel soignant, qui est en première ligne depuis de longues semaines, amateur de rugby soit heureux devant sa TV. Que ce match soit une belle respiration dans leur vie.

Le match « amical » face aux Gallois ne doit-il pas être pris comme une simple préparation de celui face à l’Irlande ?

L’opposition qui va nous être présentée, et nous avons quelques idées sur ce qui va nous être opposé, ne nous incite pas à la légèreté. Les Gallois ont de la mémoire. Cet hiver, le match à Cardiff nous a souri. Ce sera du lourd et du sérieux.

Personnellement, durant cette période, vous allez devoir faire le lien avec le Top 14. Votre groupe sera amené à être profondément modifié, avec cette règle des trois feuilles de match. Peut-être pas pour l’Irlande, si on a bien compris mais rapidement après ?

Dans un premier temps, ma principale ambition ou plutôt ma priorité, c’est de manager les joueurs. Aider Fabien et l’encadrement dans sa mission pour notre objectif à court terme : remporter si possible le Tournoi. Après, c’est une mécanique à laquelle nous avons été rompus cet hiver. Passer de 42 à 28 en fin de semaine, puis retour à 42. Cette fois-ci, ce sera de 31 à 28, avec une contrainte supplémentaire : les conditions sanitaires. Mais il n’y a rien d’insurmontable.

Faut-il s’attendre à une ouverture ou à des essais dans la deuxième partie de la période internationale, au niveau du groupe France ?

Il est évident qu’au fil du temps, à l’issue des deux premières rencontres, nous aurons une réflexion là-dessus. L’appel fait à d’autres joueurs sera obligatoire vu les règles du jeu que nous avons définies avec les autres parties. Ce qui est certain, c’est que l’on a déjà quelques idées. Nous savons où nous voulons aller et avec qui. Une sélection restera sacrée. Aujourd’hui, nous devons faire preuve d’adaptation, être agiles dans notre capacité à trouver les joueurs qui auront la volonté d’incarner cette équipe de France. La sacralisation du maillot n’est pas un simple vœu de notre part. Ce sera une réalité. L’équipe de France est un bien précieux. Là encore, d’une séquence qui pourrait paraître délicate, on a l’intention d’en faire une opportunité. Je le répète, mais le XV de France doit rester sacré.

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