Leur deuxième chance

  • Mathieu Jalibert, la deuxième chance
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L'édito du vendredi par Léo Faure... Une recherche rapide dans les méandres de notre ami Google confirme ce qu’on avait déjà entendu ici ou là, à la machine à café ou autour d’une mousse blonde : en sémantique, il ne faut pas confondre « deuxième » et « second ». Ils recèlent de sens certes approchants, mais la distinction est d’importance. C’est l’Académie française qui l’assure, rameaux d’olivier brodés à la veste et l’épée à la main, pour pourfendre les vilenies du langage.

La très protocolaire académie dit donc ceci : « On peut, par souci de précision et d’élégance, réserver l’emploi de second aux énoncés où l’on ne considère que deux éléments, et n’employer deuxième que lorsque l’énumération va au-delà de deux. » Si le cercle des Immortels précise aussi que « cette distinction n’est pas obligatoire », on se fera ici fort de bien en utiliser les contours.

Pour ce qui concerne le rugby, les Bleus iront en Écosse jouer une deuxième chance. Pas la seconde, puisqu’il y aura un lendemain à cette escapade venteuse et que, leur staff le jure, la défaite n’entraîne ni sanction, ni mise à l’écart. Elle fait aussi partie du chemin qui doit les construire vers leur rêve de sacre mondial à domicile, dans trois ans.

Dit plus franchement : à Murrayfield, les Bleus ne miseront ni la ferme, ni le bétail. Tout juste la survivance d’une envie de victoire dans cette Automn Nations Cup vite née et bientôt enterrée. Pas de quoi se retourner le cerveau. C’est plutôt une question d’ego qui s’exprimera, au cœur de la sublime Edimbourg.

De cette équipe de France, on a assez dit toutes les promesses qu’on lui confère, toutes les vertus réconciliatrices qu’on lui prête depuis la reprise en mains par le duo Galthié-Ibanez et la mise en responsabilité d’une jeunesse mordorée.

Mais ces Bleus, si souvent emballants, ont buté sur un (seul) obstacle jusqu’ici. À Murrayfield justement, début mars. Un jour où tout s’est emmanché à l’envers, du protocole d’avant-match jusqu’aux sirènes finales, qui scellaient la première défaite de cette équipe. Elle fut nette, sans contestation possible (28-17). C’est ce passif qu’il conviendra désormais de polir, quand bien même le contexte a radicalement changé.

Certains, aussi, abattront une carte majeure à titre individuel. On pense ici à Camille Chat, promis maintes fois aux galons de titulaire mais qui, longtemps patient dans l’ombre du capitaine Guirado, s’impatiente désormais dans celle de Julien Marchand.

On pense surtout à Matthieu Jalibert. Son talent est indéniablement brillant et rare. Il en a fait maintes fois la démonstration, malgré son jeune âge. Il reste un hic, toutefois : trop souvent, le Bordelais fut grand dans des matchs moyens, et moyen dans les grands matchs. Décevant en Bleu et en Écosse, justement, il y a huit mois quand il était tôt entré dans un match qu’il avait finalement raté, Jalibert aura ce dimanche l’occasion d’effacer l’ardoise et de se montrer à la hauteur des attentes qui l’entourent.

S’il y parvient, il pourra regarder vers le haut et espérer titiller Romain Ntamack, justement étonnant par sa facilité à se sublimer quand l’enjeu s’épaissit. S’il échoue, Jalibert devra regarder dans ses rétroviseurs, où la concurrence pousse. Carbonel, Berdeu, Hastoy, Segonds sont autant de talents au poste, tout aussi jeunes que lui et qui attendent leur tour. Pour l’instant, Jalibert a la main. À lui de jouer.

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