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Les « coiffeurs » déconfinés

Par Jérémy FADAT
  • Brice Dulin, Louis Carbonel et Sekou Macalou, trois visages que l’on devrait voir ou revoir à l’œuvre face à l’Italie samedi soir.Photos Icon Sport Brice Dulin, Louis Carbonel et Sekou Macalou, trois visages que l’on devrait voir ou revoir à l’œuvre face à l’Italie samedi soir.Photos Icon Sport
    Brice Dulin, Louis Carbonel et Sekou Macalou, trois visages que l’on devrait voir ou revoir à l’œuvre face à l’Italie samedi soir.Photos Icon Sport
  • Les "coiffeurs" déconfinés Les "coiffeurs" déconfinés
    Les "coiffeurs" déconfinés
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    Les "coiffeurs" déconfinés
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La grande majorité des joueurs cadres de Fabien Galthié ayant atteint le quota maximum de trois feuilles de match pour la période d’automne, ce sont donc des réservistes - plus bleus que jamais - qui vont partir à l’assaut, dès samedi soir, d’un premier titre dans le mandat de Fabien Galthié.

Les réservistes du XV de France sont de bons citoyens. Alors qu’ils devaient initialement être lancés en écosse le week-end passé, en plein confinement, ils ont donc attendu les annonces d’Emmanuel Macron sur son assouplissement (et accessoirement subi l’annulation du match contre les Fidji) pour sortir de l’isolement dans lequel les avait placés Fabien Galthié, au beau milieu de la liste des 75 joueurs suivis par le staff. Le Président de la République a annoncé la réouverture des petits commerces, alors voici les "coiffeurs" des Bleus enfin libérés. Trêve de plaisanterie, c’est bien un groupe expérimental qui s’en va affronter l’Italie samedi soir. Ainsi va la vie du rugby français… Le pire ? C’est que le sélectionneur va disputer la première "demi-finale" de son jeune mandat. Oui, vous ne rêvez pas, la réception de la Squadra Azzurra, dans un Stade de France aussi vide que l’expérience internationale des Neti, Pesenti, Zegueur, Moefana ou Cordin, est un véritable événement en soi. Pas parce que Brice Dulin et Sekou Macalou vont mettre un terme à trois années de purgatoire en sélection, ou parce que Baptiste Serin a de fortes chances de jouer plus de cinq minutes. Non, ce rendez-vous n’est rien d’autre que l’avant-dernière marche vers un titre. Faut-il le banaliser ? Vu le torrent de boue qui a balayé le palmarès français sur la dernière décennie, difficile de faire la fine bouche… Il est vrai, chacun en conviendra, que cette Coupe d’Automne des Nations est aussi fantaisiste que son appellation, faite de bric et de broc et fragilisée dans l’œuf avant même la pondaison par le fiasco fidjien. Quoi qu’il en soit, il y a un trophée (dont on se demande bien l’aspect) à aller chercher. Par les temps qui courent, ce ne serait pas du luxe. Qu’importe s’il faut le braquer avec les remplaçants des remplaçants…

Soixante millions de sélectionneurs

Dans un sport où une guerre entre les deux institutions succède à une autre, où un manager du XV de France peut signifier à ses joueurs qu’ils engageaient leur "responsabilité individuelle" s’ils avaient été alignés par leurs employeurs voilà deux semaines en Top 14, et où capitaine Serin grillera sa dernière feuille de match samedi avant de rendre son brassard pour le moins éphémère, rien n’est totalement saugrenu. Forcément, alors que le grand public s’est de nouveau amouraché de son équipe nationale, il est dur de lui expliquer qu’il est privé des grattages de Marchand, des coups de casque de Le Roux, des envolées d’Ollivon, des charges d’Alldritt, des chevauchées de Dupont, des accélérations de Fickou et des franchissements de Vakatawa. Surtout quand la majorité d’entre eux sont en congé cette semaine et n’officieront même pas en Top 14, les vacances obligatoires étant passées par là… Mesdames et Messieurs, il vous faudra pourtant trouver de nouveaux héros pour les deux semaines à venir. C’est l’heure de jouer à "soixante millions de sélectionneurs." Les comptoirs demeurant fermés jusqu’à nouvel ordre, c’est justement dans les salons de coiffure que tout le monde vous entend clamer que Macalou a tout pour être un des meilleurs troisième ligne du monde, que Carbonel est le seul à pouvoir décaler Ntamack en 12 comme il l’avait fait chez les Bleuets ou que Barraque et Villière vont transformer le VII en formidable tremplin pour le XV. Ceux-là auront l’occasion de prouver qu’ils valent mieux que des débats enflammés entre potes avinés. Excepté les tournées destructrices de juin, quand on envoyait au carton des joueurs de second plan au bout du rouleau en Nouvelle-Zélande ou en Australie, il est rare d’offrir cette chance à des talents en devenir. Est-ce un cadeau empoisonné ? Fabien Galthié n’est pas reconnu pour sa clémence mais plutôt son intransigeance et il se murmure qu’Arthur Retière, dont la titularisation face à l’Irlande était fortement pressentie, se serait fait "flinguer" sur un entraînement raté. Alors, c’est évident, quelques-uns pourraient se brûler les ailes à Saint-Denis. Mais c’est aussi la dure loi du très haut niveau.

La Bourde de 2004 et la part de légende

Samedi, malgré leur manque de vécu sur la grande scène et de repères communs, les garçons alignés auront l’immense privilège de porter la tunique frappée du coq. Ceci face à des Italiens (qu’ils nous pardonnent tant on aimerait que leurs partitions soient aussi douces et harmonieuses qu’un week-end dans leur capitale) clairement à leur portée au vu de leurs sept défaites de rang, série en cours. Certes, un succès promettrait aux yeux de beaucoup un accès direct pour l’abattoir de Twickenham, où les Bleus (pas seulement pour la couleur du maillot) défieraient la semaine suivante l’Angleterre en finale de la compétition. Mais à chaque semaine suffit sa peine. Celle de ces jours-ci est entièrement consacrée à la disparition brutale de Christophe Dominici, laquelle planera sur le Stade de France. Et de ne pas oublier qu’un jour de 2004, c’est devant cette même Italie que "Domi" a commis sa plus belle bourde en échappant un ballon dans l’en-but, ce qui ne l’empêche pas de rester une icône de l’histoire du XV de France. La légende naît aussi de ces moments aux apparences plus anonymes.

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