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Roger Fite, le shérif a rendu l’insigne

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Légende du club de Brive avec lequel il a disputé 192 matchs et atteint trois finales de championnat, l’ancien deuxième ou troisième ligne est mort dans la nuit de vendredi à samedi, à 82 ans.

Samedi matin, la ville de Brive s’est réveillée avec une belle gueule de bois, laquelle l’a replongé dans de lointains et magnifiques souvenirs. Au cours de la nuit qui venait de s’achever, c’est l’une de ses véritables légendes qui s’est définitivement éteinte. Roger Fite, qui luttait ces dernières années contre la maladie, est mort à l’âge de 82 ans. La nouvelle s’est rapidement propagée dans les foyers de la sous-préfecture corrézienne, avant qu’elle ne soit officialisée par le CABCL aux alentours de 10 h 30. Début août, même diminué physiquement, il avait prononcé ses derniers mots dans les colonnes de Midi Olympique à l’heure d’évoquer la trace laissée par Amédée Domenech, autre historique du club, lesquels résonnent encore aujourd’hui : "C’était un sacré joueur." Là-bas, sur les terres d’adoption de l’Héraultais qui avait débarqué à Brive en 1962 après cinq saisons au Stade cadurcien, ce sont les mêmes termes qui ont été répétés durant tout le week-end à l’instant de célébrer la mémoire de Roger Fite. Un sacré joueur, que le bandeau sur le front ne quittait jamais. Sûrement le plus emblématique d’une période faste qui aura le CAB tomber trois en finale et quatre fois en demi-finale du championnat de France en l’espace de seulement onze ans. Ce même CAB avec qui, aux côtés des Jean-Luc Joinel, Jean-Claude Roques, Jacques Génois ou Michel Yachvili, il avait aussi effectué en mai et juin 1973 cette incroyable tournée en Afrique du Sud, conclue par un bilan de cinq victoires pour deux défaites. Le "Shérif", tel était le surnom offert à ce deuxième ligne ou troisième ligne centre de devoir, sans qu’il y ait vraiment besoin d’en expliquer les raisons, tant il savait être rugueux et respecté de ses adversaires sur le terrain.

Trois finales de championnat perdues

À la fois massif et central, à l’image de cette région de France, Fite était un leader charismatique qui excellait aussi par son épatante vision du jeu. Un avant complet, et quelque part moderne déjà. International à deux reprises, il avait ainsi affronté le pays de Galles (5-3) et l’Italie (14-12) au printemps 1963 pour deux victoires sous le maillot du XV de France. Lui qui n’avait, en revanche, donc jamais pu toucher ce fameux Bouclier de Brennus tant convoité, battu par Agen à Lyon (1965), puis par Béziers, encore à Lyon (1972) et au Parc des Princes (1975). Voilà aussi pourquoi il symbolise tant le roman du CAB, ce champion d’Europe 1997 à qui il manque le célèbre morceau de bois dans sa galerie à trophées. C’est d’ailleurs en 1975, après sa troisième finale perdue (sans celles également perdues en Challenge Yves-du-Manoir en 1963 et en 1974) que Fite avait décidé de quitter Brive, à 36 ans, pour signer chez le voisin tulliste, où il fut vite rejoint par son compère de toujours Jean-Claude Rossignol -avec qui il formait un attelage absolument redoutable - et où il évolua cinq ans avant de terminer sa carrière de joueur à Terrasson entre 1980 et 1982.

Un important dirigeant fédéral

Mais c’est bien au club de Brive - avec lequel il totalise 192 apparitions - que son nom et son image demeureront éternellement accolés. Un club dont il ne s’est jamais vraiment éloigné, surtout pas dans sa deuxième vie lorsqu’il avait raccroché les crampons. Pas un hasard si l’actuel président briviste Simon Gillham lui a ainsi rendu hommage samedi : "À mon arrivée au Club en 2006, Roger a tout fait pour m’accueillir et m’aider. Un vrai Gentleman." Grand défenseur du rugby de terroir, Fite était ensuite devenu un éminent dirigeant. D’abord président de l’école de rugby du CAB, il fut surtout celui du Comité du Limousin entre 2000 et 2012, à laquelle duquel il a donc effectué trois mandatures. Siégeant au comité directeur de la Fédération Française de Rugby, il a aussi été le premier manager de l’équipe de France à VII. Autant dire que Roger Fite était un homme d’action et de décisions, comme sur le terrain, au service du sport qui l’avait consacré. Mais au service de sa ville, puisqu’il avait également embrassé la carrière politique en étant adjoint durant les deux mandats de l’ancien Maire de Brive-la-Gaillarde, Bernard Murat, entre 1995 et 2008. Ce même Bernard Murat disparu en avril 2018 quand son acolyte Jean-Claude Rossignol était décédé en novembre 2016. Roger Fite est parti à son tour et Midi Olympique adresse toutes ses sincères condoléances à sa famille, ses proches et à "son" club de Brive, qu’il laisse quelque part un peu orphelin.

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