Abonnés

Affaire Petti-Matera-Socino, retour sur une tempête sur fond de racisme

  • Suspendus dans un premier temps puis exemptés, Guido Petti et Pablo Matera ne joueront cependant pas contre l’Australie. Photo Icon Sport Suspendus dans un premier temps puis exemptés, Guido Petti et Pablo Matera ne joueront cependant pas contre l’Australie. Photo Icon Sport
    Suspendus dans un premier temps puis exemptés, Guido Petti et Pablo Matera ne joueront cependant pas contre l’Australie. Photo Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

La publication de tweets à caractère haineux, datant de 2011 à 2013, de trois membres de la sélection, dont le parisien Pablo Matera et le Bordelais Guido Petti, a plongé les Pumas dans la crise.

Quelle séquence terrible pour les Pumas ! Il y a à peine trois semaines, les larmes de Mario Ledesma, après le succès historique des Pumas face aux All Blacks (25-15), avaient ému le monde entier. Mais le sélectionneur n’aura pas savouré l’exploit très longtemps et se serait bien passé de la tempête déclenchée lundi soir par les médias sud-américains qui ont révélé le contenu de tweets à caractère haineux (voir ci-contre), publiés entre 2011 et 2013, par trois internationaux : le flanker et capitaine Pablo Matera, le deuxième ligne Guido Petti Pagadizabal et le talonneur Santiago Socino. Quelques heures plus tard, la Fédération annonçait leur suspension à titre conservatoire et une procédure ouverte par sa commission de discipline. Le brassard était même retiré à Matera. "L’Union argentine de rugby rejette avec force les propos discriminatoires et xénophobes publiés par des membres de l’équipe des Pumas sur les réseaux sociaux", selon le premier communiqué de l’institution. Et si l’UAR a reconnu que ces publications ne "reflètent pas l’intégrité personnelle que les trois ont montrée sous les couleurs des Pumas", elle assure condamner "tout discours haineux et juge inacceptable que ceux qui aient pu les tenir représentent notre pays".

Les excuses de Petti et Matera, "profondément honteux"

L’ambiance autour de la sélection était donc électrique. Et l’avenir international de Matera (27 ans), Petti Pagadizabal (26 ans) et Socino (28 ans) s’est posé. Les deux premiers, qui évoluent au Stade français et à Bordeaux, sont des cadres du système de Ledesma. Rapidement, Matera, qui s’est dit "profondément honteux", s’est confondu en excuses : "Je suis désolé pour toutes les personnes qui ont été offensées par les horreurs que j’ai écrites. à cette époque, je n’aurais jamais imaginé qui je deviendrais. Je dois aujourd’hui assumer la responsabilité de ce que j’ai écrit il y a neuf ans." Idem pour Petti : "Sans avoir l’intention de le justifier par les huit années qui se sont écoulées, ces messages, que je rejette totalement aujourd’hui, ne représentent pas du tout la personne que je suis désormais. Je me suis trompé."

Affaire Matera-Petti-Socino :  tempête sur fond de racisme
Affaire Matera-Petti-Socino : tempête sur fond de racisme

Les questions restent entières : quelles répercussions sur la sélection ? Ces joueurs doivent-ils en être bannis ? Et pourquoi ces publications ressortent-elles maintenant ? Selon la presse argentine, la Fédération n’ignorait pas tout de ces histoires et, quand Matera signa son premier contrat fédéral en 2015, une enquête interne aurait même été ouverte. Dans un contexte social explosif où se mêlent racisme ethnique et lutte de classes, les rugbymen - souvent issus des élites - furent critiqués pour leur hommage à Diego Maradona jugé trop timide. Ce qui peut expliquer le timing des révélations.

Jeudi : les rebondissements !

Cette affaire assombrit en tout cas l’actualité des Pumas, lesquels, derrière une Coupe du monde 2019 décevante, devaient déjà faire face à un inquiétant exode de leurs talents vers l’Europe. L’euphorie, née de la performance majuscule devant les All Blacks, aura été de courte durée. Même si, ces dernières heures, de nombreuses anciennes ou actuelles gloires argentines, tels Agustin Pichot, Juan Martin Hernandez ou Matias Moroni ont publiquement appelé à croire au "repentir" des hommes en question, qui ont "mûri" et "changé" depuis leurs écrits pour le moins abjects, réclamant ainsi "une deuxième chance" pour eux. Même le Fidjien Timoci Nagusa a apporté son soutien : "C’était il y a neuf ans, nous sommes tous humains, nous ne sommes pas parfaits, nous nous trompons. Pardonnez-leur et passez à autre chose."

On en était là quand, jeudi matin, survenait un nouveau coup de théâtre. On apprenait que les sanctions étaient finalement levées par la même UAR qui avait jugé mardi "inacceptable" qu’ils portent le maillot argentin. "Maintenir ces mesures, prises à titre conservatoire, n’est pas nécessaire et il a été décidé de lever la suspension des trois joueurs et de rendre le statut de capitaine à Pablo Matera, annonçait la Fédération. La commission de discipline a cité à comparaître les joueurs concernés. La Fédération rejette ce type de comportement mais estime également que les accusations diffamatoires qui en ont découlé touchent l’ensemble du rugby argentin et ne représentent pas ce qu’est notre sport." Avant d’ajouter que les trois joueurs "ont manifesté un profond repentir et ont réitéré les excuses qu’ils ont déjà prononcées, assurant que ces tweets ne reflétaient pas leur pensée et qu’ils avaient fait preuve d’immaturité. Ils assument cependant pleinement leurs actes et se tiennent à la disposition d’éventuelles enquêtes sur les circonstances".

Affaire Matera-Petti-Socino :  tempête sur fond de racisme
Affaire Matera-Petti-Socino : tempête sur fond de racisme

Quelques heures après, le quotidien argentin Clarin donnait une explication à ce rebondissement. L’UAR aurait été confrontée à une menace de grève des autres Pumas si le trio Petti-Matera-Socino avait été viré de la sélection. Sur ce, la composition de l’équipe tombait mais… sans les trois impétrants (lire en page 19). Nouvelle surprise ! Plusieurs médias, dont l’AFP, citaient Ledesma annonçant qu’"un accord avait été trouvé entre les joueurs et la Fédération. Ils ne joueront pas ce match, c’est vrai. Mais Matera reste notre capitaine". Il se montra par ailleurs assez clair sur le fait que le trio allait revenir en équipe nationale dans le futur. On n’a pas fini de parler de cette affaire. Surtout si elle révèle un bras de fer entre les joueurs et leur Fédération.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?