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Couilloud, capitaine et pluri-actif

  • Capitaine en club, Baptiste Couilloud étrennera ses galons au niveau international ce dimanche qui plus est à Twickenham. Photo Icon Sport
    Capitaine en club, Baptiste Couilloud étrennera ses galons au niveau international ce dimanche qui plus est à Twickenham. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À 22 ans, le Lyonnais était déjà capitaine de son club. À 23 ans, il sera ce dimanche capitaine d’une équipe de France remaniée, pour sa cinquième sélection et première titularisation. Portrait d’un garçon à la tête bien faite et qui, cet été, racontait son choix de se consacrer à un autre métier, en parallèle du rugby.

Il est toujours étonnant de converser avec Baptiste Couilloud. Au bout du fil, un garçon de 23 ans à la sagesse qui vaut le double. "C’est un mec pas con, voilà tout. Et même tout l’inverse, résume son entraîneur Pierre Mignoni, qui l’installa capitaine de son équipe dès ses 22 ans. Il y a l’instruction et l’intelligence, qui sont deux choses différentes : lui, il a les deux. Et, en plus, il a une maturité tellement au-dessus de la moyenne…" Pas seulement que Baptiste Couilloud semble loin des légèretés qui habitent généralement les jeunes hommes de son âge : il pose sur son parcours et son sport un regard bluffant de recul, de distance et de discernement.

Cet été, nous l’avions donc convié à partager sa vision du rugby et, dans l’actualité, de ce Covid-19 qui faisait déjà des ravages dans les rangs lyonnais. Et puis, dans la conversation, cette confidence emplie de bon sens : "Je suis dans une situation exceptionnelle, celle d’une carrière de rugbyman professionnel, pour justement faire autre chose." Ses collègues générationnels, le plus souvent, goûtent d’abord aux plaisirs de leur nouveau statut et, en toile de fond, évoquent une hypothétique idée d’une éventuelle reconversion. Couilloud a dix ans d’avance. "Notre activité nous laisse du temps pour nous développer en tant qu’Hommes. J’ai des après-midi de libre et j’ai besoin de leur donner du sens, de trouver d’autres challenges excitants."

"Quand il a du temps libre, il enfile le casque de chantier"

Alors, le capitaine du Lou et, ce dimanche, celui qui étrennera ce statut à l’international pour la première fois, a fait mieux que poursuivre des études : il les a terminées et s’est déjà lancé de la vie professionnelle. La vraie, celle connectée au monde et déconnectée des tendres berceuses de la vie de rugbyman professionnel. "J’ai obtenu mon DUT en génie civil en début d’année dernière. Ensuite, j’ai enchaîné sur une formation en langue anglaise, moins prenante, afin de lever un peu le pied sur les études. Mais j’ai ressenti le besoin de revenir à mon projet initial, le génie civil, racontait-il encore cet été. J’avais aussi besoin d’avoir un projet en dehors du rugby. Je concrétise actuellement un projet avec une entreprise de construction. Je vais signer un CDI avec une belle entreprise lyonnaise. D’abord, avec un planning adapté à mon statut de joueur professionnel, je travaillerai comme assistant à la conduite de chantiers."

Le propos date donc de début août. Depuis, Baptiste Couilloud a effectivement franchi le pas. "Quand il a du temps libre, qu’il n’est pas pris par le rugby, il enfile le casque de chantier et il va faire sa vie, s’amuser dans un autre registre" confirme son entraîneur, Pierre Mignoni.

"Baptiste ne se plaint jamais, il assume ses choix"

Un choix que le joueur assume et qui, il le jure, le rend meilleur. "J’ai besoin d’avoir d’autres centres d’intérêt pour être heureux au rugby. C’est mon équilibre et je crois que cela servirait aussi à d’autres. Mon projet professionnel m’aide à être performant dans mon projet sportif. Et ce n’est pas un discours de façade : j’en suis persuadé. Je pense même que ce développement personnel, en dehors, devrait faire partie intégrante du métier de rugbyman. Cela vous enrichit en tant que joueur. Le monde de l’entreprise m’apporte plein de choses, que je retrouve au rugby. La gestion des ressources humaines, la négociation, toutes ces situations sont des choses qui m’aident dans ma vie sportive."

Une solution idéale ? La médaille a toutefois son revers, avec des emplois du temps qui débordent. "Même s’il est rare qu’il me demande des adaptation, témoigne encore Mignoni. Quand cela arrive, on fait tout pour lui faciliter la vie. Le club le suit à 200 % dans cette démarche. On lui décale une séance de musculation, par exemple, s’il ne peut pas la faire aux horaires prévus. Mais c’est vraiment rare. Baptiste ne prend jamais de retard sur le reste de l’équipe, il est bosseur et le plus souvent, c’est lui qui s’adapte. Surtout, il ne se plaint jamais. Il assume ses choix." Couilloud poursuit : "Je mets en œuvre tout ce que je peux pour être un meilleur joueur, le meilleur possible. Et mon projet professionnel va dans ce sens : il m’aide à être un meilleur rugbyman. J’en suis convaincu. L’avenir dira si j’ai été trop ambitieux en choisissant cette voie." Le présent lui donne déjà raison.

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