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Que la farce soit avec eux !

  • Cameron Woki, Sekou Macalou, Anthony Jelonch et Hassane Kolingar, de nouveaux visages pour les Bleus avec une seule mission, jouer un drôle de tour à des Anglais trop sereins.
    Cameron Woki, Sekou Macalou, Anthony Jelonch et Hassane Kolingar, de nouveaux visages pour les Bleus avec une seule mission, jouer un drôle de tour à des Anglais trop sereins. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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C’est une finale aussi étrange qu’attendue que les Bleus vont disputer ce dimanche, à Twickenham face à l’Angleterre. La presse anglaise parle de "farce"? Et alors? Après une première année réussie, le sélectionneur Fabien Galthié ne peut que sortir vainqueur de cet épilogue.

C’est une finale ! Et l’adage traverse les époques, que l’on se trouve au comptoir du coin (malheureusement toujours fermés pour cette occasion) ou dans les salons plus feutrés : une finale, ça se gagne. Quels que soient la manière et le score, seule la joie de la victoire reste. On ne retient que les noms des vainqueurs, on oublie bien souvent les perdants.

Ce XV de la Rose peut en témoigner, battu l’an passé en finale de la Coupe du monde par l’Afrique du Sud, piétinant ainsi la leçon de rugby qu’il avait infligé aux All Blacks une semaine plus tôt en demi-finale. Eddie Jones, le sélectionneur de l’Angleterre, n’a pas oublié la cruauté d’avoir manqué cette dernière marche : "Dans une compétition, la semaine de la finale, c’est celle où vous apprenez le plus. Vous apprenez sur vous-mêmes, sur vos coéquipiers et comment vous fonctionnez en équipe. On a eu une finale infructueuse, on a appris et nous aimerions mettre en pratique ce qu’on a appris." Malheureusement pour vous, cher Eddie, le gagnant de cette finale est déjà connu avant même le coup d’envoi ! Peu importe qui soulèvera le trophée, c’est Fabien Galthié qui quittera Twickenham en grand vainqueur.

La première année du nouveau sélectionneur tricolore est déjà une réussite. Pour les supporters, elle apparaît même comme un soulagement, une résurrection après tant de désillusions et même d’humiliations. Au mieux, Fabien Galthié sera dimanche définitivement un génie en cas de succès, offrant à la France un premier trophée autre que le Garibaldi, aussi imposant que dérisoire. Au pire, il deviendra un héros abandonné pour cette dernière bataille de 2020, tel Don Quichotte sans atout dans sa manche. Même si le XV de France venait à être balayé, ce dont les observateurs anglais ne doutent pas, qualifiant la sélection française de farce, l’histoire retiendra que le sélectionneur n’avait plus les ressources pour faire face à une Angleterre, vice-championne du monde, vainqueur du Tournoi des 6 Nations et animée par un fort esprit de revanche après sa défaite au Stade de France en ouverture du dernier 6 Nations.

Fabien Galthié n’a certes jamais demandé un tel joker. Il est certain que l’ancien demi de mêlée aurait voulu disputer cette finale avec sa meilleure équipe. Mais les intérêts divergents et légitimes d’un rugby français toujours tiraillé entre sa Fédération et ses clubs, offrent finalement une issue confortable au sélectionneur. Qu’on se le dise : Galthié n’a rien à perdre.

L’exploitation d’un filon

En pénétrant dans un Twickenham à la fête, avec 2000 personnes dans les travées, les Bleus espèrent même pouvoir tout y gagner. Cette Coupe d’automne des Nations, surnommée Covid Cup, pour commencer. Et bien plus encore : les conscrits, appelés pour remplacer Dupont, Ntamack, Marchand, Le Roux, Alldritt, Ollivon, Fickou, Vakatawa, Serin, Bouthier, tous atteints par la limite des trois matchs internationaux cet automne, ont réussi leur première face à l’Italie, évacuant le stress de la première pour bon nombre d’entre eux. La victoire a été un soulagement autant que mauvaise amante, berçant ces petits Bleus de grands espoirs, les amadouant avec autant de flatteries que d’essais dans un duel bien trop déséquilibré, pour ne pas travestir la valeur des équipes.

Certes, on veut aussi se bercer d’optimisme, salivant à l’avance de voir à l’œuvre ces néophytes ou revenants face à une plus grande adversité. L’ancien international Thomas Castaignède, appelé à répondre aux moqueries anglaises en début de semaine, le pensait aussi : "C’est facile de dire que c’est une farce, mais nous avons du potentiel et je ne serais pas si méchant avec l’équipe de France […] Les jeunes joueurs ne sont pas si loin du top niveau et j’ai été très surpris par certains d’entre eux dont Baptiste Pesenti et Matthieu Jalibert. Je ne vois pas pourquoi ces joueurs, même s’ils ne sont pas les premiers choix, ne pourraient pas créer de problèmes à l’Angleterre."

La génération dorée qui vient de se révéler, avec à sa tête Antoine Dupont et Grégory Alldritt, ne serait alors que le début du renouveau. Et Fabien Galthié, le grand orpailleur d’un rugby français exploitant à la perfection ce filon de talents. Nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, et c’est déjà le signe d’un souffle nouveau.

L’inévitable prise de risque

On rêve alors de voir les bons élèves de Galthié, capables de réciter leur leçon à la perfection face à l’Italie, prendre leur destin en mains. S’affranchir à bon escient du tableau noir pour renverser un XV de la Rose forcément favori. Il faut être un peu fou, pour envisager les plus grands exploits et pour gravir des sommets inaccessibles. "Le french flair ? s’interrogeait Richard Dourthe dans nos colonnes lundi. Ce n’est ni plus ni moins qu’une volonté individuelle de s’affranchir, voire de dire "merde" au cadre de jeu et aux consignes du coach à un moment ou à un autre du match !" Une prise de risques nécessaire, aussi pour éviter les regrets. Ces Bleus sont trop jeunes pour en avoir.

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