Jean-Pierre Lux, l'adieu à un certain rugby

  • Jean Pierre LUX - 08.11.2014 - France / Fidji - Test Match -Marseille
    Jean Pierre LUX - 08.11.2014 - France / Fidji - Test Match -Marseille Dave Winter / Icon Sport - Dave Winter / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Il fut un centre phare des années 60-70, souvent associé à Claude Dourthe à l'US Dax. A 47 reprises, il porta les couleurs du XV de France, goûta au Grand Chelem et survola deux France - Angleterre odes au french flair. 

En parlant de lui, on revient à une certaine époque. Celle des centres dentistes de l'US Dax. Jean-Pierre Lux formait une paire redoutable avec Claude Dourthe au début des années 70. Comme quelques autres Dacquois, ils avaient bénéficié d'une certaine filière pour intégrer l'école dentaire de Bordeaux, un ponte landais bien placé pour un petit coup de pouce. Mais ça n'enlevait pas grand chose à leur mérite, il fallait quand-même avoir la volonté de mener des études relativement exigeantes en continuant à jouer au rugby à haut niveau. Fils d'instituteurs, Jean-Pierre Lux était originaire de Tyrosse, il avait connu ses premières sélections sous ce maillot frappé d'une fougère. Il n'avait rejoint l'USD qu'en 1971 à 25 ans. Il y vécut une finale du championnat (perdue) en 1973. Mais à 47 reprises, il fut sélectionné chez les Bleus. En 1967 et 1975, le temps de participer au Grand Chelem 1968, le premier de l'Histoire. Avec le recul d'ailleurs, ce total ne nous lasse pas de nous impressionner. Il est équivalent finalement à celui d'André Boniface, le « pape » des trois quarts landais. 

Le nom de Lux est souvent associé à celui de Claude Dourthe, on opposait cette paire à sa concurrente : Trillo-Maso. Les deux Landais étaient un peu moins esthétiques, un peu moins conformes au mythe du centre créateur virevoltant et imaginatif. Mais Jean-Pierre Lux avait pourtant du talent à revendre, sans avoir l'air d'y toucher finalement. C'était aussi un faux lent, un gars qui pouvait aussi jouer ailier et qui sentait les coups. Il participa lui aussi à la légende french flair à sa façon, à l'époque de la tournée 1968 en Nouvelle-Zélande (aux côtés justement des Maso, Trillo et Dourthe). Son nom est aussi associé à  la victoire de 1973 au Parc des Princes face aux All Blacks.  Son chef d'oeuvre fut peut-être le France-Angleterre de 1970, victoire 35-13 à Colombes, il était associé au centre à jean Trillo.Il  marqua un essai et suscita cette phrase magique de notre confrère Denis Lalanne : « Le bonheur de s'appeler Lux quand c'est samedi de lumière. » Deux ans après, il participa également à la répétition de l'exploit, 37-12 cette fois, toujours contre des Anglais aussi dépassés, pour les adieux à Colombes. Il marqua aussi un essai, et partageait le  post de centre avec Jo Maso. Ce fut une épiphanie, la plus belle signature d'un certain style tricolore, résumé par la fameuse formule de Jean-Louis Bérot son ouvreur (autre Dacquois alors  exilé à Toulouse. « Aujourd'hui, on attaque dès la sortie du tunnel ».  

Après sa carrière, il devint une sorte de symbole d'un certain style dacquois, actif au Lions Club, puis très présent dans les instances. Proche de Serge Blanco, il fut actif à la Ligue naissante, puis à l'ERC, l'instance de la Coupe d'Europe dont il fut même le président. Il siégea même au Comité Directeur de la FFR, votant pour la nomination du sélectionneur. Ce n'était pas une « grande geule », il affichait une fausse indolence, un grand calme. Comme sur les terrains, il n'en rajoutait pas pour faire ce qu'il avait à faire.   

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