Sale temps pour la flèche

  • Fabien GALTHIE during the French training session at Centre national de rugby on December 2, 2020 in Marcoussis, France. (Photo by Matthieu Mirville/Icon Sport) - Fabien GALTHIE - Centre National du Rugby - Marcoussis (France)
    Fabien GALTHIE during the French training session at Centre national de rugby on December 2, 2020 in Marcoussis, France. (Photo by Matthieu Mirville/Icon Sport) - Fabien GALTHIE - Centre National du Rugby - Marcoussis (France) Icon Sport - Icon Sport
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L'édito de Léo Faure... Tout était si bien programmé, et présenté sur un savant Power Point. Dès sa prise de fonctions, dès janvier 2020, Fabien Galthié lançait cette idée sémantique : la flèche du temps. Une bizarrerie, sur le moment, qui allait devenir un compagnon de route de tous ceux qui s’intéressent d’assez près au XV de France.

La flèche du temps, pour le dire grossièrement, ce sont les quatre années qui séparaient alors le sélectionneur « Galette » de la prochaine Coupe du monde, en France, en 2023. Ça, c’est la version « cours élémentaire » du concept. Plus précisément, ce sont 44 mois à la tête des Bleus vers lesquels se projetait le nouveau sélectionneur.

Dans le détail, pour les férus de maths, cela donne une cascade de chiffres qui pavent le chemin de son mandat : 90 joueurs supervisés dès la prise de fonction, une petite vingtaine d’entraînements « à haute intensité » pour chaque Tournoi des 6 Nations, quarante matchs à disputer et soixante-trois semaines de vie en commun pour ce groupe France que Galthié a très tôt voulu transformer en « club France », en réduisant la rotation des effectifs à sa plus simple expression. La flèche du temps, c’est ça. Et cela devait porter cette équipe de France, dans une logique mécanique, vers un Mondial « à la piaule » qu’elle devrait ambitionner de gagner.

Par tous ces chiffres, le sélectionneur posait là un compte à rebours. Il envoyait aussi ce message : plus question du flottement des précédentes années, quand les joueurs se plaignaient de ne pas retrouver à Marcoussis l’approche hyper-structurée qui les baigne en club.

Les années Galthié plairaient ou pas, seraient couronnées de succès ou pas, mais elles seraient celles du pragmatisme, de la programmation et de la planification. De l’hyper-spécialisation et de la rigidité d’un cadre que les Anglo-saxons ont depuis longtemps posé et qui, il faut le dire, avait pendant une décennie balayé le romantisme bordélique à la sauce latine. Pourtant, c’est à un tout autre défi que Galthié se frotte désormais : l’imprévu et l’adaptation à l’urgence. Tout ce qu’il voulait justement éviter.

Happée par le Covid, la flèche du temps perd une plume par semaine. La tournée en Argentine n’a pas eu lieu et l’automne a vu cinq matchs se jouer, mais une rotation imposée à son équipe par un énième bras de fer FFR-LNR. La pandémie a tendu les âmes, exacerbé les antagonismes et la belle entente du début, entre les entraîneurs de club et ceux du XV de France, n’y a pas résisté.

Désormais, que 2021 s’avance et que le climat semble s’apaiser sur ce front, voilà que l’incertitude sportive reprend le dessus. À l’instant où l’on s’écrit, le premier match du Tournoi se jouera, en Italie. Le second, à l’Aviva stadium de Dublin ? Pas sûr. N’évoquons même pas la suite.

Il n’est plus l’heure de programmer, voyez-vous. Le rugby, sport d’adaptation jusque dans sa génétique, reprendra ses droits alors que chaque jour apporte une vérité qui gifle les certitudes de la veille. Contraint aux flous que personne ne lui souhaitait, Galthié doit aussi s’adapter.

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