Sans Mondial, une génération sacrifiée

Ce n’est pas qu’on la plaindrait, cette pauvre génération des internationaux U20 nés en 2000-2001. Après tout, d’autres jeunes de leurs âges ont payé un très lourd tribut à la Covid-19, à commencer par tous ces juniors de France et de Navarre non destinés au plus haut niveau, qui n’auront jamais pu profiter des plus belles saisons de leur vie… De retour en bus festifs après une victoire en phases finales. Sans parler tout simplement des milliers d’étudiants de leur âge qui, faute de cours à l’université, broient du noir dans leurs piaules minuscules sans pouvoir joindre les deux bouts

 Alors pour tout cela, non, la génération 2000-2001 du Pôle France n’est pas à plaindre, les joueurs ayant en outre le bonheur de pouvoir continuer à jouer en compétition, de par leur statut de joueurs de haut niveau. Reste que, pour la deuxième année consécutive, l’élite de cette génération U20 sera tout de même privée cet été de la Coupe du monde qui constitue, pour les moins talentueux (ou chanceux…) d’entre eux, le summum de leur carrière. Une fatalité qu’ils ne peuvent logiquement que déplorer, à l’exception d’un privilégié comme Matthias Haddad qui a eu la chance (et évidemment le talent) de remporter l’événement en tant que surclassés…

Estebanez: « On va faire un point individuel avec tous les joueurs »

Alors, si on peut se hasarder à un brin d’humour noir en se satisfaisant que les Bleuets seront la première équipe à conserver leur titre mondial pendant quatre années consécutives, pas sûr que cela suffise à faire sourire la troupe de Philippe Boher, partie cette semaine en stage du côté de Faro pour préparer un Tournoi qui n’aura pas lieu aux dates prévues. «C’était un stage de développement en prévision des Six Nations donc foncièrement, on n’a pas changé grand-chose par rapport à ce que nous avions prévu, nous expliquait l’entraîneur des trois-quarts Fabrice Estebanez. En plus, même si l’information que la Coupe du monde risquait fortement d’être annulée est évidemment arrivée jusqu’aux joueurs, cela n’est toujours pas officiel… Donc, pour le moment, on ne peut pas dire que l’on ait senti le groupe particulièrement déçu ou démotivé. Au contraire, il fait très beau à Faro, et on a bien travaillé. Mais c’est vrai qu’à la fin du stage, on compte prendre un moment pour voir tous les joueurs individuellement et faire le point avec eux quant à leurs objectifs personnels. Parce qu’il est sûr que sans Coupe du monde, les perspectives de certains seront peut-être chamboulées. »

Entendez par là que, pour beaucoup de joueurs des générations précédentes, les deux titres en Coupe du monde ont été de fabuleux accélérateurs pour l’accès au niveau professionnel et même international, à l’image des Ntamack, Carbonel, Woki, Geraci, Bamba, Gros, Vincent et autres Barassi. Et qu’en l’absence de Mondial, il sera peut-être difficile pour certains de se faire remarquer, et pourquoi pas de percer…