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Clerc : « Les Irlandais n’aiment pas le jeu dans le désordre »

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    Clerc : « Les Irlandais n’aiment pas le jeu dans le désordre » Olivier Andrivon / Icon Sport
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En 67 sélections, l'ancien ailier du XV de France a affronté à 11 reprises l’Irlande, pour huit victoires et deux matchs nuls. Autant dire qu’il est la personne idoine pour livrer la recette du succès à nos Bleus…

Que faut-il pour s’imposer en Irlande ?

Beaucoup d’engagement et beaucoup de précision. Plus que dans les autres matchs. Il y a toujours ce refrain qui revient sur eux : ils sont forts sur les ballons hauts, sur le jeu au pied et devant… Ces Irlandais n’ont pas vraiment de joueurs époustouflants, qui font des différences énormes comme on en trouve en Ecosse ou en Angleterre. Mais ils sont très forts sur les basiques du jeu. Ils n’aiment pas le jeu désorganisé mais sont toujours rigoureux et précis dans tout ce qu’ils font. S’ils parviennent à suivre leur schéma sans qu’on puisse les contrer, ils deviennent redoutables. Mais quand on arrive à les contrer sur leurs points forts, ils n’ont plus de solution.

Où faut-il commencer par les contrer ?

Dans le jeu au sol. Les Français devront garder leurs ballons et assurer des sorties rapides car les Irlandais sont très forts pour gratter ou ralentir les sorties adverses. Nous, on aime la vitesse et ils savent nous en priver. Aussi, il faudra les contrer sur le jeu au pied de pression. Les Irlandais sont forts pour jouer dans les angles ou envoyer des joueurs au point de chute. L’équipe de France ne devra pas craquer en tentant une relance impossible, ou quelque chose du genre. Les Bleus devront donc dominer le combat aérien.

Depuis quelques temps, l’équipe de France attaque beaucoup au pied. Faudra-t-il rester fidèle à cette stratégie contre les Irlandais ?

Le point fort des Bleus, c’est l’alternance. Le jeu au pied est toujours utilisé à bon escient, on ne se débarrasse pas du ballon. Certes, il faut relativiser la prestation par rapport à l’adversaire, mais Antoine Dupont a constamment fait reculer les Italiens grâce à la puissance de son jeu au pied. De façon générale, les Bleus ont trouvé de longues touches et tapé de longs renvois. Ils devront continuer dans ce sens, et ne pas rendre de ballons faciles. Pour l’instant, l’équilibre est bon entre le jeu au pied et à la main car on marque beaucoup en contre, sur des lancements de jeu ou dans le désordre. C’est peut-être la clé : si l’Irlande est moins précise dans son jeu au pied, les Bleus devront en profiter.

Quid de la discipline ? On a vu les Bleus capables de rectifier le tir contre l’Italie en ne concédant que deux pénalités en deuxième mi-temps contre sept en première…

Il faut reconnaître que l’Italie est très faible et qu’elle a sombré physiquement en deuxième mi-temps. Les Italiens avaient trouvé de petites failles, comme autour des rucks avec leur demi de mêlée. On a aussi vu des courses rentrantes qui leur ont donné de l’avancée et les Français ont été sanctionnés. La correction des Bleus à la mi-temps a été bonne, mais l’Italie s’est effondrée. Donc attention.

Teddy Thomas a encore été redoutable en attaque. Si vous étiez sélectionneur, le titulariseriez-vous en sachant qu’il risque d’être la cible des chandelles irlandaises ?

Si Teddy Thomas est là, c’est qu’on lui fait confiance. On ne peut donc pas l’aligner contre les équipes qui jouent moins au pied et s’en passer dans le cas contraire. C’est à lui de prouver qu’il veut régler ce point faible. C’est justement dans ces matchs, où il y aura beaucoup de pression, qu’il va devoir le montrer. Il est là parce qu’il a sorti de bonnes performances au mois de novembre. Il mérite donc sa place, au nom de la continuité.

Sur le plan personnel, l’Irlande est une destination qui vous a plutôt réussi. Comment l’expliquez-vous ?

On arrivait à trouver des solutions dans le désordre. Des joueurs comme Brian O’Driscoll aimaient se nourrir des ballons de contre également, donc cela donnait des matchs équilibrés où chaque équipe avait sa mi-temps. Mais nous avions un beau paquet d’avants qui parvenait à les contrer, donc ça facilitait pas mal les choses. Encore une fois, le désordre nous réussissait plutôt bien. Après, j’ai aussi le souvenir de matchs joués sous la pluie, où l’on s’est fait bousculer du début à la fin. On se sentait parfois complètement étouffés.

Après des années de domination française, l’Irlande a remporté six des huit dernières confrontations avec les Bleus. Comment expliquez-vous ce renversement ?

Ils ont une génération talentueuse, qui évolue dans des clubs qui font toujours partie des meilleures équipes d’Europe. Ils jouent souvent ensemble, donc ils ont de bons repères collectifs et se renforcent de quelques joueurs qui font des différences individuelles. Quand ils peuvent mettre leur jeu en place, ils sont capables de mettre n’importe quelle équipe sous pression : à ce titre, il faut se souvenir qu’ils ont battu deux fois les All Blacks.

Le grand point fort de l’Irlande est-il le même que ceux du Leinster et du Munster, à savoir la conservation du ballon ?

C’est ça. Mais il faut aussi savoir que s’ils sont contrés sur ce plan, s’ils ne trouvent pas de l’avancée, ils finissent par rendre le ballon au pied. Et ça, c’est peut être la chance des Bleus.

Ce fut notamment le cas pendant le dernier Mondial, quand ils furent dominés par le Japon…

Exactement. Ils jouent vraiment sur cette conservation et sur le gain de la ligne d’avantage. Depuis quelques années, on dirait qu’ils n’ont que ce plan de jeu-là. Et si on les contre sur la ligne d’avantage, ils sont perdus. On l’a vu au Mondial : ils ont été moins dominateurs sur les phases de conquête et un peu moins précis. Ils se sont alors trouvés sans solution.

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