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Fickou : « J'entendais parfois que je ne défendais pas assez »

Par Jérémy FADAT
  • « J'entendais parfois que je ne défendais pas assez »
    « J'entendais parfois que je ne défendais pas assez »
Publié le Mis à jour
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Dimanche, le trois-quarts centre international a pris le temps de revenir sur la prochaine rencontre face à l'Irlande, sur les ambitions de ce XV de France, sa soif de titres, son rôle de cadre chez les Bleus ou la semaine particulière vécue par son pote Teddy Thomas.

La bulle sanitaire s’est encore renforcée autour des Bleus. Comment le vivez-vous ?

On commence à s’y faire et, surtout, on n’a pas trop le choix. Malheureusement, c’est un mauvais passage pour tout le monde et j’espère qu’il sera le plus court possible. Je ne vais pas mentir, ce n’est pas simple à gérer mais c’est ainsi.

N’est-ce pas un peu étouffant parfois ?

Ce n’est pas toujours facile. On est à l’hôtel vingt-quatre heures sur vingt-quatre, donc on a connu mieux au niveau de l’ambiance. C’est totalement différent des Tournois des 6 Nations qu’on a vécus auparavant. Mais, comme je l’ai dit, on peut en parler des heures mais on n’a pas le choix.

L’Italien Matteo Minozzi a par exemple décliné

la sélection parce qu’il ne se sentait pas de vivre deux mois comme ça…

Je ne peux pas me permettre de le juger. Chacun le vit comme il le veut. Il a peut-être une famille ou une situation qui l’oblige à ne pas prendre de risque.

En quoi le fait que l’Aviva Stadium soit vide dimanche modifie-t-il votre approche ?

On aura moins le ressenti des supporters qui peuvent influencer l’arbitrage ou les joueurs. Il y a moins cette notion d’extérieur et de domicile. Elle existe encore un peu parce que le déplacement nous oblige à travailler mais il n’y a plus cette pression du public.

Avez-vous déjà gagné en Irlande ?

Non. Juste un match nul une fois.

Est-ce la bonne année alors dans ce contexte ?

Je l’espère et on va tout faire pour. D’autant plus qu’on veut gagner des titres.

Vous ne cachez pas vos ambitions…

Oui, car on a cette prétention mais cela ne nous empêche pas d’en connaître la difficulté pour y parvenir.

Qu’a changé cette année 2020 dans le regard de vos concurrents ?

Il est évident qu’il n’est plus le même. Quelque chose a changé. L’équipe de France est désormais redoutée même si on peut nous brosser dans le sens du poil pour nous faire déjouer.

Et au sein du groupe ?

Elle a donné de la confiance et le fait d’avoir du temps de jeu ensemble, de gagner ensemble, ça fait grandir. On se connaît de mieux en mieux.

Personnellement, vous avez mangé votre pain noir

en sélection…

C’est vrai. J’ai vécu des moments compliqués en équipe nationale. Donc je sais de quoi je parle. Je le dis souvent aux autres : "Des instants comme la victoire à Cardiff l’an passé, il faut en profiter car ils sont rares."

Vous arrive-t-il d’en discuter avec ceux qui n’ont pas connu ces périodes dorées comme Yoann Maestri ?

Attention, pour l’instant, à part des matchs, on n’a rien gagné. Il ne faut pas l’oublier. Donc pas question de s’emballer. Il est certain qu’on prend plus de plaisir qu’avant et je sais qu’on a le potentiel pour aller chercher quelque chose.

D’autant plus qu’à titre personnel, en club ou en sélection, il vous manque encore un titre…

Exactement. Ça se passe plutôt bien pour moi dans l’ensemble mais j’ai envie d’aller en décrocher. Gagner des matchs, c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant…

C’est un poids dans votre carrière ?

Disons que je me bats tous les jours pour essayer de gagner un titre. En club, je suis arrivé dans des projets de reconstruction, où il faut du temps, mais je crois en celui du Stade français. Et en équipe nationale, je pense, ou j’espère, que ça ne va pas tarder.

Comment vous êtes-vous fondu dans ce rôle de cadre en sélection alors que vous n’avez que 26 ans ?

C’est dû à l’expérience. Brice (Dulin) amène cela aussi. Je le fais instinctivement et surtout simplement. Tout le monde est mature dans ce groupe mais j’essaye d’avertir sur quelques pièges que j’ai pu rencontrer.

Comment sentez-vous les moments où il faut prendre la parole ?

Je ne calcule rien. C’est naturel. Si je n’ai rien à dire, je ne dis rien. Mais, si je sens qu’il faut y aller pour remonter un peu les mecs, j’y vais.

Vous êtes aussi le patron de la défense,

vous, le surdoué en attaque…

On veut progresser tout au long d’une carrière. Quand j’étais plus jeune, j’entendais parfois que je ne défendais pas assez. C’était vrai et j’ai fait beaucoup d’efforts là-dessus. Il faut que je le travaille encore. On m’a confié ce rôle après la Coupe du monde parce que Shaun (Edwards) m’a choisi. C’était un grand honneur pour moi. D’autant plus qu’au départ, on m’avait catalogué comme un bon attaquant mais un défenseur juste correct, pas très agressif. C’est une arme supplémentaire.

Et vous y prenez goût ?

On prend toujours du plaisir à défendre. Dès lors qu’on fait du rugby, on doit défendre 50 % du temps. Si on n’aime pas ça, c’est un peu embêtant. À la base, je préfère l’attaque mais la défense est un point fort de notre équipe nationale. C’est la clé pour remporter des titres.

Il a été révélé, en début de semaine, dernière que le contrat de Teddy Thomas, dont vous êtes très proche, ne serait pas renouvelé au Racing 92. Comment l’a-t-il accueilli ?

On était là pour lui car ce n’est jamais facile d’apprendre ça. Mais c’est un gros tempérament, il a un énorme caractère. Il est solide mentalement, il a évolué et l’a montré ce week-end.

Avez-vous eu besoin d’en discuter avec lui ?

Oui, c’est un de mes meilleurs amis. Mais je ne peux pas dire le contenu de nos échanges (sourire). J’essaye de le conseiller, d’avoir un œil extérieur et de l’aider quand ça ne va pas, comme lui le fait pour moi.

Vous n’avez pas été étonné de sa grosse prestation alors ?

Je n’en doutais pas une seconde. Sa réponse, elle a été claire et nette. Si des gens se posent des questions sur lui, Teddy répond sur le terrain.

Avez-vous eu besoin de lui donner des contacts à Toulouse ?

Il les a déjà (rires).

Ces dernières semaines, vous avez été remis en cause parce que vous avez été remplaçant avec Paris. Avez-vous l’impression qu’il y a une trop forte exigence sur vous ?

Non, tant mieux. Certains ratent des mois ou des années entières et on n’entend rien sur eux. Moi, j’ai été une fois remplaçant et c’était la fin du monde. Si tout le monde l’a remarqué, c’est que ça devait manquer… Cela me pousse à être meilleur. Je trouve ça parfois injuste mais, comme je l’ai dit déjà dit, j’adore le foot et je suis le premier à critiquer un joueur quand il rate un match. Donc je comprends les gens.

Le vivez-vous mieux avec le recul et l’âge ?

Je ne me prends pas la tête. Ça fait presque dix ans que je joue en Top 14, un championnat long et dur, et je sais que je ne peux pas toujours être à 100 %, que j’ai aussi des périodes plus creuses. C’est logique.

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