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Le XV de France, ce monstre froid qui ignore les trous d'air

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    Le XV de France, ce monstre froid qui ignore les trous d'air Patrick Derewiany / Midi Olympique
Publié le Mis à jour
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Finalement, convenez que tout ceci revêtait un caractère irréel : Tricolores et « Azzurrii » séparés d’un mètre au moment des hymnes, comme si le protocole sanitaire et les mœurs de cette sinistre époque voulaient d’abord nous faire oublier la nature profonde d’un sport qui, dix secondes plus tard, entremêlerait les corps au mépris des gestes barrières. Et quoi ? Dodo la Saumure aurait-il l’idée saugrenue de prétendre que ses invités garderaient leur slip, une fois lancée la soirée ?

Remarquez, aussi, comme la suite de cet étrange préambule fut tout aussi invraisemblable : au crépuscule d’une rouste à cinquante points et sept essais, le sélectionneur italien Franco Smith lâcha sans rire : « Je ne pense pas que les Français étaient tant que ça au-dessus de nous. » Sans blague, frérot ? Parce qu’on est de notre côté persuadé que si l’auteur de cet article, pourtant piètre rugbyman, avait une grand-mère italienne, il aurait certainement sa place dans la sélection transalpine actuelle. Comme on est convaincu qu’une équipe, aussi méritante et déterminée soit-elle, s’est perdue en chemin lorsqu’elle en vient à regretter le temps où Luciano Orquera en était son meneur de jeu. On caricature, bien sûr. On exagère, à peine. Mais il semble aujourd’hui certain que la bande à Franco Smith, auteur d’une séquence à dix-neuf temps de jeu en première période, aurait pu en commettre trente de plus et pourtant achever son tricotage dans son propre en-but, repoussée qu’elle fut par une défense tricolore certes féroce, mais aussi foutrement indisciplinée…

Alors, Fabien Galthié a beau nous assurer à présent qu’« il n’y a pas de match facile » dans le Tournoi des 6 Nations, on lui répond de notre côté qu’il y en a néanmoins des plus faciles que d’autres et que celui-ci en fit évidemment partie. Lorsque la presse italienne annonce Monty Ioane, à qui le Stade français ne proposa jamais le moindre contrat espoir, comme l’étoile montante d’une sélection, on est en droit de douter des qualités intrinsèques d’une équipe qui, sans le punch du centre Juan Ignacio Brex ou de l’ouvreur Paolo Garbisi, aurait certainement terminé « fanny ». Ce n’est pas de la méchanceté gratuite, c’est juste le triste bilan d’une nation aujourd’hui larguée, une sélection figée à la quatorzième place du classement mondial derrière la Géorgie ou le Tonga, une équipe assise sur le champ de ruines que demeurent ces vingt-huit défaites consécutives dans le Tournoi des 6 Nations.

La rassurante impression d’un monstre froid

Aussi faiblarde soit cette équipe d’Italie, on serait pourtant fou de ne pas goûter à la victoire inaugurale des Tricolores en des lieux où tant d’autres de leurs prédécesseurs avaient perdu une partie de leur honneur et, pour certains d’entre eux (Jérôme Thion, Yannick Jauzion, Sébastien Chabal), tout espoir de porter à nouveau le maillot du XV de France.

On serait fou d’oublier qu’en d’autres temps, une équipe de France saluée par tous les plus grands techniciens de la planète (Steve Hansen, Michael Cheika, Robbie Deans…) comme la puissance émergente du rugby contemporain aurait probablement sombré en Italie, trahie par les bouffées d’orgueil que l’on prête aux coqs qui gagnent plus souvent qu’ils ne perdent. En tout état de cause, la bande à Galthié renvoie donc l’image, nouvelle, d’un monstre froid, d’une armée si sûre de sa force qu’elle ne connaît pour l’instant pas les trous d’air qui défigurèrent en partie le portrait flatteur que l’on avait jusque-là, à l’étranger, de la sélection tricolore.

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