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Perpignan : le redoux catalan

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    Perpignan : le redoux catalan - MICHEL CLEMENTZ
Publié le Mis à jour
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Champions d'automne de Pro D2, les Perpignanais récoltent les fruits de leur formation ert d'une gestion appropirée, au niveau de l'effectif comme des finances. Le plus dur reste à faire pour revenir en Top 14. 

Le Pro D2 ne pouvait espérer plus beau champion d’automne : samedi 9 janvier, au terme d’une nouvelle lutte de haut vol à Aix-en-Provence (34-41), Perpignan a conclu sa phase aller à la première place, forte d’un parcours remarquable. Avec douze victoires en quinze journées (54 points), la meilleure attaque (404 unités marquées) et la meilleure défense (231 points encaissés) de la division, les Catalans ont jusqu’à présent tenu leurs promesses et rappelé, au passage, à la France du rugby cette vérité historique : l’Usap est et reste un club à part.

François Rivière, le président de l’institution, se réjouit de cette belle tenue d’ensemble : « Le bilan est très positif. Ce titre de champion d’automne, s’il reste honorifique, récompense les performances sportives mais aussi l’état d’esprit de ce groupe. Il n’y a pas de quoi encore pavaner, pour autant. La place n’est pas acquise. On ne saura de toute manière qu’en fin de saison si notre but est atteint. »

Les troupes de Christian Lanta ont en tout cas hissé les actes au niveau de leurs prétentions : « Cette année, l’objectif fixé en interne est assumé. Je n’irais pas jusqu’à dire que l’on se cachait par le passé. Mais désormais, tout le monde parle de remontée sans crainte. Au niveau de la recette, tous les ingrédients sont là pour y arriver. »
 

Un budget volontaire

Les arguments paraissent effectivement solides : un collectif construit patiemment et donc plein de repères (trois arrivées enregistrées seulement à l’intersaison), des jeunes du coin pétris de talents (Jaminet, Dubois, Walcker, Roussel, Deghmache), des joueurs d’expérience (Chouly, Taumoepeau, De la Fuente, Volavola) et un encadrement bien installé. Sans se renier ni dépenser à tout-va, l’Usap s’est progressivement réinventée, au sortir d’une décennie parsemée d’épreuves, entre soucis financiers et relégations traumatisantes. « Il fallait se laisser du temps, reprend le premier dirigeant. J’estime que l’on vient réellement de digérer la première descente d’il y a six ans. La reconstruction du club a nécessité beaucoup de travail. Pour des raisons diverses et variées, il y avait beaucoup de difficultés et un contexte qui n’était pas favorable. Nous sommes revenus à une phase de sérénité sur les plans économique, financier et commercial. Cela se répercute sur le reste. »

Jeronimo de le Fuente. Le centre des Pumas, recrue phare de l'USAP.
Jeronimo de le Fuente. Le centre des Pumas, recrue phare de l'USAP. Independant - Clementz Michel

La maison sang et or a trouvé un juste équilibre et un nouvel élan pour repartir de l’avant. « Notre budget est raisonnable mais volontaire. À 11 millions, c’est le premier de Pro D2 mais il ne nous ruine pas. Il est crucial de maîtriser son destin à ce niveau. L’autre clé est de respecter son ADN. Il y a des recrues qui sont venues renforcer le groupe mais l’effectif se repose beaucoup sur les joueurs formés au club. Ce territoire, il faut le cultiver. Au-delà du talent, il nous apporte du caractère. »

Les supporters se reconnaissent volontiers à travers cette équipe à connotation catalane. Et à défaut de pouvoir se masser dans les travées d’Aimé-Giral, ils savourent à distance ce retour de flamme : « C’est un crève-cœur pour tout le monde de jouer dans un stade vide, surtout quand on sait la ferveur qui peut l’habiter. Mais, par les temps qui courent, cela fait quand même du bien à tout le monde de voir l’Usap en verve. C’est un marqueur de moral important pour les Perpignanais. »
 

« La remontée, véritable enjeu»

Si les Catalans assument jusqu’au bout leur statut et leurs ambitions, les portes de l’élite devraient à nouveau s’ouvrir à eux cet été. Deux ans après une saison aux allures de chemin de croix, avec seulement deux succès au compteur, comment l’Usap prépare-t-elle ce possible retour dans l’élite ? Au niveau de l’effectif, prime à la continuité, évidemment…

« Christian Lanta accompagné de Patrick Arlettaz va compléter le groupe par le recrutement de deux ou trois joueurs de haut niveau tout en insistant sur la formation. Les résultats sont là pour me prouver que j’ai raison de placer ma confiance en eux. »

Depuis la dernière année en Top 14, l’effectif a gagné en expérience, à l’image des Pelepele, Deghmache, Eru et autres Bachelier ; le nouveau chef d’orchestre Patricio Fernandez, s’il parvient à éviter les blessures, peut former avec Jeronimo de La Fuente un axe fort ; et les jeunes d’aujourd’hui, les Jaminet et Roussel en tête, paraissent assez armés pour franchir le cap. Mais la vérité du terrain reste, par nature, imprévisible. En attendant de connaître le destin sportif des siens, le président s’active pour permettre à son club de franchir un palier sur d’autres plans : « La remontée en Top 14 serait un véritable enjeu. Il y a deux ans, nous n’avions pas su mobiliser le territoire derrière le club. »
 

Le plan « Aimé-giral »

Pour devenir encore plus attractif, le président et ses collaborateurs planchent sur des projets d’envergure afin d’être à la hauteur de cette éventualité : « Le chantier numéro 1 porte sur la modernisation et la transformation d’Aimé-Giral. Avec 15 000 personnes, sa capacité est suffisante mais l’enceinte a pris beaucoup de retard sur la qualité du réceptif et d’accueil. La ville en est consciente, les collectivités aussi. Il y a un grand plan de modernisation, entamé depuis deux ans mais il convient de passer la vitesse supérieure. Pour l’heure, il y a moins de 1 000 places pour les partenaires, il en faudrait 2 000. En parallèle, je mène une politique commerciale très soutenue. »

La formation, les bonnes idées et le travail de fond peuvent payer. Mais l’argent reste un nerf de la guerre incontournable sur la durée : « L’an prochain, si nous sommes en Top 14, nous devrions avoir un budget autour de 14 à 15 millions. Il faudrait monter à 20 millions dans les deux ans pour se maintenir. »

Si la période actuelle laisse planer plus d’une incertitude, les Sang et Or n’en restent donc pas moins ambitieux pour la suite. Sempre endavant, comme ils disent. « À court terme, on devrait pouvoir s’en sortir, avec les aides du gouvernement, à condition que les partenaires et supporters acceptent de nous faire confiance en ne demandant pas un remboursement. À plus long terme, il faudra voir l’impact de la pandémie sur les habitudes des gens : vont-ils revenir au stade comme avant ? La question mérite d’être posée. Mais je suis relativement confiant car je sais que l’Usap occupe une place à part dans le cœur des gens d’ici. »

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