La menace fantôme

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Publié le Mis à jour
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L'édito du vendredi par Léo Faure... C’est une bulle qui vient d’éclater. Pas seulement celle, sanitaire, qui entoure les Bleus, devait les protéger de tout, contre tout et préserver la tenue sans heurt d’un Tournoi des 6 Nations longtemps soumis aux doutes. Le protocole était strict. Il le fallait, pour convaincre les ministères de son sérieux. Une fois validé, les Bleus pouvaient alors exporter leurs talents outre-Manche. Pas la moindre des choses, à une époque où l’emploi de la locution « variant anglais » est devenu d’une banalité confondante.

Cette bulle-là a donc vécu. Et rompu, en début de semaine, quand tour à tour trois membres du staff du XV de France ont été testés positifs à la Covid-19. Le groupe France est contaminé par sa tête. À qui la faute ? Trop tôt pour le dire et pas sûr qu’on puisse, un jour, identifier celui par qui le château de cartes s’est effondré.

Face à la Covid-19, le « risque 0 » en contamination n’a jamais existé et l’enquête en « patient 0 » importe finalement peu. La quête d’un coupable malgré lui ne changerait rien à l’affaire et ne ferait que jeter l’opprobre sur un bien malheureux, jamais mal intentionné et soudain stigmatisé pour tous les mots du rugby français. Inutile.

Ce qui nous gêne ici nettement plus, c’est que la bulle affective a explosé en même temps que celle du sanitaire.

Voilà plusieurs mois que la pandémie s’est gravée dans nos quotidiens, qu’elle rase tous les plaisirs sociaux sur son passage et tue l’idée même de divertissement. Il ne reste plus rien de ce qui brisait la chaîne infernale de l’ennui.

Dans cette monotonie meurtrière des émotions, le Tournoi était une bulle, justement. Une pastille de joie posée sur de trop longs week-ends ; un flocon de « vie d’avant » qui venait nous happer, chaque semaine, faisant oublier le reste pour quelques heures seulement.

À goûter ce plaisir sans honte, à se repaître d’une étincelle de Teddy Thomas, d’une course intérieure de Dupont ou d’une épaule de Willemse directement au sternum de l’adversaire, on en aurait oublié à quel point tout ceci était fragile. Les Bleus gagnaient, plaisaient mais la menace fantôme les a rattrapés, en début de semaine. Et nous avec.

La Covid-19 n’épargne rien, pas même le Tournoi. Et c’est désormais dans le stress de l’époque que les amateurs de rugby attendront les résultats des tests administrés aux joueurs, ce vendredi. La bulle est morte. Vive la bulle.

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