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Vannes : les aventures de l’espiègle « Pop »

Par Romain ASSELIN
  • Les aventures  de l’espiègle "Pop"
    Les aventures de l’espiègle "Pop"
Publié le Mis à jour
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S’il fait aujourd’hui le bonheur du club breton, Pierre Popelin (ouvreur ou arrière de Vannes), remarquable leader de Pro D2, le Rochelais d’adoption n’a pas toujours eu le vent en poupe par le passé. Bientôt de retour dans son club formateur, désormais aguerri au niveau professionnel, Pierre Popelin, 25 ans, fait en tout cas l’unanimité autour de sa personnalité. Partout où il passe.

Pierre Popelin ou l’archétype même du boute-en-train. À écouter son entourage, c’est l’histoire d’un garçon "fou-fou". Et pas qu’un peu. Le joueur comme l’homme, avant tout. "Pierre, c’est la joie de vivre incarnée ! Il est très drôle dans sa connerie. Il aime beaucoup faire rigoler les autres", partage Eliott Roudil, ancien compagnon du centre de formation du Stade rochelais où le jeune Popelin pose ses valises en 2013, à sa sortie du lycée.

"Déjà, gamin, Pierre ne faisait que déconner, abonde un autre de ses meilleurs potes. Un jour, à La Rochelle, il devait avoir une heure à tuer, il s’est lancé dans la confection de vidéos où il a repris différents personnages avec des voix bizarres, pour raconter des saucisses. Il a envoyé ça à tout le monde. On en rigole encore énormément. Je pense qu’il est content que ça ne soit pas publié sur internet et que ça reste privé (rires). On le charrie avec ça." L’anecdote est signée Albain Meron, actuel capitaine de Tarbes. Les deux hommes sont liés comme les doigts de la main, depuis que leur chemin s’est croisé à l’école de rugby de l’US Tours. Pierre, biberonné au rugby, avait 6 ans. Il sortait du baby-judo. "Mon père était rugbyman. Je ne l’ai pas connu joueur mais on allait au stade tous les dimanches. En poussette, j’y étais déjà ! À l’école, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, j’écrivais rugbyman professionnel." Il y est parvenu, non sans quelques embûches.

Le sang fidjien de Popelin

Avant de briller sous le maillot du RCV, où il évolue depuis 2018, "Pop" en a essuyé, des plâtres : recalé du Pôle Espoirs tourangeau car jugé trop gringalet, convoqué une seule fois avec l’équipe première du Stade rochelais, puis remercié par le nouvel encadrement de l’équipe de France à VII à l’issue d’un premier contrat fédéral.

On lui oppose notamment des lacunes défensives "trop difficilement rattrapables", prend-il soin de préciser lui-même. Le côté "fou-fou" que Pierre cultive aussi sur le pré semble lui jouer des tours. "Plus jeune, il aimait peut-être un peu trop le jeu, analyse Eliott Roudil, aujourd’hui centre ou ailier de la Section paloise. Il aimait beaucoup relancer depuis son camp. Moi j’adorais ça, mais ça faisait sûrement peur aux coachs." Pas à Frédéric Pomarel, alors sélectionneur de France 7 pour encore quelques mois. Nous sommes en 2017. Le "coup de cœur" est foudroyant. "Je cherchais un malin, un coquin. Je m’assimilais à un directeur de centre ambulant qui faisait le tour du monde, et j’avais besoin de saltimbanques. Pierre avait cet esprit-là, il m’a de suite beaucoup plu, se souvient l’ancien demi de mêlée. Pas de supers pouvoirs mais le petit plus, c’était son côté espiègle que l’on trouve chez les Fidjiens. Tout est jeu. Ils s’amusent d’un rien, ils ont cette capacité à prendre la vie du bon côté. Ce sont des enfants, un peu. Pierre avait leur espièglerie, c’est vraiment le mot que je retiens. C’est très rare pour un joueur français. Je l’ai vu, dans des tournois gigot-haricots, jouer en caleçon à fleurs et ça ne l’empêchait pas d’être très sérieux, de tout donner sur le terrain. Il est capable d’allier les deux. Les joueurs qui savent faire ça montrent qu’ils sont bien dans leurs baskets."

Le Seven, un tremplin

Du quotidien au terrain, il n’y a finalement qu’un pas. "Je vois le rugby comme une partie de plaisir, appuie Pierre Popelin. Je joue à un jeu avant tout. Pas de stress. C’est ce qui me permet de prendre parfois des risques que l’on pourrait qualifier d’insensés. C’est ma philosophie de vie." Des risques, il en prend aussi dans la gestion de sa carrière. Préférant refuser une proposition de Carcassonne pour signer un CDD d’un an, finalement non reconduit, avec la fédération. Si son ex-mentor à VII y voit un choix "intelligent, qui lui a fait reprendre les clés de son destin et la confiance", Sébastien Boboul, son entraîneur en espoirs à La Rochelle, "disait que j’étais un abruti (rires), que ce n’était pas du tout le bon choix, complète le premier concerné. Mais je ne le regrette pas du tout. Le VII m’a fait évoluer, m’a enrichi en tant qu’homme et rugbyman. Tu es obligé d’avoir un bagage hyperimportant. C’est forcément bénéfique quand tu retournes à XV." La suite lui donnera raison. Vannes lui tend la main. Le manager Jean-Noël Spitzer le pistait d’ailleurs depuis ses années espoirs.

Si "Pop" arrive sur la pointe des pieds dans le Morbihan, où il se retrouve en concurrence à l’arrière avec un certain Anthony Bouthier en plein boom, la mayonnaise prend. Son jeu arrive à maturité, il glisse progressivement à l’ouverture, son premier poste de formation. "Pierre mérite ce qui lui arrive, observe fièrement Albain Meron. Quand il sort de l’équipe de France à VII, je ne sais pas si beaucoup de monde aurait prédit sa signature à La Rochelle trois ans plus tard. Le meilleur reste à venir !" Extrêmement reconnaissant envers le staff du RCV, actuel leader de Pro D2, Pierre Popelin, libéré de sa dernière année de contrat, promet de s’y filer. Jusqu’au bout du bout : "J’ai de grosses responsabilités pour leur rendre ce qu’ils m’ont donné. J’ai pu me construire, ici. Il me reste une fin de saison à accomplir pour pouvoir être légitime en partant. Si je peux revenir encore l’année prochaine à la Rabine, sous d’autres couleurs, ce sera l’apothéose."

Digest

  • Né le : 23 juin 1995 à Tours (Indre-et-Loire)
  • Mensurations : 1,81 m, 86 kg
  • Surnom : Pop
  • Poste : Demi d’ouverture ou arrière
  • Clubs successifs : Tours, La Rochelle (2013-2018), Vannes (2018-2021), La Rochelle (2021-)
  • Sélections nationales : 49 matches avec France 7 (2017-2018)
  • Palmarès : demi-finaliste de Pro D2 (2019)

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