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A fond, les Bleus n'ont plus le temps de calculer

  • Lors du dernier test-match à l’automne, les Bleus d’Antoine Dupont, Camille Chat et Jean-Baptiste Gros avaient largement battu les Gallois. Il faudra rééditer pareille performance pour se donner une chance de remporter le Tournoi dans une semaine contre l’écosse. Photo Icon Sport
    Lors du dernier test-match à l’automne, les Bleus d’Antoine Dupont, Camille Chat et Jean-Baptiste Gros avaient largement battu les Gallois. Il faudra rééditer pareille performance pour se donner une chance de remporter le Tournoi dans une semaine contre l’écosse. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
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Battus en Angleterre il y a une semaine, les Bleus restent en course pour une victoire finale, dans le Tournoi. Il faudra battre le pays de Galles, ce samedi au Stade de France (21 heures). Mais aussi soigner la manière. Il sera temps, ensuite, de se préoccuper de la comptabilité.

Faites chauffer les méninges : il faudrait gagner avec bonus, sans laisser de bonus aux Gallois, à moins de tabler sur un bonus contre l’Écosse. Du coup, 5+5 faisant 10 auxquels on ajoute les 10 points déjà en bourse, cela ferait 20 points au capital des Bleus. Un total que les Gallois pourraient égaler en cas de bonus. Il faudrait alors voir ce qui se trame du côté du goal-average, que les Gallois dominent pour l’instant de 29 points mais que deux victoires bonifiées pourraient possiblement permettre aux Bleus de compenser.

Quelqu’un a suivi ? Pas grave. On s’en fout. Plus simple : il faut gagner, et le plus largement possible. C’est tout ce qu’on retiendra des enjeux de ce match. Et les Bleus feraient aussi bien de se contenter de ce raisonnement un rien minimaliste pour s’éviter la surchauffe. À moins que ne vienne subitement l’idée à Galthié de titulariser Cédric Villani à la mêlée, broche araignée au col, brushing à la Morticia Addams et médaille Fields de matheux en bandoulière.

Les enjeux sont donc posés là, dans une approche nettement plus comestible. « On nous a présenté les scénarios. Nous n’avons pas une grande marge de manœuvre » résumait à son tour le pilier Cyril Baille. Et donc ? « L’essentiel sera de ne pas calculer. » Merci bien. « Ce serait la meilleure façon de faire un mauvais match. On veut tout donner sur le terrain et on calculera plus tard. »
 

Galthié en grand gourou

Pourtant, la réception des Gallois ce samedi au Stade de France s’inscrit bel et bien dans une réflexion plus globale. Il n’est pas seulement question de gagner un match, de rebondir après l’échec anglais et de relancer une machine à peine enraillée. Il faut gagner pour gagner. Gagner un match pour espérer gagner le Tournoi. Ce n’est pas ni une envie vaine, ni un prestige à deux roubles : le XV de France souffre trop de ces défaites encourageantes, de ces « presque victoire » où le trophée qu’on croit mériter échoit dans les mains d’un autre. L’heure a sonné : il est temps de rendre à notre bleu ses attributs de roi.
C’est le message qu’a donc répété Fabien Galthié à ses hommes, dès les vestiaires de Twickenham, immédiatement la défaite actée en territoire anglais. Façon gourou, en martelant le paradigme et en frappant du poing droit dans sa paume de main gauche. Répétez après lui : « On peut battre les Gallois… On peut encore gagner le Tournoi… On peut battre les Gallois… On peut encore gagner le Tournoi… » Le sélectionneur en est convaincu et ses joueurs devraient l’être tout autant. En tout cas, ici, on l’affirme sans mal : cette équipe de France, certes perfectible et encore en processus de maturation, est meilleure que le pays de Galles. Elle l’est nettement, même.

Voilà une vérité qu’il ne faut pourtant pas dire, dans les semaines qui précèdent un match. Les joueurs du XV de France, ces derniers jours, nous ont donc servi un exercice de communication sans relief. Sans surprise non plus. « Le pays de Galles est une équipe très difficile à manœuvrer, qui joue très bien son rugby et qui fait un excellent Tournoi puisqu’elle a gagné ses quatre matchs » promet Cyril Baille. Dulin prolonge au pied : « Les Gallois sont montés en puissance au fil du Tournoi. Et ils arrivent avec le plein de confiance pour remporter le grand chelem. Ça va être un défi énorme pour nous. » D’accord pour la com’. Personne ne pourra reprocher aux Bleus de l’avoir jouée arrogante, ni d’avoir nourri l’orgueil gallois dans l’avant-match. La vérité est pourtant plus simple, manichéenne : si elle joue à son meilleur niveau, cette équipe de France battra le pays de Galles, samedi. Question de talents, dans tous les secteurs ou presque.
 

Le péril de l’expérience

Les paramètres qui entretiennent le suspense autour de cette rencontre se quantifient plutôt en âge et en sélections : la semaine dernière à Rome, Wayne Pivac alignait sous le maillot rouge le XV de départ le plus capé de l’histoire du rugby international. 979 sélections cumulées, comprenez 65 en moyenne et par joueur. C’est là le principal fonds de commerce de cette équipe galloise, sa robustesse à toute épreuve et son hermétisme aux choses de la pression. À titre de comparaison, le joueur le plus capé du XV de France actuel, Gaël Fickou, n’atteint même pas cette moyenne (61).

Ce constat chiffré impose donc une méfiance. Tout de même. Celle de l’expérience et de la capacité à gérer les grands événements, en même temps que les fins de match à tension. Un match pour un grand chelem est nécessairement un grand événement et les Gallois vendront cher leur peau, à Paris. L’objectif ? Emporter les Bleus dans un bras de fer au long cours, où tout se déciderait dans un ultime coup de dé. Un scénario a priori en leur faveur : il en faudrait plus pour émouvoir Alun Wyn Jones, Jonathan Davies et la bande.

Le péril français se situe ici. Exactement au même endroit qu’à Twickenham : ils ont dominé tant qu’il n’était pas question de gestion, lorsque les 110 sélections de Ben Youngs ont soudain imposé le respect à toute la fougue de la paire Dupont-Jalibert.
Tant qu’ils évoluent sans trop se creuser la cervelle, les Bleus ont de quoi dérouler un rugby superbe et qui leur ressemble, où Vakatawa n’a aucun équivalent sur la planète, où la charnière donne pleine mesure de ses talents et les Français semblent irrésistibles. Si le scénario venait à se tendre, toutefois, les Bleus seraient alors sous la menace d’une fin de match qu’ils maîtrisent encore mal, que les Gallois récitent par cœur et qu’il vaudrait mieux avoir la bonne idée d’éviter. C’est écrit.

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