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Ntamack, fidèle au rendez-vous

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Publié le Mis à jour
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Avant le début du Tournoi, l’ouvreur toulousain, victime d’une double fracture de la mâchoire fin décembre, s’était fixé comme objectif de retrouver les Bleus pour terminer la compétition. D’abord remplaçant face à la montée en puissance de Jalibert, il profite de sa blessure pour relever un défi de taille ce vendredi.

Voir Romain Ntamack guider le jeu des Bleus lors du match décisif pour le gain du Tournoi des 6 Nations 2021 était à peine une hypothèse il y a un mois et demi. Ou alors un fantasme pour les défenseurs du Toulousain. Sauf pour le principal intéressé, lequel déclarait dans ces colonnes début février, avant le début de cette édition : "Je pourrais peut-être revenir pour la fin de la compétition mais ça ne dépend pas que de moi." Relancé sur le sujet, il avait poursuivi : "C’est ce que j’ai en tête. […] Je ne l’écarte pas. La décision me dépasse aujourd’hui mais je le garde dans un coin de la tête." Chez beaucoup, ces mots auraient résonné comme un banal refrain mais, dans la bouche de Ntamack, ils ont pris un tout autre sens.

Du haut de ses 21 ans, mais fort de son aplomb et de son assurance, le garçon sait ce qu’il dit et ce qu’il fait. S’il a annoncé qu’il se fixait comme ambition de retrouver rapidement le XV de France, c’est non seulement qu’il s’en sentait capable mais également que l’éventualité était réelle. Imaginez pourtant que, quelques jours avant ces propos, le champion du monde moins de 20 ans (en 2018) mangeait encore de la soupe à la paille et avait un mal de chien quand il… Bâillait. Victime d’une double fracture de la mâchoire fin décembre contre l’UBB, une blessure avec laquelle il est néanmoins resté 45 minutes sur le terrain en — pardonnez l’expression — serrant les dents, le joueur était logiquement passé par la case opération puis rééducation. Ce qui l’avait contraint à renoncer au début du Tournoi. Forcément, et comme il ne le cachait pas dans l’entretien qu’il nous avait accordé, il était demeuré en contact avec le staff des Bleus, "notamment avec Laurent Labit. Les choses sont bien coordonnées entre la sélection, le club et moi." Voilà qui pouvait accréditer la théorie d’un retour express à Marcoussis. Il faut dire qu’installé au poste d’ouvreur en sélection depuis la fin du Tournoi 2019, sous l’ère Brunel, Ntamack était le chef d’orchestre choisi par Fabien Galthié pour entamer son mandat, lui qui l’avait aussi vu à l’œuvre lors de la Coupe du monde au Japon. Mais, depuis son forfait, plusieurs facteurs sont entrés en ligne de compte pour fragiliser sa présence future dans le XV de départ français durant ce mois de mars.

D’abord, il fut question de son état de forme, condition indispensable pour revoir le CNR. Le Toulousain a de nouveau foulé les pelouses du Top 14 le 6 mars contre Brive. Titularisé en numéro 10, il a rendu une partition mitigée. Rassurante sur la capacité à résister aux chocs mais pas totalement accomplie sur le rythme et les repères collectifs. Normal après une telle absence. N’empêche, Fabien Galthié n’a pas hésité à le rappeler dans la foulée pour préparer le déplacement en Angleterre.

Yoann Huget : "Il sait être dans sa bulle et avancer"

Sauf qu’entre-temps, Matthieu Jalibert avait fait bien plus qu’assurer l’intérim. Déjà à son avantage sur la fin de la Coupe d’automne des Nations, le Bordelais fut excellent en Italie et en Irlande, s’imposant comme un autre vrai maître à jouer des Bleus. Ntamack n’ayant pas pleinement convaincu, le Bordelais a donc logiquement été reconduit à Twickenham — où "NTK" n’est pas entré — et face aux Gallois.

Pas de quoi affoler pour autant son concurrent, même si l’émulation entre les deux hommes n’a jamais semblé aussi grande. Sûr de son destin, il savait qu’il aurait un rôle à tenir à un moment ou à un autre. Celui-ci est finalement arrivé plus tôt que prévu dans l’esprit du staff. "L’équipe de France a besoin de lui", certifiait son coéquipier Yoann Huget deux semaines auparavant. Les faits lui ont donné raison puisque Romain Ntamack a dû remplacer Matthieu Jalibert au pied levé à la 30e minute, victime d’une commotion. Certes, le Stadiste n’a certainement pas signé son meilleur match international mais, fidèle à ses habitudes, il a en tout cas assuré à la manœuvre. Surtout, sa lucidité et sa justesse se sont avérées extrêmement précieuses dans les dernières minutes pour coordonner sobrement la symphonie. Et sa transformation en coin à la 77e minute, tapée dans un temps record, a peut-être fait la différence à l’arrivée. Du Romain Ntamack dans le texte… Lui que pas grand-chose n’atteint ou ne déstabilise. La situation récente, autant que la montée en puissance de Jalibert qui promet un ménage à deux pour l’avenir, aurait pu lui mettre une pression néfaste sur les épaules. Pas le genre de la maison. "C’est Romain, souriait Huget au moment d’évoquer son flegme il y a peu. Il fait des erreurs mais il reste quand même toujours impliqué dans son match. […] C’est un professionnel accompli malgré son jeune âge. Quoi qu’il arrive, il sait être dans sa bulle et avancer."

Les dernières semaines l’ont encore prouvé. Il avait déclaré son intention de porter ce maillot bleu pour finir le Tournoi. Première mission réussie. "Il s’est entraîné dur avec cet objectif en tête, ajoutait Huget. Il ne l’a pas caché, il l’a même clamé haut et fort. Cela prouve son caractère et ses ambitions. Je n’ai aucun doute, si on fait appel à lui, qu’il répondra présent." Une autre chose est certaine : Jalibert à son tour forfait, Ntamack ne se contentera pas de répondre aux attentes fixées, comme depuis le début de sa carrière. Il ne le cache pas non plus : son intention est de gagner des titres avec les Bleus. Cela pourrait commencer ce vendredi, avec le vent et le 10 dans le dos.

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